Cette espèce croît dans les marais, les bois et les endroits sablonneux humides dans une très grande partie de l'étendue de notre Flore. Elle mesure de 40 cm à 1 mètre 20 de hauteur, parfois même davantage.
Les tiges d'une seule sorte se montrent d'un vert glauque, robustes, un peu renflées entre les gaines, munies de 15 à 30 sillons séparés par des côtes presque plates et très rudes que parcourt un très léger sillon plus accentué sur toute la longueur des gaines. Ces tiges, à large cavité centrale, ont des gaines resserrées, étroitement appliquées contre elles, courtes, à peine plus longues que larges, parfois entièrement noires, mais ordinairement blanchâtres au milieu et cerclées de noir à la base et au bord supérieur qui est simplement crénelé du fait de la chute précoce des 15 à 30 petites dents noires et membraneuses. L'épi, qui sort de la gaine supérieure, est ovoïde, surmonté d'une petite pointe conique, long de 1 à 1,5 cm. Les sporanges se développent depuis le mois de mars jusqu'au mois de juin.
C'est une plante vivace à tige souterraine rampante, à tiges dressées, sans rameaux ou parfois un peu rameuse seulement à la base, persistant pendant l'hiver. (On a observé des tiges ramifiées latéralement ; des tiges tordues sur elles-mêmes ; des épis à écailles sans sporanges).
Noms vulgaires. En français : Prêle-des-tourneurs, Prêle-des-ébénistes, Prêle-à-polir, Jonc-hollandais, Queue-de-cheval. En anglais : Rough-Horse-tail, Dutch-Rushes, Winter-Horse-tail, Shave-grass. En allemand : Winterschachtelhalm, Schafstroh, Polierkannenkraut, Schabekraut, Grosser-Rossschwanz. En flamand : Schaafstroo, Ruwe-Paardestaart, Schrijnwerkersbiezen, Winterig-Paardestaart.
Usages et propriétés. La plante a été utilisée pour polir le bois, l'ivoire, les cuivres. Les cendres contiennent près de 50 pour cent de silice.
Distribution. S'élève dans les montagnes jusque dans la zone alpine. France : assez rare ou rare dans le Centre et le Plateau-Central ; assez commun ou assez rare dans le Sud-Est ; disséminé et rare ou très rare ailleurs, mais manque en Bretagne et dans la Région méditerranéenne littorale. Suisse : çà et là, mais manque dans les cantons d'Uri, Schwitz et Unter-walden. Belgique : rare ou très rare.
Europe : presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Asie ; Amérique du Nord.
On a décrit 1 sous-espèce et 4 variétés de cette espèce. Ce sont les suivantes :
Variété occidentale Rouy (de l'Ouest).
Tiges plus minces, à entrenœuds plus longs, à peine renflés ou non-renflés, à gaines un peu plus longues. (Centre et Ouest de la France).
Variété ramigerum Rouy (à rameaux).
Tiges portant des rameaux. (Rare).
Variété capillare Rouy (capillaire).
Tiges très rameuses à rameaux longs et filiformes. (Très rare).
E. trachyodon A. Br. (P. à dents rudes).
Tiges grêles, simples ou un peu rameuses à la base, couchées dans le bas, puis redressées ou entièrement dressées, non-renflées entre les gaines, montrant 8 à 16 côtes parcourues par un sillon très marqué, qui se prolonge sur les gaines et les dents ; gaines enserrant bien moins étroitement la tige, mais non-élargies vers le haut, terminées par 8 à 16 dents brunes, effilées, rudes et persistantes, souvent réunies plusieurs ensemble. (Alsace, sur les bords du Rhin; Alpes aux environs de Chamonix et de Ribiers).
Variété viride Rouy (verte).
Tiges très grêles ; gaines à dents persistantes (celles des gaines inférieures peuvent tomber), dépourvues de sillon longitudinal. (Ouest de la France).