C'est une plante de 20 à 40 cm de hauteur qui croît dans les bois humides, les endroits frais et couverts de la plus grande partie de notre Flore, surtout dans les contrées montagneuses, où elle épanouit sa fleur verdâtre et jaunâtre pendant les mois de mai et de juin.
On la reconnaît facilement à ses feuilles sans pétiole, étalées et disposées par 4 (plus rarement par 3, 5 ou 6) en verticille au sommet de la tige que termine une seule fleur à long pédoncule dressé. Le limbe des feuilles est largement ovale, atténué en coin à la base et rétréci en pointe courte dans le haut. Les sépales sont verdâtres, plus larges que les pétales très étroits et jaunâtres ; les uns comme les autres sont en même nombre que les feuilles, étalés durant la floraison, puis persistent pendants à la base du fruit qui est arrondi, charnu et d'un noir bleuâtre.
C'est une espèce vivace, à tige simple et dressée, qui se perpétue et se multiplie de la manière suivante. La tige souterraine rampante s'allonge chaque année de 8 à 10 cm et se redresse au printemps pour produire la tige aérienne qui se détruit à l'automne en laissant une cicatrice ; un bourgeon né à la base de celle-ci, à l'aisselle d'une écaille, se développe pour donner un nouveau tronçon de tige souterraine, puis une tige aérienne l'année suivante. La plante se multiplie en outre par des ramifications de la tige souterraine. (On a décrit diverses anomalies de cette espèce : exemplaire à 3 feuilles soudées ; fleur stérile portant au centre une petite feuille ; pied à 2 fleurs soudées en long ; exemplaire à 7 feuilles et. dont la fleur était constituée par 7 sépales, 8 pétales, 14 étamines et 2 pistils soudés, l'un de 4 et l'autre de 3 carpelles ; 2 étamines soudées ; pistil présentant un verticille de carpelles supplémentaires).
Noms vulgaires. En français : Parisette, Herbe-à-Paris, Etrangle-loup, Raisin-de-renard, Morelle-à-guatre-feuilles. En anglais : Herb-Paris, True-love, Four-leaved-grass, Fox-grape. En allemand : Einbeere, Fuchstraube, Wolfsbeere, Vierblatt, Pariskraut. En flamand : Pariskruid, Dolwortel, Spinnekoppen, Wolfsbezien. En italien : Erba-Paris, Erba-crociona, Uva-di-volpe.
Usages et propriétés. Les diverses parties de la plante sont émétiques. Elles ont été usitées autrefois contre la rage, l'épilepsie, les maladies mentales et les convulsions des enfants. Le suc des fruits servait au traitement des inflammations des yeux. On trouve dans la tige souterraine des glucosides nommés paristyphnine et paridine, de l'asparagine, de l'amidon, des sucres, des matières grasses, de la pectine, des acides malique et citrique, etc. Le fruit renferme de la paridine, des traces d'asparagine, du saccharose, une matière colorante.
Distribution. S'élève jusque dans la zone subalpine. France : assez commun ou commun en Alsace-Lorraine, dans le Jura, la Côte-d 'Or, le Plateau Central, les Alpes et les Pyrénées ; çà et là, assez rare ou rare ailleurs ; manque dans la Région méditerranéenne en dehors des montagnes. Suisse : assez commun en général. Belgique : rare dans la Région campinienne ; assez commun ou assez rare dans les Régions hesbayenne, houillère, ar-dennaise et jurassique.
Europe : toute l'Europe. Hors d'Europe : Ouest et Centre de l'Asie.