Cette plante croît dans les bois, les prairies et les pâturages de notre Flore où elle est le plus souvent commune. Elle peut avoir de 10 à 40 cm de hauteur et montre ses fleurs pourprées, lilas, roses ou blanches, depuis le mois d'avril jusqu'au mois de juin.
Les feuilles inférieures sont plus ou moins étalées, assez étroites, oblongues, les autres enserrent étroitement et longuement la tige jusque sous l'inflorescence. Les fleurs, réunies en un épi assez court et assez lâche, ont des bractées membraneuses et pourprées environ de la longueur de l'ovaire, les supérieures à une nervure, les inférieures à 3 nervures. Les sépales sont rapprochés en un casque ovoïde-arrondi un peu plus court que le labelle qui est plus large que long, à 3 lobes ; les 2 lobes latéraux sont larges, arrondis et crénelés au bord, recourbés en dessous, peu profondément séparés du lobe du milieu ponctué de rouge, un peu plus petit, sans crénelures, mais échancré au sommet. L'éperon, très faiblement arqué, gros et presque cylindrique, comme coupé en travers au sommet, est dirigé horizontalement, un peu plus long que le labelle et un peu plus court que l'ovaire.
C'est une plante vivace, à 2 tubercules arrondis, qui se perpétue comme l'espèce Orchis militaris. (On a décrit diverses anomalies : fleurs doubles ; fleurs présentant plusieurs étamines développées, une de ces fleurs étant dépourvue des pétales supérieurs ; grande fleur à 2 colonnes stamino-stylaires ; graine provenant de 2 ovules soudés).
Noms vulgaires. En français : Morion, Folle-femelle. En anglais : Buffoon-Orchis, Salep-Orchis, Parson's-nose, Gander-goose, Cuchoo. En allemand : Triften-Knabenkraut, Kuckucksblu-me, Ragwurs, Salepwurzel. En flamand : Harlekijnsstandelkruid, Zotswijfje, Koekkoeksbloem. En italien : Zonzelle, Giglio-caprino.
Usages et propriétés. Les tubercules renferment de l'amidon, des mucilages, des matières albuminoïdes et des sucres.
Distribution. Peut s'élever à une altitude assez importante dans les montagnes. France : commun en général, sauf dans la Région méditerranéenne où il est assez rare ou rare. Suisse : commun. Belgique : assez rare ou rare dans la zone maritime et les Régions campinienne et hesbayenne ; assez commun ou commun ailleurs.
Europe : toute l'Europe excepté les contrées arctiques. Hors d'Europe : Nord et Ouest de l'Asie.
On a décrit 2 variétés, 1 race et 2 sous-espèces de cette espèce. On a aussi décrit des hybrides entre cette espèce et les espèces ou sous-espèces Orchis purpurea, Orchis coriophora, Orchis laxiflora, Orchis palustris, Orchis picta, Orchis mascula, Orchis maculata, Orchis latifolia, Orchis incarnata et Orchis sambucina. Les 2 sous-espèces et la race sont les suivantes :
O. picta Lois. (O. peint)
Feuilles munies d'une très petite pointe au sommet ; fleurs moins nombreuses et presque de moitié plus petites que celles de l'espèce, en épi lâche ; éperon renflé en massue, comme coupé en travers au sommet et mesurant 1 fois et demie à 2 fois la longueur du labelle et presque la longueur de l'ovaire. (Région méditerranéenne. Suisse : cantons de Vaud et du Tessin).
O. champagneuxi Barnéoud (de Champagneux).
Labelle plié au milieu et en long, à lobe du milieu plus court que les autres qui sont à peine ou non crénelés ; éperon échancré à l'extrémité ; tige grêle portant à la base plusieurs tubercules dont certains sont munis de pédoncules ; plante formant souvent des touffes. (Région méditerranéenne dans l'Aude, le Var et les Alpes-Maritimes).
O. longicornu Poir. (O. à longue corne)
Fleurs en épi lâche, à bractées plus courtes que l'ovaire ; labelle à lobe du milieu blanc avec des ponctuations pourpres, très petit, les lobes latéraux plus grands et d'un violet très foncé ; éperon gros et un peu aplati, courbé vers le haut, presque aussi long que l'ovaire et mesurant 2 fois et demie à 3 fois la longueur du labelle. (Très rare dans le Var, à Bandol et dans les Alpes-Maritimes, aux environs de Nice).