Fagaceae - - Quercus robur (L.)

Chêne Rouvre

On réunit sous ce nom général l'ensemble de 3 sous-espèces. Ces arbres, le plus souvent de grande taille, se rencontrent communément dans les bois et les forêts de toute notre Flore, où leurs fleurs jaunâtres s'épanouissent en avril et en mai.
Les feuilles sont munies de pétiole et ont un limbe inégalement et plus ou moins profondément lobé, à lobes en nombre variable, arrondis ou obtus, parfois terminés par une pointe extrêmement courte ; ces feuilles, qui sont sans poils ou plus ou moins velues-cotonneuses, tombent à la fin de l'automne ou pendant l'hiver. Les glands, isolés ou groupés sur les pousses feuillées de l'année, sont mûrs en septembre et en octobre ; ils sont ovoïdes, parfois un peu allongés, mesurent de 15 à 40 millimètres de longueur sur 8 à 25 millimètres de largeur, et sont contenus dans une cupule hémisphérique garnie d'écailles triangulaires qui enveloppe plus ou moins longuement la base.
Ce sont des arbres d'une très grande longévité (on évalue à 2.000 ans l'âge atteint par certains exemplaires), de taille ordinairement élevée, à branches étalées, assez régulièrement ramifiés ou au contraire irrégulièrement contournés, d'autres fois des arbres de taille assez basse, rabougris ou à tiges tortueuses. La souche, lorsque l'arbre a été coupé, donne naissance à de nombreux rejets. (On a décrit des anomalies de cette espèce : racines fasciées, c'est-à-dire soudées ensemble dans leur longueur, ou anastomosées ; branches et tiges soudées ; feuilles à limbe fourchu ou diversement découpé ; fleurs pistillées à cupule s'accroissant considérablement, tandis que le fruit ne se forme pas ; fleurs stamino-pistillées ; fleurs et fruits soudés ; fruits à 2 et à 3 graines ; plantules à cotylédons inégaux, à cotylédons soudés, à 3 ou 4 cotylédons ; graines à plusieurs plantules ; etc.).

Noms vulgaires.
Pour la sous-espèce Quercus sessiliflora. En français : Chêne-mâle, Chêne-noir, Chêne-blanc, Drille, Drillard, Durelin. En anglais : Chesnut-Oak, Male-Oak, Red-Oak, Bay-Oak. En allemand : Traubeneiche, Bergeiche, Männliche-Eiche, Steineiche, Schwarze-Eiche, Dürreiche. En flamand : Haageik, Steeneik, Wintereik. En italien : Rovere, Roverella.
Pour la sous-espèce Quercus pubescens. En anglais : Durmast, Truffle-Oak. En allemand : Durmasteiche, Flaumeiche, Weichhaarige-Eiche. En italien : Querce-molle.
Pour la sous-espèce Quercus pedunculata. En français : Chêne-à-grappe, Chêne-femelle, Gravelin, Châgne, Chêne-noir, Chêne-blanc. En anglais : Female-Oak, Common-Oak, Acorn-tree. En allemand : Stieleiche, Weibliche-Eiche, Druidenbaum, Sommereiche. En flamand : Eikeboom, Steeneik, Zomereik. En italien : Farnia, Eschio.

Usages et propriétés. Les Anciens tressaient avec le Chêne des couronnes pour les vainqueurs. La poudre d'écorce est astringente, antiseptique, cicatrisante et détersive. L'écorce est employée au tannage des cuirs. Le bois, dont les qualités sont d'ailleurs assez variables avec les conditions de végétation, sert à de multiples usages : constructions de toutes sortes, charronnage, menuiserie, ébénisterie, tonnellerie, fabrication de traverses de chemin de fer, etc. ; c'est d'autre part un excellent combustible. Les fleurs sont visitées par les abeilles. Les glands sont utilisés dans l'alimentation des porcs. L'écorce contient 8,5 % de matières tanniques, 1,6 % d'acide gallique, des hydrates de carbone (cellulose, sucres, etc.), des matières grasses, des composés pectiques, de la résine, de la cholestérine, de la phloroglucine, de l'oxalate de chaux, etc. Le bois renferme des matières tanniques, de l'acide gallique, du saccharose, du glucose, des pentosanes, des méthylpentosanes, des oxalates, de l'acide malique, de l'acide vinique, des matières grasses. Les cendres de l'écorce et du bois sont très riches en chaux.

Distribution. La sous-espèce Quercus pubescens préfère les terrains calcaires. La sous-espèce Quercus sessiliflora peut s'élever jusqu'à environ 800 mètres d'altitude dans les Vosges et dans le Jura ; atteint 1.600 mètres d'altitude dans les Alpes et les Pyrénées. La sous-espèce Quercus pedunculata ne dépasse guère 600 mètres d'altitude dans le Jura, peut s'élever jusqu'à 1.000 mètres dans les Pyrénées et 1.300 mètres dans les Alpes. France, Suisse et Belgique : commun en général.
Europe : toute l'Europe, surtout l'Europe moyenne et méridionale. Hors d'Europe : Sud-Ouest de l'Asie, Maroc.

