Cette espèce est plus ou moins répandue, souvent commune, dans presque toutes les contrées de notre Flore, où elle se trouve dans les prairies, les pelouses, au bord des chemins, sur les talus. C'est une plante de 25 à 80 cm dont les fleurs d'un bleu un peu violacé, plus rarement blanches, roses ou rouges se montrent depuis le mois de mai jusqu'au mois d'août.
Les feuilles ont un limbe bordé de larges crénelures qui portent elles-mêmes de petites crénelures secondaires, ovale ou en cœur renversé, les inférieures à pétiole plus ou moins allongé, les supérieures sans pétiole ; la plupart des feuilles bien développées se trouvent vers la base de la plante. Les fleurs, disposées en faux-verticilles assez écartés les uns des autres, dont l'ensemble forme des grappes glanduleuses-visqueuses, ont des calices plus longs que les bractées, lesquelles sont vertes, couvertes de poils glanduleux, embrassant la tige par la base et devenant renversées. Le calice, dont le tube est parcouru par 13 nervures longitudinales, est couvert de poils courts et glanduleux ; sa lèvre supérieure est formée par 3 petites divisions dont les deux latérales se rapprochent l'une de l'autre au-dessus de la petite dent médiane ; sa lèvre inférieure est constituée par 2 divisions terminées en pointe comme les 3 autres. La corolle, qui mesure ordinairement de 15 à 23 millimètres de longueur, peut parfois n'avoir que 11 millimètres et, au contraire, atteindre jusqu'à 26 millimètres ; le tube de la corolle s'élargit insensiblement et n'est pas bossu en avant ; la lèvre supérieure est en forme de faucille, comme comprimée, un peu échancrée au sommet ; la corolle a ordinairement 3 à 4 fois la longueur du calice. Les nectaires sont très visibles, jaunâtres, alternant avec les 4 parties de l'ovaire ; c'est surtout le nectaire antérieur qui est le plus développé. Il y a 2 étamines ; chacune a le filet divisé en 2 branches, l'une portant une demi-anthère, l'autre terminée par une petite lame ayant la couleur et la consistance de la corolle. Le style porte deux branches stigmatiques inégales. Les 4 parties du fruit sont brunes et luisantes à leur surface.
C'est une plante vivace, à tige florifère dressée, à feuilles rudes, nerviées en réseau, à odeur assez peu agréable, glanduleuse dans toute sa partie supérieure. La racine principale se détruit partiellement à la longue dans ses parties non ligneuses et ses tissus se dissocient plus ou moins. La plante se perpétue et se multiplie, souvent abondamment, par les ramifications de sa tige souterraine. (On a décrit de très nombreuses anomalies de cette espèce : inflorescences à bractées relativement grandes ; sépales ayant la couleur et la consistance de la corolle ; feuilles verticillées par 3 ; inflorescences soudées entre elles ; fleurs terminales régulières à parties semblables disposées par 2, 3, 4, 5 ou 6 ; fleurs non à 2 lèvres, presque régulières mais cependant symétriques par rapport à un seul plan ; calice et corolle irrégulièrement divisés ; étamines dont chaque branche porte une demi-anthère ; inflorescence secondaire formée de petites fleurs qui ne s'ouvrent pas ; 6 à 10 styles ; styles réunis en un tube portant 6 à 10 branches stigmatiques ; etc.)
Noms vulgaires. En français : Sauge-sauvage, Orvale-des-prés, Toute-bonne-des-prés. En allemand : Wild-Salbei, Wiesen-Salbei, Wilder-Scharlach. En flamand : Wilde-Salie, Veldsalie, Wilde-Sclarey. En anglais : Meadow-Sage, Wild-Clary. En italien : Salvia-de-prati, Salvia-salvatica, Chiarella-maggiore.
Usages et propriétés. Les fleurs sont très visitées par les abeilles qui y récoltent un nectar de très bonne qualité. Les feuilles et les sommités fleuries sont stomachiques.
Distribution. Préfère assez souvent les terrains calcaires ; peut croître jusque sur les sommets du Jura, jusqu'à la base de la zone alpine dans les Alpes, jusqu'à 750 m d'altitude dans les Corbières et jusque dans la zone subalpine en quelques points des Pyrénées. France : commun ou très commun, en général ; moins commun ou même rare dans certaines contrées ; par exemple : rare dans la Haute-Vienne, dans la partie haute de la Corrèze, dans le Nord de la France, dans les Pyrénées centrales et occidentales ; très rare dans les Landes ; rare dans plusieurs contrées de la Vendée et de la Loire-Inférieure, etc. Suisse : commun en général. Belgique : rare dans la Région houillère ; très rare dans les Régions jurassique, hesbayenne et campinienne.
Europe : presque toute d'Europe. Hors d'Europe : Sud-Ouest de l'Asie ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.
On a décrit 5 variétés de cette espèce.