Cette espèce, bien connue sous le nom vulgaire de « Bourrache », est originaire de l'Orient et de l'Asie mineure, mais s'est répandue par la culture dans les jardins et naturalisée dans presque toutes les contrées de notre Flore. C'est une plante de 15 à 60 cm, toute couverte de poils raides et presque piquants, dont les fleurs bleues (rarerement blanches ou purpurines) s'épanouissent depuis le mois d'avril jusqu'au mois de septembre.
Les feuilles sont plus ou moins ridées ; les inférieures sont relativement plus grandes et présentent un long pétiole terminé par un limbe obtus dont le contour est ovale ; les supérieures sont sans pétiole et leur limbe est un peu rétréci au-dessus de sa base, laquelle embrasse la tige. Le calice est à divisions étroites, s'accroissant un peu après la floraison et se rapprochant les unes des autres par leur sommet lorsque le fruit est mûr. La corolle est comme disposée sur un même plan, à 5 grands lobes aigus, réunis entre eux seulement par leur base qui forme à peine un tube extrêmement court. L'ensemble des anthères se dresse en un cône très saillant au milieu de la fleur. Le nectaire est constitué par 4 masses saillantes opposées aux 4 parties de l'ovaire et à leur base ; la partie inférieure de la corolle qui est renflée au-dessous des 5 écailles met obstacle à la sortie latérale du trop-plein de nectar, et ce liquide sucré suinte entre les quatre parties de l'ovaire et souvent se condense en gouttelettes à la base du style. Les fruits mûrs sont bruns, très obtus au sommet, marqués de sillons et couverts de petits tubercules.
C'est une plante annuelle, à tiges et feuilles épaisses, exhalant une odeur un peu fétide lorsqu'on les froisse ; la racine principale est très développée. (On a décrit diverses anomalies de cette espèce : rameaux de l'inflorescence fasciés, c'est-à-dire soudés entre eux ; fleurs à 4 sépales, 4 pétales, 4 étamines ; fleurs à 6 sépales, 6 pétales, 6 étamines ; fleurs verdies ; petits bourgeons naissant sur l'axe de la fleur au-dessous de l'ovaire ; plantules dont les 2 cotylédons deviennent exceptionnellement grands, etc.).
Noms vulgaires. En français : Bourrache, Bourrache commune, Bourrage. En anglais : Common-Borage, Beebread. En allemand : Boretsch, Blaue-Himmelstern. En flamand : Gewone-Bernagie, Steekneusjes. En italien : Borrana-salvatica.
Usages et propriétés. Ses feuilles servent parfois à assaisonner les potages ; en Angleterre et en Italie, on consomme quelquefois les feuilles et les fleurs cuites ou frites ; les feuilles hachées et confites dans du vinaigre peuvent être utilisées comme hors-d'œuvre et les fleurs fraîches seules ou mélangées aux fleurs de Capucine pour décorer les salades. La plante est cultivée dans les jardins et parfois même en grand, dans les champs. Les fleurs fournissent une couleur verte employée en teinture. Les abeilles visitent avec activité les fleurs de cette espèce et y récoltent un nectar abondant auquel on a reproché à tort de provoquer la dysenterie des abeilles ; en Amérique, la plante est parfois cultivée en grand comme plante mellifère. La Bourrache possède d'importantes propriétés sudorifiques et les fleurs sont très souvent employées pour faire de la tisane qui facilite la transpiration, l'expectoration et est usitée contre la toux ; les feuilles et les fleurs sont émollientes, diurétiques, diaphorétiques et ont été appliquées au traitement des fièvres éruptives (rougeole, scarlatine) ; on s'en sert aussi dans la médecine vétérinaire ; parfois on substitue, à tort, des fleurs de Buglosse ou des fleurs de Vipérine à celles de Bourrache. La plante renferme beaucoup de substances gommeuses, de l'azotate de potassium et du malate de calcium ; l'analyse des cendres de la plante a donné pour cent : 46,8 de potasse ; 19,3 de chaux ; 11,2 de silice ; 12,2 d'acide phosphorique ; 6,2 de chlore ; 3,3 d'acide sulfurique ; 1,9 de magnésie ; 1,88 de soude ; 1,3 de sesquioxide de fer.
Distribution. Peut se trouver sur les montagnes dans les jardins et les cultures des habitations les plus élevées. France : assez commun, en général. Suisse : çà et là, souvent fugace. Belgique : subspontané, çà et là.
Europe : cultivé et naturalisé dans presque toute l'Europe, surtout dans l'Europe centrale et méridionale. Hors d'Europe : Asie-Mineure ; naturalisé dans beaucoup de contrées tempérées de l'Ancien et du Nouveau Continent.