Cette espèce, en général commune dans les prairies ou au bord des chemins, se reconnaît assez facilement à ses feuilles disposées en rosette et étalées à la base de la plante ainsi qu'à sa tige florifère qui est, en général 4 à 6 fois plus longue que les feuilles. C'est une plante de 15 à 50 cm dont les fleurs, à corolle blanche et luisante-argentée, s'épanouissent depuis le mois de mai jusqu'au mois de septembre, et parfois encore en octobre ou même en hiver.
Les feuilles sont largement ovales ou à contour en ellipse, rétrécies en un pétiole large et ordinairement court, couvertes de petits poils sur les deux faces, parcourues par 7 à 9 nervures principales, toutes à la base de la plante et étalées sur le sol, non très épaisses. Les fleurs sont disposées en un épi cylindrique, le plus souvent allongé, assez serré, d'un aspect verdâtre tacheté de blanc ; les petites bractées qui accompagnent les fleurs sont ovales, égalant à peu près le tiers de la longueur des calices, le plus souvent largement membraneuses et blanches sur les bords (parfois étroitement membraneuses). Le calice présente 4 parties arrondies au sommet. La corolle est sans poils ; son tube est lisse et sans poils. Les étamines ont des filets d'une teinte, lilacée et bien plus longs que les pétales ; les anthères sont blanches. Le fruit mûr est à 2 loges qui, chacune, contiennent une seule graine aplatie et convexe.
C'est une plante vivace, à poils blanchâtres, ne noircissant pas lorsqu'elle est desséchée, à rameaux florifères redressés, arrondis, finement striés, couverts de poils mous. Les feuilles n'atteignent leur développement complet qu'au bout de deux ans ; elles sont d'abord petites, sans pétiole et placées à l'intérieur de la rosette puis deviennent grandes, à pétiole et extérieures. La tige souterraine est courte et brune, portant des racines adventives ainsi que des bourgeons qui produisent de nouvelles pousses fleuries, mais la plante peut aussi se multiplier par des bourgeons adventifs qui naissent sur les racines. (On a décrit diverses anomalies de cette espèce : fas-ciation (c'est-à-dire soudure en long) des tiges ou des inflorescences ; diverses anomalies de l'inflorescence, parfois ramifiée ; développement des bractées formant une rosette à la base de l'épi ; rosette de bractées au sommet de l'épi ; etc.).
Noms vulgaires. En français : Langue-d'agneau, Plantain-bâtard, Plantain-blanc. En allemand : Wegerich, Weisser-Wegerich, Breiter-Wegerich, Schafszunge. En alsacien : Breiter-Wegrich. En flamand : Middelmatige-Weegbree, Lamstonge, Ruige-Weegbree. En italien : Piantaggine-mezzana, Orecchio-di-lepre, Petacciola-pelosa, Cinquenervi, Centonervi. En anglais : Lamb's-tongue, Hairy-Plantain, Healing-herb.
Usages et propriétés. On donne les graines aux petits oiseaux. La monstruosité présentant des bractées développées en rosette à la base de l'épi est quelquefois cultivée comme curiosité ; c'est la « rose-plantain » des jardins. Les feuilles, pilées et appliquées promptement sur les piqûres d'abeilles ou de guêpes, en atténuent la douleur. Les feuilles sont astringentes, vulnéraires et anti-ophtalmiques. La plante contient de l'aucubine. L'analyse des cendres a donné, pour cent : 38 de soude ; 43,5 de chlore ; 11 de potasse ; 5,7 d'acide sulfurique ; 7,6 de chaux ; 4,3 de silice ; 5,4 de magnésie ; 2,7 d'acide phosphorique ; 1,4 de sesquioxyde de fer ; 0,6 d'alumine.
Distribution. Préfère assez souvent les terrains calcaires ; s'élève jusque dans la zone alpine. France : commun ou assez commun en général, mais parfois assez rare sur le littoral méditerranéen ; très rare dans la Haute-Vienne et dans la partie haute de la Corrèze ; manque en Bretagne. Suisse : commun. Belgique : commun dans les Régions houillère et jurassique ; assez rare dans les Régions hesbayenne et de l'Ardenne ; rare dans les Régions campinienne et littorale.
Europe : presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Nord et Ouest de l'Asie ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.
On a décrit 1 race et 1 variété de cette espèce ; ce sont les suivantes :
P. brutia Ten. (P. de Calabre)
Epi assez court, à contour elliptique ; bractées aiguës (et non obtuses comme dans le type principal), très peu membraneuses sur les bords, presque complètement vertes ; corolle à 4 lobes aigus (et non obtus comme dans le type principal) ; rameaux fleuris grêles. (Alpes du Dauphiné, entre 1.500 m et 2.200 m d'altitude sur les sols siliceux : Lautaret, La Grave, Villard-d'Arène, etc.).
Variété Monnieri Rouy (de Monnier)
Feuilles non largement ovales, mais un peu ovales-allongées, à pétiole assez long. (çà et là aux mêmes, endroits que le type principal, mais assez rare).