Cette jolie plante, de 15 à 60 cm, égaie les bois de beaucoup de montagnes par ses bractées ordinairement violettes (très rarement blanchâtres ou d'un vert pâle) au milieu desquelles se trouvent les fleurs jaunes à lèvre supérieure et à gorge orangées, qui se montrent depuis le mois de juin jusqu'au mois d'août.
Les feuilles ont toutes un pétiole et sont ovales ou ovales-allongées, entières ou avec quelques dents à leur base. Les fleurs, portées sur des pédoncules très nets, sont groupées deux par deux, en grappes assez lâches, toutes plus ou moins tournées d'un même côté ; les bractées ont un pétiole et leur contour général est un peu en cœur renversé ; elles sont généralement découpées dans leur partie inférieure en lobes étroits et aigus. Le calice est velu, souvent même presque laineux (très rarement sans poils), à divisions un peu plus longues que le reste du calice, atteignant à peu près le sommet du tube de la corolle ; la lèvre inférieure est un peu plus longue que la lèvre supérieure. Les anthères et les filets des étamines sont couverts de petits poils. Le fruit mûr est ovoïde, comme comprimé, et contient seulement une ou deux grosses graines ; il est dépassé par les divisions du calice persistant qui l'entoure.
C'est une plante annuelle, à tige fleurie assez grêle, dressée, à rameaux étalés ; les racines portent des suçoirs qui s'implantent sur les racines de divers arbres et de végétaux herbacés sur lesquels l'espèce est parasite. (On a trouvé des exemplaires anormaux à tiges fasciées, c'est-à-dire soudées ensemble dans leur longueur, d'autres dont les graines renfermaient des plantules à 3 cotylédons, etc.).
Noms vulgaires. En français : Mélampyre-violet. En anglais : Blue-Cow-Wheat. En allemand : Blauer-Ochsenweizen, Rin-derweiz, Hainkuhweizen. En italien : Melampiro-azurro.
Usages et propriétés. . Rarement cultivé comme plante ornementale des sous-bois ; ne se maintient pas dans les cultures. Les fleurs sont visitées par les abeilles qui y récoltent un nectar de bonne qualité. La plante renferme de la dulcite et un glucoside spécial, la mélampyrine.
Distribution. Préfère les terrains calcaires ; ne dépasse pas, ordinairement, la partie moyenne de la zone subalpine ; peut descendre parfois jusqu'à 300 m d'altitude. France : commun ou assez commun dans beaucoup de contrées calcaires des Alpes ; Colombier-du-Bugey semble être la localité la plus septentrionale de cette espèce, en France ; Jura, au Reculet ; très rare dans la Haute-Loire (Saint-Didier d'Allier), dans la Lozère (environs de Mende), dans le Gard (environs d'Alzin et de Campestre), dans l'Hérault ; Cévennes (assez commun sur le Larzac, le Causse central, etc.) ; très rare sur le Causse de Villefranche ; extrêmement rare dans les Corbières (environs de Bouisse) et dans les Pyrénées. Suisse : très rare (rive droite de la Veveyse, près de Vevey).
Europe : Nord de l'Espagne, France, Europe centrale et une partie de l'Europe septentrionale, Italie, Dalmatie, Bosnie, Herzégovine, Monténégro. Hors d'Europe : Sibérie.
On a décrit 2 races et 2 variétés de cette espèce ; ce sont les suivantes :
Variété alba Cariot et Saint-Lager (blanche).
Bractées blanchâtres, rarement d'un vert pâle ; grappes à fleurs peu nombreuses. (Çà et là, dans les Alpes).
Variété paucidentatum Petermann (à dents peu nombreuses).
Bractées inférieures et moyennes presque entières ; bractées supérieures à dents peu nombreuses. (Çà et là).
M. intermedium Perrier et Songeon (M. intermédiaire).
Bractées inférieures semblables aux feuilles ordinaires ; bractées moyennes dentées seulement à leur base et peu profondément ; bractées supérieures d'un violet bleuâtre ; calice sans poils ou assez peu poilu ; graines d'environ 6 mm de longueur sur 3 mm de largeur. (Rare : Alpes).
M. subalpinum A. Kerner (M. subalpin).
Feuilles allongées et étroites ainsi que les bractées qui sont entières ou peu dentées ; bractées supérieures le plus souvent violettes ; calice à poils épars ; tige très grêle. (Très rare : Alpes).