On peut établir un premier groupe de genres dont les caractères communs sont d'avoir la corolle presque régulière à 4 lobes et en entonnoir, les 4 étamines presque égales et écartées les unes des autres. Ce sont les genres Mentha, Preslia et Lycopus. Le genre Preslia se rapproche du genre Mentha, auquel le réunissent plusieurs auteurs, par ses étamines toutes fertiles et ses fruits arrondis au sommet. Le Lycopus, qui diffère de ces genres par ses étamines dont 2 sont presque réduites à leur filet et ses fruits à face supérieure aplatie, offre, comme les Mentha, un calice à 5 divisions planes alors que celui du Preslia est à 4 divisions concaves, portant une petite arête au-dessous du sommet.
Si l'on excepte les genres Ajuga et Teucrium d'une part, les genres Rosmarinus et Salvia d'autre part, dont il sera question plus loin, les autres genres de la famille offrent tous une corolle à deux lèvres et 4 étamines dont 2 plus grandes.
On doit placer à part le genre Lavandula, remarquable par son calice à 5 dents inégales, la supérieure plus longue, portant un petit appendice saillant, par ses étamines à anthères à une seule loge. Toutefois ce genre présente, par l'intermédiaire de genres exotiques, quelque rapport éloigné avec le grand groupe ayant pour centre le genre Stachys, et ses étamines sont enfermées dans le tube de la corolle comme dans les genres Sideritis et Marrubium.
Un petit groupe est formé par les genres Origanum, Thymus et Hyssopus qui se relient par leurs étamines divergentes et saillantes en dehors de la corolle, à filets dressés dès la base dans les 2 premiers, d'abord plus ou moins courbés dans le troisième. Celui-ci s'écarte encore des autres par sa corolle à lèvre supérieure beaucoup plus courte que la lèvre inférieure. Le genre Thymus se distingue par les divisions de son calice disposées en deux lèvres inégales alors qu'elles sont disposées régulièrement dans le genre Origanum et Hyssopus.
Un autre groupe de Labiées est caractérisé par les 4 étamines non saillantes dont les filets sont courbés l'un vers l'autre dans chaque paire, l'ensemble se trouvant placé sous la lèvre supérieure de la corolle. Parmi ces genres, les Satureia, Micromeria et Calamintha sont très voisins. Les genres Satureia et Micromeria ont, comme le genre Hyssopus cité plus haut, un calice à divisions peu inégales, disposées régulièrement et une corolle à lèvre supérieure notablement plus petite que la lèvre inférieure. Cependant dans le Micromeria piperella le calice montre 2 divisions antérieures dressées, plus longues que les 3 autres et par là le genre Micromeria présente une transition avec le genre Calamintha dont le calice est nettement à 2 lèvres. Ce caractère des Calamintha les relie aux genres Metissa et Horminum qui ont l'un et l'autre des anthères à loges divergentes mais soudées au sommet. Le Melissa se sépare de l'Horminum par son calice comme comprimé et aplati sur sa face supérieure et par sa corolle à tube dépourvu d'anneau de poils en dedans.
FIG 32. Liaisons entre les genres de Labiées. La surface de chaque cercle correspondant à un genre est proportionnelle au nombre des espèces que renferme ce genre dans notre Flore. Les traits pleins qui joignent les cercles les uns aux autres indiquent les liaisons importantes entre les genres et sont d'autant plus courts que ces liaisons sont plus grandes. Les traits interrompus indiquent des relations moins importantes. Les traits pointillés se rapportent à des liaisons plus lointaines.
