Cette plante, de 6 à 35 cm, qui croît dans les pelouses, les endroits rocailleux et sur les rochers des hautes montagnes, est remarquable par son aspect sombre, ses bractées d'un violet plus ou moins foncé et ses fleurs d'un violet terne et parfois verdâtre ; elle fleurit depuis le mois de juin jusqu'au mois d'août et parfois même encore en septembre.
Les feuilles sont pour la plupart sans pétiole, à limbe ovale, fortement crénelé tout autour, chagriné, un peu rugueux, d'un vert foncé, devenant noirâtre en se desséchant ; les paires de feuilles inférieures sont beaucoup plus petites que les autres et présentent un court pétiole. Les fleurs, portées sur des pédoncules à peine développés (rarement allongés), sont disposées en grappes terminales dont les bractées inférieures sont de même forme que les feuilles ordinaires ; les autres bractées un peu plus petites et relativement plus allongées sont plus ou moins violacées. Ces bractées sont toutes velues-glanduleuses et ont 3 à 4 fois la longueur des calices, mais elles sont plus courtes que les fleurs, lesquelles sont disposées par paires, opposées. Le calice est à peu près deux fois plus long que large, d'un violet-noirâtre, velu-glanduleux, à divisions ovales et obtuses ; la corolle, qui mesure environ 2 centimètres de longueur (rarement plus petite), est rétrécie dans sa partie inférieure, à tube étroit (de moins de 3 millimètres de largeur dans la partie qui est entourée par le calice), à lèvre supérieure obtuse, à lèvre inférieure présentant 3 petits lobes arrondis, à peu près égaux entre eux. Les étamines sont très poilues-laineuses et complètement ou presque complètement renfermées dans la lèvre supérieure de la corolle. Le fruit mûr, couvert de poils, est ovale-allongé, en cône aigu dans sa partie supérieure, et atteint presque deux fois la longueur du calice persistant qui l'entoure.
C'est une plante vivace, à tiges dressées ou redressées, poilues ainsi que les feuilles qui sont opposées, quelquefois verticillées par trois, celles du milieu embrassant presque la tige par leur base. La plante se perpétue et se multiplie par des rejets étroits, plus ou moins allongés, qui portent des paires de très petites feuilles réduites à des écailles. L'espèce est parasite sur diverses plantes herbacées au moyen de petits suçoirs portés par les racines. (On a trouvé exceptionnellement des exemplaires à fleurs tout-à-fait verdies, à corolle petite et régulière).
Distribution. Peut croître sur les terrains les plus divers, mais préfère quelquefois les terrains calcaires ; ordinairement limité entre 1.500 m et 2.700 m d'altitude ; a été trouvé jusqu'à 3.000 m d'altitude dans les Alpes, et descend parfois, dans le Jura, jusqu'à 1.000 m d'altitude. France : assez commun dans la zone alpine du Jura, des Alpes, du Cantal et des Pyrénées ; hautes Vosges granitiques (Hohneck, etc.). Suisse : assez commun dans les Alpes et le Jura suisse.
Europe : presque toutes les montagnes d'Europe ; descend à de basses altitudes dans la partie septentrionale de l'Europe ; se trouve jusque dans la zone arctique. Hors d'Europe : Sibérie, Amérique boréale, Groenland.
On a décrit une race de cette espèce ; c'est la suivante :
B. parviflora Thomas (B. à petites fleurs)
Fleurs ne dépassant pas 15 mm de longueur, et toutes portées par des pédoncules assez allongés. (Hautes montagnes ; rare).