Cette plante croît dans les prairies et les pâturages de presque toutes les contrées montagneuses de notre Flore. Elle peut avoir de 8 à 20 cm. de hauteur et sa fleur (la plante a rarement 2 fleurs), blanche, violette ou panachée de blanc et de violet, apparaît en même temps que les feuilles, en mars ou en avril.
Les feuilles, au nombre de 2 à 4, très souvent de 3, sont enroulées par les bords. La fleur sort d'une bractée membraneuse engainante entourée avec les feuilles dans la partie inférieure par des gaines de plus en plus courtes. La gorge de la fleur et les filets des étamines sont très finement poilus. Les anthères dépassent ordinairement les stigmates qui sont orangés, dentelés au sommet et plus courts que les sépales et les pétales.
C'est une espèce vivace, à petit bulbe solide muni de tuniques enveloppantes à fibres entrecroisées. La plante se perpétue de la manière suivante. Avant d'entrer en végétation, le bulbe présente au sommet, à côté des traces de la hampe florifère, un gros bourgeon qui évolue au printemps en une tige extrêmement courte portant des feuilles réduites à des gaines, de véritables feuilles et une, parfois 2 fleurs terminales. Pendant tout ce
développement, la partie inférieure de la tige se renfle en un bulbe de remplacement qui se superpose à l'ancien, lequel se résorbe peu à peu ; et c'est le bourgeon situé à l'aisselle de la feuille supérieure, toujours plus gros que les autres, qui donnera l'année suivante des feuilles et des fleurs. Les bourgeons nés à l'aisselle des autres feuilles forment de très petits bulbes, et ceux-ci, se trouvant séparés par la destruction du gros bulbe qui les porte, multiplient la plante. (On a décrit diverses anomalies de cette espèce : fleurs construites sur le type 4 ou le type 5 ; fleurs irrégulières ; fleurs à étamines transformées en pétales ; fleurs présentant 1 étamine opposée à l'un des pétales en plus des 3 étamines normales opposées aux sépales ; fleur dans laquelle les stigmates étaient seuls bien développés, tandis que le calice, la corolle et les étamines étaient atrophiés).
Noms vulgaires. En français : Safran-des-fleuristes, Safran-bâtard. En anglais : Spring-Crocus. Eu allemand : Wilder-Safran, Frühlingssafran, Frühlingszeitlose, Bischofscrocus. En flamand : Krookjes, Voorjaarssaffraan. Eu italien : Zafferano-salvatico, Zafferano-primaticcio.
Usages et propriétés. Cultivé, ainsi que ses nombreuses variétés horticoles, comme plante ornementale.
Distribution. S'élève jusqu'à 2.400 mètres d'altitude dans les Alpes et les Pyrénées. France : assez commun en général dans le Jura, les Alpes, le Plateau-Central, les Pyrénées ; très rare et naturalisé dans l'Ouest de la France (Loire-Inférieure) ; manque dans les Vosges. Suisse : assez commun dans les Alpes et le Jura.
Europe : Centre et Sud de l'Europe.
On a décrit 1 variété de cette espèce. C'est la suivante :
Variété Neapolitanus Ker (de Naples)
Fleur bien plus grande que celle de l'espèce et ordinairement violette ; stigmates dépassant les étamines.