C'est une plante très extraordinaire dont la tige, portant l'inflorescence, reste souterraine et dont les grandes fleurs seules se trouvent à découvert, leur sommet atteignant tout au plus 5 à 6 cm au-dessus du niveau du sol. Ces fleurs sont d'un beau violet-pourpré (rarement blanches) et se montrent depuis le mois de mars jusqu'au mois de mai, parfois plus tard encore aux altitudes assez élevées. Les fleurs sont disposées en corymbe, chacune étant placée sur un pédoncule de 2 à 4 centimètres de longueur. Le calice, qui est 2 à 3 fois plus court que la corolle, est sans poils et muni de nervures longitudinales très visibles. La corolle a sa lèvre supérieure en forme de casque et sa lèvre inférieure est à 3 lobes un peu étalés ; elle mesure de 4 à 5 centimètres de longueur ; elle présente un rétrécissement au-dessus de l'ovaire et est garnie de poils en dedans, à ce niveau. Les étamines ne sont pas saillantes en dehors de la corolle et ont des anthères velues dans leur partie supérieure. L'ovaire est comme comprimé et le style est recourbé, dépassant longuement la corolle. Le nectaire, situé au bas de l'ovaire et en avant, est en forme de lamelle. Le fruit est aplati, un peu en cœur ; il s'ouvre avec élasticité et projette les graines à une assez grande distance ; ces graines ont 4 à 5 millimètres de longueur, elles sont lisses à la surface, anguleuses, blanchâtres avec une tache noire circulaire.
C'est une plante vivace, sans poils, dont la tige souterraine porte de nombreuses écailles charnues, blanchâtres et se recouvrant les unes les autres, presque arrondies et à contour en forme de cœur. La plante peut se perpétuer et se multiplier grâce aux divisions de sa tige souterraine. L'espèce est parasite sur les racines de divers arbres ou arbustes, tels que : Populus, Acer, Quercus, Corylus, Ulmus, Pirus, Malus, Alnus, Salix, Betula, Carpinus, Cornus, Evonymus, Vitis, Rubus, Rhamnus, Lonicera, Hedera, etc., ainsi que sur les racines de diverses plantes herbacées telles que : Ornithogalum, Ranunculus, Rumex, Gentiana, Crithmum, Arum, Urtica, Viola, Heracleum, Taraxacum, Ficaria, Dactylis, Poa, Pteris, etc. Elle est parfois parasite sur elle-même.
Noms vulgaires. En français : Clandestine, Herbe-cachée, Herbe-à-la-matrice, Chuquet. En anglais : Hidden-Tooth-wort. En allemand : Erdschwppenwurz. En italien : Clandestina.
Usages et propriétés. . Les boutons renferment de la clandestine, une huile grasse et des sucres. La tige contient de l'émulsine, une oxydase et de l'amidon.
Distribution. Peut s'élever jusqu'à 650 m d'altitude, dans les Corbiêres et jusqu'à 800 m d'altitude dans les Pyrénées. France : répandu dans l'Ouest et le Sud-Ouest, depuis la Manche jusqu'à l'Espagne ; très rare en Normandie et dans la partie septentrionale du Centre de la France ; commun dans les Pyrénées ; commun ou assez commun dans le bassin sous-pyrénéen ; commun dans l'Aveyron ; assez commun dans le Tarn ; assez rare ou rare dans le Languedoc. Belgique : rare dans la Région houillère ; très rare dans les Régions hesbayenne et de l'Ardenne.
Europe : Espagne, France, Belgique, Italie.
On a décrit 1 sous-variété et 1 variété de cette espèce ; ce sont les suivantes :
Sous-variété albiflora Rouy (à fleurs blanches).
Corolles blanches. (Çà et là, rare).
Variété pallidiflora Rouy (à fleurs pâles)
Corolles blanchâtres à lèvre supérieure très courbée, depuis le tube de la corolle et non au sommet seulement ; lèvre inférieure peu dressée. (Très rare : bords du Tescounet, dans le Tarn).