Cette espèce est, en général, répandue dans les endroits humides de toutes les contrées de notre Flore. C'est une plante dont la taille peut varier de 25 cm à 1 mètre, sans odeur spéciale, dont les petites fleurs blanches marquées de petites taches rouges se montrent depuis le mois de juillet jusqu'au mois de septembre.
Les feuilles sont ovales ou ovales-allongées, aiguës au sommet, profondément dentées ou même divisées en segment dans leur partie inférieure ; les feuilles supérieures sont sans pétiole tandis que celles de la base se terminent inférieurement par un pétiole assez peu allongé. Les fleurs sont disposées en faux-vertieilles compacts qui forment de petites masses globuleuses beaucoup plus courtes que les feuilles voisines. Le calice est assez largement ouvert, à 5 divisions profondément séparées les unes des autres, se terminant chacune par une pointe raide, presque épineuse. La corolle est en forme d'entonnoir, à 4 lobes dont l'un est échancré au sommet, à tube dépassé par les sommets des divisions du calice. Les nectaires sont au nombre de 4, alternant avec les 4 parties de l'ovaire, et à peu près égaux entre eux. Les étamines se développent ordinairement, dans chaque fleur, avant le style et le stigmate. Les 4 parties du fruit sont lisses, dépassant la longueur du tube du calice, à 4 faces latérales pourvues chacune d'une épaisse et large bordure, à face supérieure aplatie.
C'est une plante vivace, à tiges florifères dressées et portant, des groupes de fleurs sur une très grande longueur ; les 4 faces de la tige sont parcourues chacune par un sillon assez profond. Les ramifications de la tige souterraine sont ordinairement courtes et nombreuses, portant des feuilles opposées qui sont réduites à des écailles élégamment découpées en peigne, mais dans les endroits inondés, ces rejets deviennent très allongés et se voient surtout hors du sol. Lorsque la plante est submergée, il arrive souvent que la base des tiges est très renflée ainsi que ses rejets et même parfois ses racines adventives. (On a décrit de nombreuses anomalies de cette espèce : tiges tordues sur elles-mêmes ; tiges fasciées, c'est-à-dire soudées ensemble dans leur longueur ; 3 ou 4 étamines à anthères développées ; dédoublement des lobes de la corolle ; calice à 4 divisions, etc.).
Noms vulgaires. En français : Chanvre-d'eau, Patte-de-loup, Pied-de-loup, Lance-du-Christ, Grumène, Marrube-d'eau, Marrube-aquatique. En anglais : Wolf's-foot, Marsh-Horehound, Water-Horehound, Gipsy-wort. En allemand : Wolfsfuss, Wolfs-trapp, Wasserandorn, Sumpfandorn, Christuslanze. En flamand : Wolfspoot, Water-Andoorn, Water-Malrove. En italien : Erba-sega, Siderite-prima, Marrobio-acquatico.
Usages et propriétés. Le suc des feuilles fournit une teinture noire. Les fleurs sont visitées par les abeilles pour la récolte du nectar. Plante astringente, quelquefois usitée comme fébrifuge.
Distribution. Ne s'élève pas à une très grande altitude sur les montagnes et ne se trouve même que rarement dans la zone subalpine. France : commun, en général. Suisse : commun. Belgique : commun ou assez commun.
Europe : toute l'Europe, sauf dans la zone arctique. Hors d'Europe : Nord et Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.
On a décrit 3 variétés de cette espèce ; les plus intéressantes sont les suivantes :
Variété mollis Briquet (à poils mous)
Feuilles mollement velues sur leur face inférieure ; à dents peu inégales et très peu aiguës ; tiges couvertes de poils crépus et brillants. (Rare ; endroits assez peu humides).
Variété laciniatus Rouy (à feuilles laciniées).
Feuilles proprement dites pouvant atteindre jusqu'à 14 cm de longueur, profondément divisées dans leur partie inférieure et dans leur partie supérieure ; feuilles supérieures et celles des rameaux plus petites et assez étroites. (Assez commun ; bord des eaux profondes).