Cette espèce, qui paraît originaire de l'Asie centrale, se trouve çà et là dans les décombres, au bas des vieux murs, dans les haies ou au bord des routes. C'est une grande plante de 60 cm à 1 m 50 de hauteur, dont les fleurs purpurines ou rosées, ordinairement ponctuées, se montrent depuis le mois de juin jusqu'au mois de septembre.
On la reconnaît facilement à ses feuilles moyennes profondément divisées en 5 à 7 lobes aigus qui sont eux-mêmes plus ou moins profondément dentés. Les feuilles supérieures n'ont que 3 lobes principaux même parfois 2 seulement chez les feuilles presque terminales ; le limbe des feuilles moyennes est plus ou moins en cœur renversé à la base ; toutes les feuilles ont un pétiole, sont d'un vert sombre à la face supérieure et blanchâtres à la face inférieure. Les groupes de fleurs, plus courts que les pétioles des feuilles à l'aisselle desquelles ils se trouvent, sont formés de fleurs nombreuses et serrées, dont chacune est sans pédoncule et l'ensemble de l'inflorescence constitue un long épi feuillé et interrompu. Le calice est à 5 angles, à 5 dents dont les 3 supérieures dressées et les 2 inférieures renversées et un peu plus larges que les 3 autres. La corolle, qui mesure environ deux fois la longueur du calice, est très velue en dehors surtout sur la lèvre supérieure, à tube muni en dedans d'un anneau de poils disposé obliquement. Les fruits sont très velus sur leur face supérieure.
C'est une plante vivace, robuste, rameuse, couverte de petits poils, qui se multiplie ou se perpétue par les divisions de ses tiges souterraines. (On a trouvé des exemplaires anormaux à fleurs régulières et d'autres où l'on a remarqué la présence d'une petite fleur supplémentaire se développant à l'aisselle d'un sépale).
Noms vulgaires. En français : Cardiaire, Cardiaque, Creneuse, Agripaume, Cheneuse, Herbe-aux-Tonneliers, Mélisse-sauvage, Queue-de-lion. En allemand : Herzgespann, Wildes-Mutterkraut, Löwenschwans. En flamand : Hertsgespan, Hartekruid. En anglais : Motherwort, Cowthwort. En italien : Cardiaca.
Usages et propriétés. Les tiges et les feuilles fournissent une teinture de couleur foncée, olivâtre et vive. On dit que la plante, placée dans les trous ou les galeries des taupes, éloigne ces animaux. La plante est tonique, vermifuge, stimulante et a été employée autrefois contre les maladies de cœur et les palpitations, d'où le nom vulgaire de « Cardiaque ».
Distribution. Ne s'élève pas à une grande altitude sur les montagnes. France : çà et là, jamais très commun, de distribution très inégale ; par exemple : rare ou assez rare dans le Nord de la France ; çà et là, introduit ou naturalisé en Lorraine ; assez commun en Alsace ; assez rare dans la Région du Jura ; peu commun en Normandie ; assez commun aux Environs de Paris ; rare ou très rare dans l'Ouest ; assez commun ou assez rare dans le Centre ; manque presque complètement dans la partie basse de la Corrèze ; assez commun en Bourgogne ; assez rare dans le Bassin du Rhône ; assez rare dans l'Aveyron ; très rare dans le Tarn ; rare dans le Bassin sous-pyrénéen ; manque dans les Corbières ; assez rare dans le Gard ; rare ou extrêmement rare sur le littoral méditerranéen (manque dans le Var) ; etc. Suisse et Belgique : çà et là.
Europe : çà et là dans presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Nord, Centre et Sud-Ouest de l'Asie ; Algérie ; naturalisé en Amérique.
On a décrit 1 variété de cette espèce ; c'est la suivante :
Variété villosus Benth. (velu)
Tiges et feuilles velues ; feuilles rugueuses ; la plupart à 3 divisions principales ; calice très poilu, à dents peu épineuses. (Çà et là).