Cette plante de 60 cm à 2 mètres de hauteur est cultivée en grand dans notre Flore, surtout dans les terres pauvres et dans les contrées montagneuses, où elle épanouit ses fleurs vertes pendant les mois de mai et de juin.
Les feuilles d'un vert légèrement glauque sont molles, plates, aiguës, plus ou moins rudes en dessus comme en dessous, sans poils ainsi que les gaines que surmonte une courte languette comme coupée en travers. L'épi est un peu aplati, allongé, compact, d'abord dressé, puis penché à la maturité, formé d'épillets solitaires aplatis et appliqués contre l'axe qui est poilu. Les épillets contiennent 2 fleurs stamino-pistillées et un rudiment de fleur. Les glumelles sont égales et la glumelle inférieure est plus large d'un côté que de l'autre, munie de cils raides sur la carène et le bord externe, souvent aussi dans le haut du bord interne et prolongée par une arête longue et rude. Les glumes étroites et effilées, en carène sur le milieu du dos, ont environ la moitié de la longueur des glumelles (non compris les arêtes).
C'est une plante annuelle à tiges creuses, dressées. (On a observé de nombreuses anomalies de cette espèce : tige se continuant à partir du nœud supérieur par 2 longs axes soudés terminés par un double épi ; tiges portant sous l'épi terminal un ou plusieurs épis latéraux ; épi présentant vers le tiers inférieur une pousse feuillée latérale ; axe de l'épi prolongé par une pousse feuillée ; épis fourchus ou trifurqués ; épis ramifiés, soit que des épis remplacent les épillets, soit que des épis se soient développés à côté de certains épillets ; épi dans lequel les épillets étaient groupés par 2 ou par 3 sur les dents de l'axe ; épillets contenant 3 à 5 fleurs ; épillets dans lesquels de petites pousses feuillées remplaçaient les fleurs).
Noms vulgaires. En français : Seigle, Seigle-commun. En anglais : Rye, Common-Rye. En allemand : Roggen, Saat-roggen. En flamand : Rogge, Koorn. En italien : Segale.
Usages et propriétés. Le Seigle est, après le Blé, la céréale la plus importante. On cultive des variétés d'hiver et des variétés de printemps. Parmi les premières, on peut citer le « Seigle commun d'hiver », le « Seigle grand de Russie », le « Seigle des Alpes », parmi les autres, le « Seigle de mars » ou « Trémois » et le « Seigle d'été de Saxe ». La plante est cultivée pour son grain et sa paille. La farine de Seigle sert à faire du pain qui est gris et compact, mais très rafraîchissant, et qui est encore consommé couramment en diverses contrées comme les Vosges, le Plateau-Central, les Alpes, les Pyrénées etc. Dans la fabrication du pain elle est souvent utilisée en mélange avec la farine de froment. Le pain d'épice est préparé avec de la farine de Seigle et du miel. Le son et le grain sont utilisés pour l'alimentation des animaux. La distillerie retire du grain de l'alcool : c'est l'« eau-de-vie de grains » connue encore sous le nom de « Genièvre » dans le Nord de la France et en Belgique. Les résidus de la distillation sont employés pour nourrir le bétail. La paille, belle et résistante, sert à la fabrication de liens, de paillassons, de chapeaux de paille. Elle sert encore à l'empaillage des chaises, au palissage des arbres fruitiers, à l'accolage des sarments de la vigne, à la confection de ruches primitives. On en couvrait autrefois les bâtiments dans les campagnes, mais on ne l'y utilise plus guère aujourd'hui que pour la couverture des meules. Cette paille est aussi employée pour faire la litière des animaux et comme fourrage, mais celui-ci a l'inconvénient d'être dur ; c'est surtout sous la forme de « fourrage vert » fauché avant la formation des épis qu'il est donné aux bestiaux. On trouve dans le grain en moyenne pour cent : 16,6 d'eau ; 9 de substances azotées ; 70,5 d'hydrates de carbone ; 2 de matières grasses ; 1,7 de cendres.
Distribution. Préfère les terrains siliceux ; s'élève jusqu'à 1.700 mètres d'altitude dans les Alpes. France, Suisse et Belgique : cultivé, parfois subspontané.