Deux autres groupes de genres sont caractérisés par leurs étamines rapprochées, à filets dressés à peu près parallèles. Dans le premier qui renferme les genres Nepeta, Dracocephalum et Glechoma les étamines intérieures sont les plus longues. Les genres Dracocephalum et Nepeta ont des anthères à loges divergentes s'ouvrant par une fente longitudinale commune tandis qu'elles s'ouvrent par des fentes distinctes dans le Glechoma. Les Nepeta ont comme ce dernier genre un calice à 5 dents à peu près égales, caractère qui les distingue du genre Dracocephalum, remarquable par son calice à division supérieure plus grande et de forme différente et par la lèvre supérieure de sa corolle en casque. Le deuxième de ces groupes comprend 12 genres dans lesquels les étamines extérieures sont les plus grandes. Les genres Marrubium et Sideritis ont des étamines relativement courtes renfermées dans le tube de la corolle, et à anthères toutes fertiles dans le premier alors que dans le deuxième celles des étamines les plus longues sont mal formées. Le Marrubium se distingue encore des Sideritis par son calice à dents non épineuses. Dans les autres genres les étamines dépassent le tube de la corolle et leurs anthères sont placées sous la lèvre supérieure. Le genre Melittis présente une corolle à lèvre supérieure dressée et presque plane comme celle des Marrubium et Sideritis. Il se rapproche par son calice à deux lèvres des genres Brunella et Scutellaria à lèvre supérieure de la corolle en forme de casque, caractère commun à la plupart des genres du groupe et qui les relie au genre Dracocephalum. Les Scutellaria sont tout à fait remarquables par les lèvres entières de leur calice et par la sorte d'écaille transversale que celui-ci porte sur sa lèvre supérieure. Les 7 derniers genres du groupe possèdent un calice à divisions peu inégales, à disposition régulière. Celles-ci sont terminées en épines dans les genres Stachys, Betonica, Galeopsis, et Leonurus. Les Betonica, très proches des Stachys, n'en diffèrent que par leurs étamines qui ne sont pas rejetées à l'extérieur après la floraison et dont les loges des anthères sont à peu près parallèles. Le genre Leonurus, très distinct par ses fruits à trois angles, et comme coupés en travers au sommet, se relie ainsi au genre Lamium, à divisions du calice non épineuses, tandis que les autres genres (Stachys, Betonica et Galeopsis) ont des fruits arrondis au sommet. Ce même caractère se retrouve eucore dans les genres Ballota et Phlomis et ce dernier se distingue des Ballota par sa corolle à lèvre supérieure complètement recourbée en casque comme dans le genre Galeopsis.
Les genres Rosmarinus et Salvia possèdent en commun le caractère d'avoir seulement 2 étamines mais ils montrent des rapports avec les genres du groupe précédent par leur corolle à deux lèvres, leurs étamines à filets dressés parallèlement et à anthères placées sous la lèvre supérieure de la corolle. Ces deux genres sont bien différents par leur port et en outre dans le genre Salvia les anthères sont réduites à une seule loge.
Un dernier petit groupe est constitué par les genres Ajuga et Teucrium remarquables par leur corolle qui paraît n'avoir qu'une seule lèvre. Dans les Ajuga, la lèvre supérieure est représentée par un petit lobe court et échancré tandis que celle des Teucrium est profondément divisée en deux parties cohérentes avec les lobes de la lèvre inférieure si bien que celle-ci semble être à 5 divisions et que la lèvre supérieure paraît manquer. Par leurs 4 étamines à filets parallèles, les extérieurs plus longs, leurs fruits arrondis au sommet, ils se relient à certains genres de l'avant-dernier groupe comme le genre Brunella.
AFFINITÉS DES LABIÉES AVEC LES AUTRES FAMILLES.
Les Labiées ont avec les Borraginées des affinités très nettes, en particulier par le fruit semblablement composé de 4 parties qui renferment chacune une seule graine sans albumen ou pourvue d'un albumen très mince. On peut en somme les considérer comme des Borraginées à fleurs irrégulières. Elles ne s'écartent d'elles, en effet, en dehors de la forme de la corolle, que par le nombre de leurs étamines réduites à 4, 2 grandes et 2 petites. D'ailleurs des Borraginées comme les Echium montrent une transition par leur corolle irrégulière et leurs étamines inégales.
Les Labiées offrent aussi par la symétrie de la corolle, le nombre et la disposition des étamines quelques ressemblances avec la famille des Scrofularinées bien différente par la constitution du fruit. La famille des Labiées montre d'autre part des rapports avec celle des Acanthacées, des liens de parenté très étroits avec la famille des Verbénacées et quelques relations éloignées avec les Globulariées.