Cette espèce est très commune dans toutes les contrées de notre Flore où elle croît dans les endroits incultes, au bord des chemins, parfois dans les champs ou les fossés. C'est une plante de 8 à 50 centimètres dont toutes les feuilles sont à la base, et dont les fleurs à corolle grisâtre ou un peu rougeâtre s'épanouissent depuis le mois de mai (rarement depuis le mois de mars) jusqu'au mois de novembre, et parfois encore en hiver.
Les feuilles sont parcourues par 3 à 11 nervures principales se rapprochant entre elles vers le haut et ont un limbe largement ovale, entier ou sinué-denté sur les bords, assez brusquement rétréci en un pétiole qui est plus large que les rameaux sans feuilles portant les inflorescences ; le limbe se prolonge un peu des deux côtés du pétiole, vers le haut, et le pétiole est élargi à sa base. Les fleurs sont groupées en épis en général allongés, cylindriques, serrés, s'atténuant au sommet, sans poils (plus rarement réduit à un épi ovoïde comprenant peu de fleurs) ; les bractées, qui accompagnent les fleurs, sont concaves, un peu membraneuses sur les bords, vertes sur le dos, à peu près d'une longueur égale à la moitié de celle des calices, ovales et obtuses. Le calice est à 4 parties ovales, arrondies au sommet. La corolle présente un tube lisse et sans poils, et 4 lobes obtus (plus rarement aigus) à leur sommet. Les étamines ont des filets qui ne dépassent pas beaucoup les pétales et dont les anthères sont brunes. Le fruit mûr est à 2 loges dont chacune renferme 4 à 8 graines relativement petites et ovoïdes-glanduleuses.
C'est une plante plurannuelle, c'est-à-dire pouvant vivre plusieurs années, dont les rameaux florifères, qui n'ont de feuilles qu'à leur base, égalent les feuilles ou ne les dépassent au plus que du double, en général. La tige souterraine est brune, épaisse, courte. La racine principale est grêle, et, dès la première année, est remplacée par des racines adventives ; mais la tige souterraine, disposée verticalement, se détruit bientôt dans sa partie inférieure tandis que sa partie supérieure arrive à s'élever au-dessus du sol ; il s'en suit que les jeunes racines adventives, nées trop haut ne peuvent plus se développer et alors la plante périt au bout de quelques années de floraison. (On a décrit de nombreuses anomalies de cette espèce : fasciation, c'est-à-dire soudure en long, des inflorescences ; inflorescences rameuses ou présentant diverses dispositions anormales ; bractées de l'inflorescence devenant plus grandes ; fleurs transformées en groupes de petites feuilles ; bractées se disposant en rosette à la base des inflorescences formant un involucre de 10 à 12 grandes bractées ; verdissement des fleurs donnant lieu à différentes transformations des feuilles florales ; etc.).
Noms vulgaires. En français : Grand-Plantain, Plantain-commun, Plantain-à-grandes-feuilles, Plantain-à-bouquet. En anglais : Larger-Plantain, Great-Waybread, Bird's-meat, Rat's-tail. En allemand : Breiter-Wegerich, Grosser-Wegerich, Boter-Wegerich, Schafeszunge, Wegtritt. En flamand : Groote-Weegbree, Roode-Weegbree. Wijkerblad. En italien : Piantaggine-maggiore, Cinquenerri, Centonervi, Petacciola.
Usages et propriétés. On donne les graines de cette espèce aux petits oiseaux. Les feuilles, pilées et appliquées promptement sur les piqûres d'abeilles ou de guêpes, en atténuent la douleur. Les feuilles et les racines sont astringentes, vulnéraires et anti-ophtalmiques. Les graines sont émollientes. Parfois, on applique les feuilles entières sur les plaies. La racine a été utilisée contre les fièvres intermittentes. La plante renferme beaucoup de sels de potasse ; on a trouvé jusqu'à 0,50 de potassium pour cent de plantes fraîches. Les feuilles contiennent de l'aucubine, de l'acide citrique, etc.
Distribution. Préfère quelquefois les sols calcaires, mais peut croître sur tous les terrains ; peut s'élever jusque dans la zone subalpine, et même parfois dans la partie inférieure de la zone alpine. France, Suisse et Belgique : commun ou très commun.
Europe : presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Nord, Centre et Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; Amérique du Nord ; introduit et répandu dans la plupart des contrées tempérées ou même un peu chaudes de tout le globe.
On a décrit 1 sous-espèce et 5 variétés de cette espèce ; la sous-espèce et les variétés les plus intéressantes sont les suivantes :
Variété leptostachya Wallr. (à épi lâche)
Feuilles parcourues par 5 à 7 nervures principales, largement sinuées et dentées, épaisses et coriaces comme dans le type principal, atténuées non brusquement en pétiole ; épi à fleurs assez espacées les unes des autres, au moins dans sa partie inférieure. (Commun).
P. intermedia Gilib. (P. intermédiaire)
Feuilles minces et molles (et non épaisses et coriaces comme dans le type principal), parcourues par 3 à 5 nervures principales, non brusquement atténuées en pétiole ; corolle à lobes aigus (et non obtus comme dans le type principal) ; plante de 3 à 20 cm (Midi de la France ; rare dans le Centre et dans le Nord).
Variété minima Martrin-Donos (minime)
Feuilles à peu près de la même longueur que celle des rameaux fleuris ; épi ovoïde, à fleurs peu nombreuses, parfois même réduit à 4 ou 5 fleurs ; rameaux fleuris grêles ; plante en général de 3 à 8 cm (çà et là).