Scrophulariaceae - - Antirrhinum majus (L.)

Muflier majeur

Cette espèce, bien connue sous le nom vulgaire de « Gueule-de-loup », non seulement croît naturellement sur les rochers ou dans les endroits pierreux du Midi et de l'Est de la France, mais peut se rencontrer aussi dans presque toutes les contrées de notre Flore à l'état subspontané ou naturalisé, sur les vieux murs et au voisinage des jardins. L'espèce est constituée par un assez grand nombre de formes ; ce sont des plantes de 20 à 80 cm, dont les fleurs pourprées, d'un pourpre mêlé de jaune, blanchâtres ou jaunâtres, peuvent s'épanouir depuis le mois d'avril (dans le Midi) ou depuis le mois de juin (dans le Nord) jusqu'au mois de septembre, et parfois encore en hiver.
Toutes ces plantes ont les caractères communs suivants. Les feuilles sont opposées ou alternes (rarement verticillées par 3), ovales ou étroites, non persistantes, à pétiole plus court que le limbe ou même très court. Les fleurs sont disposées en grappes terminales, et placées à l'aisselle de bractées plus courtes qu'elles-mêmes, sur des pédoncules très nets. Le calice est à divisions ovales, peu inégales entre elles. La corolle mesure de 17 à 30 millimètres de longueur, en général. Le fruit mûr a plus de deux fois la longueur du calice persistant qui l'entoure.
Ce sont des plantes vivaces, à tiges souterraines ligneuses, à tiges florifères dressées ou au moins à rameaux florifères dressés. La plante se perpétue et se multiplie non seulement par les divisions de sa tige souterraine, mais aussi par des bourgeons adventifs nés sur les racines. Lors de la germination, il peut se produire déjà des bourgeons adventifs sur l'axe de la plantule situé au-dessous des cotylédons. (On a décrit de très nombreuses anomalies de cette espèce : tiges fasciées, c'est-à-dire soudées en long ; tiges tordues en spirale ; fleurs soudées ensemble par 2 ou par 3 ; inflorescences confluentes ; feuilles en forme de cornet ; inflorescence changée par régression en terminaison végétative de la plante, les bractées étant remplacées par des feuilles et les fleurs par des bourgeons ; fleurs devenant régulières ; fleurs restant fermées ; fleurs à type 3, type 4 ou type 6 ; étamines modifiées en pétales ; ensemble des 2 étamines inférieures transformé en une seconde lèvre de la corolle ; nombre très grand de pétales ; fleurs doubles ; nombre variable des bosses renflées en court éperon à la base du tube de la corolle ; développement de cette bosse saillante en un éperon allongé ; fleurs réduites ayant 5 sépales, 2 pétales, 0 étamine et 0 carpelle ; verdissement de la corolle ; lèvre inférieure de la corolle n'étant pas développée ; corolle sans bosse renflée au-dessus de sa gorge ; étamines libres entre elles jusqu'à leur base ; 4 ou 5 carpelles ; carpelles transformés en pétales ; plantules à 3 cotylédons ; plantules à 2 cotylédons exagérément développés ; etc.). Le type principal se reconnaît aux feuilles qui sont ovales-allongées, au calice qui est velu, à ses divisions ovales et obtuses, aux pédoncules des fleurs qui ont à peu près la même longueur que le calice ou que la bractée à l'aisselle de laquelle ils se trouvent ; aux tiges sans poils dans leur partie inférieure et velues-glanduleuses vers le haut ; au tube de la corolle dont le renflement bossu inférieur est peu prononcé.

