Les nombreuses formes que l'on peut grouper sous ce nom général sont des plantes de 20 à 80 cm qui croissent dans les endroits pierreux, les sables, sur les coteaux secs ou arides, sur les pentes rocheuses des montagnes ou sur les grèves des cours d'eau, dans le Centre, le Midi, l'Est, le Sud-Est de la France et en Suisse. Leurs fleurs d'un brun-rougeâtre parfois mêlé de blanc se montrent depuis le mois d'avril jusqu'au mois de juillet (dans la Région méditerranéenne) ou depuis les mois de mai et juin jusqu'au mois de septembre dans les autres régions.
Toutes ces plantes présentent les caractères communs suivants. Elles sont sans poils, à tiges rigides et plus ou moins ligneuses vers leur base, cylindriques, arrondies ou irrégulièrement anguleuses dans leur longueur. Les feuilles sont toujours notablement plus longues que larges, le plus souvent une ou deux fois divisées, rarement elles sont seulement découpées et dentées, mais alors les feuilles ont moins de 12 millimètres de largeur ; toutes ces feuilles ont un limbe dont les nervures ne sont pas nettement disposées en réseau. Les fleurs sont réunies en grappes composées où se trouvent des bractées très réduites, et non entremêlées de feuilles semblables aux feuilles moyennes. Le calice est à 5 divisions presque arrondies et bordées d'une marge membraneuse. La corolle mesure de 3 à 8 millimètres de longueur et porte, en dedans de la lèvre supérieure, une petite écaille entière, en languette étroite ou arrondie, mais parfois cette écaille n'est pas du tout développée. Les étamines sont plus ou moins saillantes. Le fruit est presque globuleux mais terminé par une pointe très nette.
Ce sont des plantes vivaces, ou au moins pouvant vivre plusieurs années, buissonnantes, à racine principale longuement persistante. La tige souterraine produit soit plusieurs tiges fleuries, soit une seule tige fleurie accompagnée quelquefois de tiges latérales. Le type principal se reconnaît à ses feuilles complètement divisées dont les divisions sont découpées, dentées ou elles-mêmes profondément divisées ; aux fleurs, de 3 à 6 millimètres de longueur, portées sur des pédoncules aussi longs ou plus courts que le calice.
Noms vulgaires. En français : Rue-des-chiens. En anglais : Cut-leaved-Figwort, Dog's-Rue. En allemand : Hundsraute, Hundsbraunwurz. En flamand : Helmruite, Hondsruite. En italien : Ruta-canina, Dente-di-cane.
Usages et propriétés. Les fleurs sont visitées par les abeilles qui y récoltent un nectar très sucré. En Italie, la plante est usitée contre la gale des chiens et des porcs ; les autres propriétés sont analogues à celles de l'espèce Scrofularia nodosa ; la plante est plus ou moins vénéneuse. Dangereux.
Distribution. La sous-espèce Scrofularia juratensis préfère les terrains calcaires ; cette sous-espèce peut se rencontrer, dans les Alpes jusqu'à 2.000 m d'altitude, tandis que le type principal ou les autres sous-espèces ne s'élèvent guère à plus de 700 m d'altitude. France : inégalement distribué dans l'Ouest, le Centre, l'Est, le Sud-Est et le Midi ; par exemple : extrêmement rare aux Environs de Paris (forêt de Fontainebleau) ; commun en Alsace sur les bords du Rhin, mais rare dans les Vosges ; assez commun dans le Jura ; très commun dans le bassin du Rhône et dans la Région méditerranéenne ; très rare dans l'Ouest ; commun ou assez commun dans le Plateau-Central, en général, mais très rare dans le Cantal et non signalé dans la Haute-Vienne ; rare en Bourgogne ; commun dans les Pyrénées et dans le bassin sous-pyrénéen ; commun dans le Tarn et dans l'Aveyron ; etc. Suisse : assez commun ou çà et là ; manque dans les cantons d'Uri, de Schwartz, d'Unterwalden et de Schaffhouse.
Europe : Sud-Ouest, Centre et Sud de l'Europe. Hors d'Europe : Asie-Mineure ; Nord de l'Afrique.
On a décrit 3 sous-espèces et 2 variétés de cette espèce ; les 3 sous-espèces sont les suivantes :
S. juratensis Schleich. (S. du Jura)
Feuilles 2 à 3 fois divisées, à divisions nombreuses découpées ou dentées ; fleurs de 6 à 8 mm de longueur, placées sur des pédoncules qui ont, le plus souvent, à peu près la longueur du calice ; étamines nettement saillantes ; fruit mûr de 3 à 5 mm de largeur. Des semis de cette sous-espèce, faits en sol frais, ont donné des exemplaires presque identiques au type principal (Royer). (Jura, Bourgogne, Alpes, Auvergne, Cévennes, Pyrénées ; Suisse dans le Jura méridional et çà et là dans les cantons de Fribourg et du Tessin).
S. lucida L. (S. luisante)
Feuilles 2 à 3 fois divisées, à divisions nombreuses découpées ou dentées ; fleurs de 6 à 8 mm de longueur placées sur des pédoncules beaucoup plus courts que le calice ; étamines à peine saillantes ; corolle présentant, en dedans de la lèvre supérieure, une petite écaille arrondie (et non en languette étroite) ; fruit mûr de 4 à 7 mm de largeur. (Commun en Provence et sur le littoral des Alpes-Maritimes).
S. ramosissima Lois. (S. très-rameuse)
Feuilles relativement très petites, entières, dentées ou peu divisées ; fleurs de 3 à 6 mm, placées sur des pédoncules qui sont, pour la plupart, beaucoup plus longs que le calice ; plante à tiges très rameuses, devenant noire en se desséchant. (Çà et là, rare ou assez rare sur le littoral du Var et des Alpes-Maritimes).