Cette curieuse espèce, à tige raide terminée par une seule inflorescence formée d'assez grandes fleurs d'un violet foncé souvent presque noir, parfois d'une teinte violacée grise, rarement blanches, croît dans les marais ou les prés tourbeux des montagnes, et ne se trouve qu'exceptionnellement dans la plaine. La plante mesure de 15 à 60 cm de hauteur, et fleurit depuis le mois de juillet jusqu'au mois de septembre.
Les feuilles, peu nombreuses le long de la tige, sont opposés, entières, marquées de 5 ou 7 nervures principales ; les feuilles de la base sont atténuées en un long pétiole ; les autres ont un court pétiole ou sont sans pétiole. Les fleurs sont disposées à l'extrémité de la tige en une grappe composée dressée. Le calice est à 5 divisions étroites. Les lobes de la corolle, ovales-allongés, aigus, étalés en étoile quand la fleur s'épanouit, ne sont réunis entre eux que par leur base ; chaque lobe porte intérieurement, sur sa partie inférieure, 2 fossettes nectarifères ciliées sur les bords, et est marqué sur la face interne, dans sa moitié supérieure, de ponctuations foncées ou même noires. Le fruit mûr est ovoïde et contient des graines ciliées sur leur pourtour.
C'est une plante vivace, sans poils, à tiges florifères dressées, à tige souterraine assez courte, oblique, noirâtre, munie de nombreuses racines adventives. La plante se perpétue ou se multiplie par des bourgeons qui prennent naissance sur la tige souterraine. (On a décrit diverses anomalies de cette espèce : feuilles verticillées par 4 ; fleurs dont les paires semblables sont disposées par 4, ou par 6 et à 3 carpelles ; fleurs verdies, etc.)
Noms vulgaires. En allemand : Feuchter, Drüsenenzian, Sumpfenzian. En italien : Genziana-stellata. En anglais : Marsh-felwort.
Usages et propriétés. Cultivé comme plante ornementale. Employé comme vulnéraire par les Russes et les Tartares. Les cendres de la plante renferment, pour cent : 28,7 de potasse ; 18 de chaux ; 11,8 d'acide phosphorique ; 7,6 de magnésie ; 2,7 d'acide sulfurique ; 6,2 d'acide silicique ; 4,4 d'alumine ; 3,3 d'oxyde de fer ; 2,7 de soude ; 2,7 de chlore.
Distribution. Peut se trouver sur divers sols, mais préfère parfois les terrains siliceux, comme en Dauphiné par exemple ; peut s'élever jusqu'à 2.500 m d'altitude. France : massif jurassien (en haut de la zone des sapins) ; Bugey ; Alpes (rare ou assez rare) ; Cévennes (très rare : marais de l' Aubrac) ; Auvergne (très rare : marais de la Croix-Morand) ; Ardèche, Corbières, Pyrénées (commun ou assez commun) ; très rare dans les basses montagnes ou les plaines : marais de Silly-la-Poterie dans l'Aisne ; Essartois et Val-des-Choucs aux environs de Châtillon-sur-Seine, dans la Côte-d'Or. Suisse : assez rare dans le Jura suisse et dans les zones subalpine et alpine des Alpes ; manque dans les cantons de Genève, Soleure, Argovie, Bâle, Uri, Schaffhouse, Thurgovie et Tessin.
Europe : Europe méridionale et centrale. Hors d'Europe : Caucase.