On a décrit 3 sous-espèces, 2 races et 25 variétés de cette espèce. Les 3 sous-espèces, les 2 races et les variétés les plus intéressantes sont les suivantes :

Q. sessiliflora DC. C. (à fleurs sessiles)
Feuilles un peu coriaces, munies d'un pétiole de 1 à 3 cm de longueur, à limbe luisant, d'un vert assez foncé et sans poils en dessus, d'un vert-clair et plus ou moins velu en dessous, surtout à l'aisselle des nervures, le plus souvent atténué en coin à la base, rarement arrondi ou formant comme 2 oreillettes très peu accentuées ; glands parfois isolés à l'aisselle des feuilles, généralement agglomérés par 2 à 5 sur un pédoncule commun très court ; cupules à nombreuses écailles appliquées, triangulaires, courtes et étroites, très serrées et à peine velues ; arbre souvent de grande taille pouvant atteindre 35 mètres de hauteur, à écorce d'un brun jaunâtre, gerçurée ou noirâtre et fortement crevassée, à ramification assez régulière, à cime uniformément feuillée. (France : commun en général, mais manque en Provence et dans les Alpes-Maritimes. Suisse : assez commun ou commun. Belgique : commun ; assez commun seulement dans la .Région hesbayenne et rare dans la Région campinienne).

Variété laciniata Mathieu et Fliche (laciniée)
Feuilles petites, profondément divisées en lobes plus ou moins aigus ou obtus et ondulés ; glands petits, presque entièrement enveloppés par la cupule ; arbuste très rameux ou arbre peu élevé.

Variété oxyacanthifolia Martrin-Donos (à feuilles de Crataegus oxyacantha).
Feuilles larges à nombreux lobes obtus.

Variété virgata Martrin-Donos (effilée).
Rameaux effilés, longs et dressés ; feuilles à lobes en triangle ; glands petits.

Variété glomerata Willk. et Lange (agglomérée)
Feuilles velues sur la face inférieure ; glands petits réunis et serrés en assez grand nombre sur un pédoncule commun très court ; arbre peu élevé à large cime étalée.

Q. pubescens Willd. (C. pubescens)
Feuilles relativement petites (6 à 7 cm de longueur sur 3 à 4 cm de largeur), vertes avec de nombreux poils blancs sur la face supérieure, cotonneuses et d'un blanc-grisâtre en dessous lorsqu'elles sont jeunes, et plus tard sans poils en dessus, moins cotonneuses en dessous ; le pétiole mesure de 8 à 20 millimètres de longueur et le limbe, plus ou moins profondément lobé, est arrondi, parfois formant comme 2 petites oreillettes à sa base qui est plus longue d'un côté ; glands agglomérés sur un pédoncule commun extrêmement court ; cupules à nombreuses écailles triangulaires-allongées, velues ; arbres rabougris à courte tige tortueuse, à tête étalée et arrondie. (France : commun dans le Midi ; çà et là ailleurs, parfois assez commun comme en Sologne, dans la Côte-d'Or, la Charente-Inférieure. Suisse : çà et là dans le Sud et l'Ouest, et dans les Grisons. Belgique : Régions houillère et de l'Ardenne où il est rare).

Variété incisa Martrin-Donos (incisée)
Feuilles petites, profondément lobées, à lobes aigus, dentés sur les bords et ondulés.

Q. pedunculata Ehrh. (C. pédonculé)
Feuilles sans poils, d'un vert-clair, presque sans pétiole ou à pétiole ne dépassant pas 4 à 5 millimètres de longueur, à limbe présentant sa plus grande largeur vers le tiers supérieur et montrant toujours à la base 2 petites oreillettes arrondies ; glands parfois isolés, mais le plus souvent au nombre de 2 à 5, rapprochés ou plus ou moins écartés sur un pédoncule commun long ordinairement de 4 à 5 cm et pendant ; cupule à écailles appliquées, relativement peu nombreuses, triangulaires, courtes et larges, brusquement ré-trécies au sommet ; arbre de très grande taille pouvant atteindre 45 mètres de hauteur et même parfois davantage, à écorce d'abord lisse et d'un gris argenté, puis devenant avec l'âge brune et crevassée en long, à tête faite de grosses branches contournées portant de nombreux rameaux assez courts dont le feuillage forme comme des touffes séparées. (France : commun, mais rare en Provence et dans les Alpes-Maritimes. Suisse : commun. Belgique : commun, assez commun seulement dans la Région campinienne).

Variété tardissima Mathieu et Fliche (très tardive)
Feuilles se développant 5 à 8 semaines plus tard, ramification plus régulière et feuillage plus uniformément réparti que dans la sous-espèce. (Vallée de la Saône).

Q. fastigiata Lam. (C. fastigié)
Tige rameuse presque dès la base, à branches grêles et redressées contre elle, formant ainsi une longue cime étroite et ne dépassant pas 15 à 20 mètres de hauteur. (Cultivé et parfois subspontané).

Q. apennina Lam. (C. de l'Apennin)
Feuilles plus ou moins cotonneuses à la face inférieure, peu profondément lobées, à lobes larges et peu nombreux ; glands par 6 à 10 sur un pédoncule commun atteignant environ 2 fois la longueur du pétiole de la feuille ; arbre peu élevé et touffu à feuillage sombre. (Çà et là).

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