Noms vulgaires. En français : Gueule-de-loup, Gueule-de-lion, Mufle-de-veau, Muflier, Muflier-des-jardins, Tête-de-mort, Tête-de-singe (ces deux derniers noms font allusion à la forme du fruit mûr). En anglais : Greater-Snapdragon, Common-Snap-dragon, Calves-snout, Dog's-mouth, Lion's-mouth, Rabbit's-moutth, Toad's-mouth. En allemand : Grosses-Löwenmaul, Kalbsnase, Totenkopf, Sterkkraut. En flamand : Groot-Leeuwenmuiltje, Leeuwebek, Kalfssnuit, Hazemuil. En italien : Antirrino, Violaciocco-salvatico, Capo-di-cane, Bocoa-di-leone. Capo-di-bue,

Usages et propriétés. Cultivé très fréquemment comme plante ornementale ; on en connaît de très nombreuses variétés à fleurs de couleurs très diverses, et que l'on produit en choisissant les plantes issues de semis. Une race de petite taille, connue sous le nom de « Tom-Pouce » (« Tomthumb » en anglais) est une plante trapue, cultivée pour les bordures ou pour garnir les massifs et dont les fleurs ont de jolies couleurs variées. Les abeilles visitent les fleurs, lorsque la corolle a été percée par les Bourdons sauvages, et y recueillent un nectar abondant qui fournit un miel de bonne qualité. La plante a été utilisée contre les abcès et contre les blessures. Les graines renferment un glucoside, la rhinanthine, et ne contiennent pas de saponine. Plus ou moins dangereux.

Distribution. Ne s'élève guère à plus de 700 m, sur les diverses montagnes ; mais la sous-espèce A. siculum peut s'élever jusqu'à 1.300 m d'altitude dans les Corbières. France : spontané dans le Midi et dans une partie de l'Est de la France ; peut se trouver partout à l'état subspontané ou naturalisé. Commun ou assez commun en général (parfois rare ou assez rare, comme dans le Nord de la France, le Tarn, le Var). Suisse : çà et là subspontané ou naturalisé ; assez rare ou rare dans la Suisse orientale. Belgique : çà et là subspontané ou naturalisé.
Europe : Sud de l'Europe ; peut être subspontané ou naturalisé ailleurs. Hors d'Europe : Sud-Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; parfois subspontané dans l'Amérique du Nord.

On a décrit 3 sous-espèces, 3 variétés et 4 sous-variétés de cette espèce ; les 3 sous-espèces sont les suivantes :

A. latifolium DC. (M à larges feuilles)
Fleurs placées sur des pédoncules qui sont ordinairement plus longs que le calice et que la bractée à l'aisselle de laquelle ils se trouvent ; feuilles ovales, obtuses ; tiges ordinairement velues depuis la base jusqu'au sommet ; calice poilu, à divisions ovales et obtuses ; fleurs jaunâtres, plus rarement pourprées, à corolle dont le renflement bossu, situé à la base du tube, est assez prononcé. (Région méditerranéenne, Pyrénées centrales et orientales, Dauphiné, Savoie ; très rare en Belgique, dans les Régions jurassique et hesbayenne).

A. siculum Mill. (M de Sicile)
Tige sans poils dans sa partie inférieure et moyenne, ayant seulement quelques poils vers le haut ; feuilles très étroites, allongées, sans poils, portant souvent à leur aisselle de courts rameaux feuilles qui simulent des feuilles groupées en faisceaux ; calice à poils fins et courts, à divisions ovales-allongées ; fleurs d'un blanc-jaunâtre, mesurant environ 18 à 21 millimètres de longueur. (Très rare : Pyrénées-Orientales à Perpignan, Ria, Vallée de la Têt ; Corbières, dans la forêt de Gesse).

A. tortuosum Bosc. (M tortueux)
Plante sans poils sur les tiges, les feuilles, les calices et les fruits ; feuilles étroites et allongées, entières ; calice à divisions ovales et obtuses ; style ayant 3 à 4 fois la longueur de l'ovaire ; fleurs pourpres, de 30 à 40 mm de longueur, à corolle peu poilue ; plante à tige tortueuse et rameuse, à rameaux dressés. (Très rare ; Provence : ruines romaines de Fréjus, Arles ; Grasse dans les Alpes-Maritimes).

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