Solanaceae - - Hyoscyamus niger (L.)

Jusquiame noire

Cette espèce, qui paraît d'origine asiatique, a été introduite en Europe depuis de nombreux siècles. C'est une plante de 25 à 80 cm, d'un vert sombre, qui croît dans les décombres, au bord des chemins ou dans les endroits pierreux de presque toutes les contrées de notre Flore ; ses fleurs jaunâtres (rarement blanchâtres) à gorge d'un pourpre noir, se montrent depuis le mois de mai jusqu'au mois de septembre.
Les feuilles sont couvertes de petits poils visqueux, ovales-allongées, fortement sinuées sur les bords, à dents aiguës ou même complètement divisées en lobes distincts ; les feuilles moyennes embrassent à moitié la tige par leur base et les feuilles supérieures sont tout-à-fait embrassantes. Les fleurs sont placées sur des pédoncules très courts ou même non distincts. Les fleurs épanouies ou en bouton forment une grappe courte très recourbée, tandis que la grappe de fruits est, au contraire, allongée et seulement arquée. Le calice a un tube velu presque cotonneux et, après la floraison, il présente des nervures en réseau fortement marqué ; ses 5 divisions sont ovales-triangulaires, terminées chacune par une pointe courte qui devient épineuse. La corolle est à 5 lobes très peu inégaux et dont l'ensemble est à peine oblique par rapport à la division du tube ; elle est d'une teinte jaunâtre, soit d'un jaune sale, soit d'un jaune un peu brunâtre, le plus souvent délicatement veinée de brun ou à nervures d'un violet noirâtre, rarement sans nervures plus foncées que le reste de la corolle. Le fruit mûr est très renflé à sa base, en forme de marmite s'ouvrant par un couvercle dont la chute laisse voir la cloison séparant les deux loges du fruit qui contiennent de nombreuses graines.
C'est une plante annuelle, d'une odeur désagréable très prononcée, couverte de poils glanduleux, à tige dressée, robuste, à feuilles inférieures disposées en rosette et pourvues de pétiole, à racine principale développée. (On a décrit diverses anomalies de cette espèce : racine tordue en spirale, fleurs soudées ensemble ; fleurs à 6 sépales, 6 pétales, 6 étamines, 3 carpelles ; dernières fleurs supérieures de la grappe à calice réduit et ne produisant pas de fruits, etc.).

Noms vulgaires. Potelée, Hennebanne, Hannebanne-potelée, Porcelet, Jusquiame, Herbe-aux-engelures, Herbe-de-Sainte Apolline, Herbe-à-la-teigne, Mort-aux-poules, Careillade, Fève-à-cochon. En allemand : Hühnertod, Schlafkraut, Schwarzes-Bilsenkraut, Totenblume. En alsacien : Ziguenerkraut. En flamand : Bilsenkruid, Zart-Bilsenkruid, Doodbloem, Dolkruid. En anglais : Henbane, Common-Henbane, Hog's-bean. En italien : Giusquiamo-nero, Iosciamo-nero, Fava-porcina, Erba-da-piaghe.

Usages et propriétés. Dans l'ancienne Egypte, on extrayait des graines de cette plante une huile pour les lampes. Quelquefois, certains marchands de chevaux engraissent les chevaux malingres en leur faisant avaler, à petites doses, des graines de Jusquiame pour leur donner un embonpoint factice qui peut provoquer chez les animaux une maladie mortelle. En soumettant à l'ébullition le suc de la plante, on obtient une gelée blanche qui sert à préparer une couleur blanc d'argent ; on extrait des feuilles une teinture qui peut colorer en vert olive la laine d'abord traitée par le bismuth. La plante est assez souvent cultivée comme plante médicinale. Les feuilles et les graines de cette espèce vénéneuse sont usitées, à petite dose, comme narcotique et pour calmer les névralgies ; dans les campagnes, on en fait parfois usage en fumigations contre les maux de dents. La racine est vomitive. La plante recèle un alcaloïde toxique l'hyoscyamin , la substance sèche des feuilles en renferme de 0,059 à 0,070 pour cent, et quelquefois plus encore ; la plante contient aussi un autre alcaloïde la scopolamine, un glucoside amer l'hyoscypicrine, de la choline, un éther, une huile grasse, etc. ; la racine est plus riche en alcaloïdes que les feuilles et les graines. Les cendres de la plante donnent, pour cent : 44,7 d'acide phosphorique ; 21 de magnésie ; 18,5 de potasse. Très vénéneux.

Distribution. L'espèce, d'origine orientale, semble avoir été introduite dans le Centre et l'Ouest de l'Europe par les nomades, au moyen âge. Ne s'élève guère à plus de 1.000 m d'altitude dans les cultures ou les villages des montagnes. France : çà et là, irrégulièrement distribué dans les diverses contrées ; par exemple : assez rare ou assez commun dans le Nord de la France ; commun aux Environs de Paris ; çà et là en Lorraine et en Alsace ; rare dans le Jura ; non signalé dans la Côte-d'Or ; assez commun dans la zone maritime et dans les terrains calcaires de l'Ouest et assez rare ailleurs dans l'Ouest ; commun ou assez commun dans le Centre de la France (non signalé dans la Haute-Vienne) ; assez rare ou assez commun dans les Corbières, les Pyrénées, le bassin sous-pyrénéen, le Tarn, 1 'Aveyron, etc. ; assez commun dans le bassin du Rhône ; assez commun ou assez rare dans la Région méditerranéenne, etc. Suisse : assez commun. Belgique : assez commun dans la Région houillère ; rare ou assez rare ailleurs.
Europe. Presque toute l'Europe, sauf la zone arctique. Hors d'Europe : Sibérie (sauf la Sibérie arctique), Inde, Sud-Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; naturalisé en Amérique.

On a décrit 1 race et 2 variétés de cette espèce ; ce sont les suivantes :

Variété concolor Rouy (concolore).
Corolle de couleur blanchâtre et dont les nervures ne sont pas d'une teinte foncée. (Çà et là, assez rare ou rare).

H. agrestis Kit. (J. agreste)
Feuilles peu divisées ; les inférieures (au-dessus de celles qui sont en rosette à la base) présentent un court pétiole ; fleurs à pédoncules non distincts ; plante assez grêle, peu rameuse. (Çà et là dans les terrains secs ou peu argileux).

Variété pallidus Rouy (pâle)
Mêmes caractères que la race H. agrestis, mais corolle dont les veines ne sont pas d'une teinte foncée. (Çà et là, rare).

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