Cette espèce présente de nombreuses formes qui ont les caractères communs suivants. Ce sont des plantes dont la taille peut varier de 8 à 80 cm, à fleurs d'un violet-bleu, parfois pâles et bleuâtres, rarement à lèvre inférieure rosée, pouvant s'épanouir, suivant les formes ou suivant les localités, depuis le mois d'avril jusqu'au mois de septembre ; on les rencontre sur les talus, les coteaux secs, au bord des chemins ou dans les endroits herbeux de l'Ouest, du Centre, du Sud-Est et du Midi de la France.
Les feuilles ont un limbe dont le contour est ovale ou ovale-allongé et dont les bords sont fortement crénelés ou découpés en lobes ou encore profondément divisés ; les inférieures sont à long pétiole. Les fleurs sont groupées en faux-verticilles dont l'ensemble forme une grappe plus ou moins allongée. Le calice est couvert, sur toutes ses parties, de longs poils blanchâtres ; sa lèvre supérieure, un peu élargie, est terminée par 3 petites dents dont la médiane est plus petite que les deux autres ; la lèvre inférieure du calice est formée par deux lobes aigus beaucoup plus grands que les dents de la lèvre supérieure ; le tube du calice a environ 4 millimètres de largeur. La corolle est de grandeur très variable et varie dans sa forme, mais sa lèvre supérieure est d'un contour extérieur plus ou moins convexe, parfois presque droit, non en forme de faucille très courbe. Les étamines restent renfermées dans la corolle. Les 4 parties du fruit sont brunes ou noirâtres, finement ponctuées à leur surface, en général ; elles ne sont jamais à la fois brunes et lisses.
Ce sont des plantes herbacées, velues, à tiges florifères peu rameuses ; elles se propagent et se multiplient par des bourgeons nés sur la tige souterraine. Le type principal se reconnaît à sa corolle qui a deux fois la longueur du calice ou même un peu plus, à lèvres assez écartées l'une de l'autre, la supérieure un peu arquée ; à ses feuilles oblongues, crénelées sur les bords ; à sa tige très velue jusqu'à la base. (On a trouvé des exemplaires dont les feuilles ont leur limbe comme dédoublé, d'autres dont les étamines étaient avortées).
Noms vulgaires. En français : Prudhomme, Orvale-sauvage. En anglais : Vervain-Clary, Eyeseed-plant. En allemand : Eisenkrautsalbei. En flamand : Kleinbloemige-Salie. En italien : Chiarella-minore.
Usages et propriétés. Les feuilles et les sommités fleuries sont stomachiques et stimulantes.
Distribution. Préfère souvent les terrains calcaires et argileux ; se trouve, en général, à d'assez basses altitudes dans les Alpes méridionales et les Pyrénées ; peut s'élever jusqu'à 860 m dans les Corbières. France : Ouest, Centre, Midi, Sud-Est, mais de distribution souvent inégale ; par exemple : très rare dans les Environs de Paris, en Bourgogne et dans la partie septentrionale du Centre de la France où il est inconstant dans ses localités ; rare dans la Sarthe (mais très commun à Précigné) ; assez rare en Normandie ; rare en Bretagne (mais commun dans les Iles Molène et d'Ouessant) ; commun ou çà et là en Vendée ; rare ailleurs dans l'Ouest ; commun ou assez commun dans le Sud-Ouest, surtout lorsqu'on s'éloigne du bord de la mer ; assez commun dans le Puy-de-Dôme, le Tarn, l'Aveyron, les Corbières ; commun ou assez commun dans le bassin sous-pyrénéen et dans la Région méditerranéenne ; rare dans la Drôme, l'Ardèche et les Hautes-Alpes ; etc. ; parfois naturalisé ou subspontané. Suisse : environs de Genève et quelquefois ailleurs, mais accidentellement. Belgique : çà et là naturalisé ; très rare dans la Région hesbayenne ; rare dans la Région houillère (mais commun à Beaumont).
Europe : Grande-Bretagne ; Sud-Ouest, Centre et Sud de l'Europe. Hors d'Europe : Sud-Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.
On a décrit 3 sous-espèces, 2 races, 5 variétés et une sous-variété de cette espèce ; les 2 races et les 3 sous-espèces sont les suivantes :
S. controversa Ten. (S. controversée)
Feuilles moyennes et inférieures à lobes étroits et écartés les uns des autres. (Environs de Nice et de Cannes).
S. oblongata Vahl. (S. à feuilles oblongues)
Feuilles situées le long de la tige, ovales-allongées, bordées de crénelures régulières qui sont elles-mêmes à dents obtuses ; feuilles de la base ovales et obtuses ; on trouve souvent des fleurs qui ne s'ouvrent pas et qui produisent néanmoins des fruits. (Littoral de la Provence et des Alpes-Maritimes) .
S. horminoides Pourr. (S. Faux-Horminum)
Corolle de 5 à 10 mm de longueur, ayant à peine une fois et demie la longueur du calice, à lèvre supérieure presque droite, ni comprimée ni courbée en forme de faucille ; à lèvre inférieure un peu rapprochée de la lèvre supérieure et environ de la même longueur ; feuilles plus ou moins profondément divisées en lobes qui sont eux-mêmes crénelés-dentés ; fleurs d'un violet-bleu, rarement à lèvre inférieure rose. (Midi et Sud-Ouest de la France).
S. clandestina (S. clandestine)
Corolle de 10 à 15 mm, ayant environ deux fois la longueur du calice, à lèvre supérieure comprimée et un peu courbée en forme de faucille ; à lèvre inférieure notablement plus courte que la lèvre supérieure, dont elle est écartée ; feuilles très profondément divisées, à segments irréguliers et dentés ; fleurs d'un bleu lilacé pâle ou d'un bleu blanchâtre ; le calice, persistant autour du fruit, a ses deux lèvres qui se sont rapprochées ; on trouve souvent des fleurs qui ne s'ouvrent pas et qui produisent néanmoins des fruits. (Auvergne et Midi de la France).
S. multifida Sibth. et Sm. (S. multifide)
Corolle de 5 à 11 mm, ayant moins d'une fois et demie la longueur du calice ; feuilles de la base très profondément divisées, à lobes qui sont eux-mêmes crénelés-dentés ou découpés ; on trouve souvent des fleurs dont les étamines ne sont pas très développées, et aussi de petites fleurs qui ne s'ouvrent pas, mais qui produisent néanmoins des graines. (Région méditerranéenne).