C'est un sous-arbrisseau de 25 à 50 cm, à rameaux nombreux et dressés, d'odeur aromatique forte. Il croît dans les terrains secs, sur les collines arides et dans les endroits pierreux du Midi de la France et plus particulièrement dans la Région méditerranéenne et dans une partie de la Suisse ; comme il est souvent cultivé dans les jardins, on peut aussi le rencontrer çà et là ailleurs à l'état subspontané ou parfois naturalisé. Ses fleurs, d'un bleu violacé, rarement d'un beau bleu-violet, s'épanouissent depuis le mois de mai jusqu'au mois de juillet et parfois encore au mois d'août.
Les feuilles sont d'un vert-blanchâtre, assez épaisses, à fines crénelures sur les bords, à surface un peu rugueuse, à nervures délicatement ramifiées en réseau, plus ou moins poilues ; les feuilles inférieures ont un long pétiole, un limbe ovale à nervure médiane plus claire que le reste du limbe ; elles sont parfois munies à leur base de deux lobes formant comme deux petites oreilles ; les feuilles supérieures ont aussi une nervure médiane plus claire, mais elles sont sans pétiole et aiguës au sommet. Les fleurs, disposées par 3 à 6 sur chaque faux-verticille, sont portées sur des pédoncules très courts ; les bractées qui les accompagnent sont ovales, en pointe au sommet, et tombent quelque temps après la floraison. Le calice, couvert de petits poils, très rarement glanduleux, est parcouru dans sa longueur par 17 nervures principales ; ses divisions sont toutes aiguës et en pointe et 3 d'entre elles forment la lèvre supérieure. La corolle, qui mesure de 2 à 4 centimètres, a de 3 à 5 fois la longueur du tube du calice ; sa lèvre supérieure est très peu courbée ; le tube de la corolle est muni d'un anneau de poils, en dedans. Chaque étamine porte, insérée de côté sur sa plus courte ramification, une loge d'anthère plus petite que celle qui se trouve sur la ramification la plus longue. Le style se termine par 2 branches stigma-tiques inégales.
Les rameaux sont ligneux sur une assez grande longueur, vers leur base, ainsi que la tige principale et la tige souterraine qui est ramifiée et porte des racines adventives. (On a décrit diverses anomalies de cette espèce : feuilles à limbe découpé ; inflorescences à fleurs avortées ; bractées très développées ; fleurs terminales régulières ; etc.).
Noms vulgaires. En français : Grande-Sauge, Sauge-officinale, Herbe-sacrée, Thé-de-France. En anglais : Great-Sage, Common-Sage, Garden-Sage. En allemand : Salbei, Grosse-Salbei, Edelsalbei, Gebräuchliche-Salbei. En flamand : Groote-Salie, Hof-Salie, Gewone-Salie, Edele-Salie. En italien : Salvia-domestica, Salvia-maggiore, Salvia-comune.
Usages et propriétés. Cultivé dans les jardins comme plante médicinale et condimentaire, parfois comme plante ornementale ; il existe une variété à fleurs panachées. Usité parfois comme assaisonnement et, confit dans du vinaigre, peut servir de condiment. Les fleurs sont visitées par les abeilles qui y récoltent un nectar donnant un miel d'excellente qualité, de goût assez prononcé et agréable. On fume parfois les feuilles en guise de tabac. La plante est aromatique, stomachique, excitante, tonique, céphalique, cordiale, employée aussi contre les névralgies ; elle passait autrefois pour une sorte de panacée universelle. En Orient, on en fait une infusion connue sous le nom de « thé de Grèce ». La plante renferme de 1,35 à 2,5 % d'une huile essentielle ou « essence de Sauge officinale », appelée aussi « huile de Sauge ».
Distribution. Le type principal ne s'élève guère à plus de 750 m d'altitude sur les diverses montagnes ; la race S. lavandulaefolia peut atteindre 1.700 m d'altitude. France : Midi et bassin du Rhône jusqu'en Saône-et-Loire ; de distribution très inégale : rare dans le Lyonnais, les Hautes-Alpes ; rare ou assez rare dans l'Ardèche et la Drôme ; très rare dans le Cantal ; assez commun dans la Lozère ; assez rare dans le Gard ; très rare dans l'Hérault ; çà et là dans le Var et les Alpes-Maritimes ; Pyrénées-Orientales ; assez commun dans l'Aude et les Corbières ; assez rare aux environs de Pau ; rare dans l'Aveyron et le Lot ; assez commun dans le Tarn ; etc. ; peut se trouver dans toutes les autres contrées à l'état subspontané et quelquefois à l'état naturalisé. Suisse : subspontané dans le Tessin et le Valais, rarement ailleurs.
Europe : Sud de l'Europe ; parfois subspontané ailleurs. Hors d'Europe : Nord de l'Afrique.
On a décrit une race de cette espèce ; c'est la suivante :
S. lavandulaefolia Vahl (S. à feuilles de Lavande)
Fleurs d'un bleu-violet ; inflorescence serrée ; calice glanduleux, ainsi que les feuilles qui accompagnent les fleurs ; feuilles laineuses ou blanches-cotonneuses lorsqu'elles sont jeunes, mais devenant ensuite simplement poilues et même presque sans poils ; les divisions du calice sont en triangle et transformées brusquement en une arête allongée ; plante à odeur de camphre. (Très rare ; Pyrénées-Orientales ; pentes de la Solane, au-dessus de Molitg et quelques autres localités (entre 1.800 et 1.700 m d'altitude) ; Corbières).