Les formes que l'on peut recueillir sous ce nom sont des plantes à feuillage décoratif, toujours vert, et à jolies fleurs bleues, violacées, rarement blanches, qui s'épanouissent depuis le mois de février jusqu'au mois de juin, parfois aussi en automne. On les trouve dans les bois, les haies, les fossés, les rochers ombragés ou les endroits frais de la plupart des contrées de notre Flore. Les tiges rampantes peuvent atteindre jusqu'à 2 ou 3 mètres de longueur ; les rameaux florifères ont de 10 à 35 cm de hauteur.
Les feuilles sont opposées, luisantes, à nervure principale très marquée et à nervures secondaires peu apparentes et rameuses. Dans les forêts ou dans les bois dont le sol est frais et ombragé, cette espèce forme assez souvent un revêtement décoratif du sous-sol sur une assez grande surface. Les fleurs sont solitaires, sur des pédoncules assez allongés et situés à l'aisselle des feuilles. Le calice ne porte pas de poils glanduleux et ses divisions étroites sont longuement en pointe au sommet. Le tube de la corolle est un peu élargi à la hauteur des étamines et ensuite un peu resserré au-dessus, à la gorge qui est poilue et à 5 angles. Les étamines sont renfermées dans le tube de la corolle. Le style se termine par une pointe à pinceau de poils qui surmonte un stigmate glutineux en anneau, lequel se prolonge en une membrane renversée. Les nectaires sont formés de deux masses charnues et jaunâtres plus ou moins divisées en lobes, un peu plus grandes que les deux carpelles et alternant avec eux ; il se fait dans ces nectaires une accumulation importante de sucres (saccharose et glucose).
C'est une plante vivace qui produit au printemps deux sortes de tiges : les unes couchées et s'enracinant dès le début ne présentent absolument que des feuilles ; les autres, portant ordinairement une seule fleur, sont d'abord dressées, puis deviennent retombantes et s'enracinent. Ces tiges s'atrophient à leur extrémité avant l'hiver et ce sont d'autres tiges, ramifications de ces tiges enracinées qui continueront la végétation à la saison suivante. Aux endroits où les nœuds sont enracinés, la tige peut s'épaissir à la base persistante des tiges détruites. Les rameaux florifères ne portent qu'une, deux ou trois fleurs. (On trouve quelquefois des exemplaires spontanés à fleurs doubles).
Le type principal (Vinca minor L.) se reconnaît à ses feuilles ovales-allongées, sans poils, à ses rameaux florifères de 10 à 20 cm en général, au calice sans poils dont les divisions n'atteignent pas la moitié de la longueur du tube de la corolle, aux lobes de la corolle qui sont coupés en coin, obliquement.
Noms vulgaires. En français : Pervenche, Violette-de-serpent, Violette-de-sorcier. En allemand : Immergrün, Sinngrün, Todtenveilchen. En flamand : Maagdepalm, Pervange, Medekens-bloem. En anglais : Periwinkle, Bank-plant-cut'finger. En italien : Pervinca, Finr-di-morto, Mortine.
Usages et propriétés. Les abeilles ne visitent ordinairement les fleurs que lorsque le tube de la corolle a été percé par les Bourdons sauvages. Cultivé comme plante ornementale. Il existe plusieurs variétés horticoles du type principal (Vinca minor), par exemple à feuilles panachées, à fleurs violacées, pourpres ou blanches, simples ou doubles. On connaît aussi diverses variétés horticoles de la sous-espèce Vinca major : variété « elegantissima » à feuilles tachetées de blanc et délicatement bordées ; variété « alba » à fleurs blanches ; variété « reticulata » dont les feuilles sont panachées de jaune à taches formant un réseau doré, etc. L'espèce est astringente, vulnéraire, détersive ; les feuilles et les jeunes tiges sont employées contre les crachements de sang et les faibles accès de diarrhée ou de dysenterie ; on les utilise en gargarismes contre les ulcérations de la bouche ; coupé avec du lait, l'extrait des feuilles a été administré contre la phtisie. Les feuilles contiennent une substance amère amorphe nommée vincine ; elles renferment aussi de la carotine.
Distribution. Ne s'élève pas ordinairement au-dessus de 1.200 m d'altitude. France : le type principal (Vinca minor) est en général commun ou assez commun sauf dans la Région méditerranéenne où il est rare ou assez rare. La sous-espèce Vinca major est en général assez commune ou assez rare dans le Midi, le Sud-Est, une partie du Centre et l'Ouest ; on peut la trouver ailleurs à l'état subspontané. La sous-espèce Vinca média croît dans la Région méditerranéenne et est parfois naturalisée dans le Centre et l'Ouest. Suisse : le type principal (Vinca minor) est commun ; la sous-espèce (Vinca major) est subspontanée dans le Sud et l'Ouest de la Suisse. Belgique : le type principal (Vinca minor) est assez commun dans les Régions hesbayenne, houillère et jurassique, assez rare dans la Région de l'Ardenne, rare dans la Région campienienne, extrêmement rare dans la Région littorale. La sous-espèce (Vinca major) est cultivée et rarement subspontanée.
Europe : toute l'Europe, sauf la zone arctique. Hors d'Europe : Asie-Mineure ; Nord de l'Afrique (cette dernière indication est relative seulement à la sous-espèce V. major ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.
On a décrit 2 sous-espèces de cette espèce ; ce sont les suivantes :
V. major L. (P. majeure)
Cette plante, bien connue sous le nom de « Grande Pervenche » se reconnaît à ses feuilles ovales, un peu en cœur renversé à la base, et dont les bords sont poilus et ciliés, aux rameaux florifères qui mesurent ordinairement de 30 à 50 cm de longueur ; le calice a les divisions bordées de cils et atteignant presque le haut du tube de la corolle qui a environ de 4 à 5 cm de largeur et dont les lobes sont comme coupés obliquement en coin. (Midi de la France, une partie du Centre et de l'Ouest ; Sud-Est ; peut se trouver à l'état subspontané ailleurs en France, ou en Belgique, ou encore dans le Sud et l'Ouest de la Suisse).
V. media Hoffig. et Link (P. intermédiaire)
Feuilles à limbe ovale et plus ou moins arrondi à la base, sans poils ; rameaux florifères d'environ 25 à 30 cm de longueur ; calice à divisions non ciliées, atteignant à peine le tiers ou la moitié de la longueur de la corolle qui est large de 3 à 4 cm et dont les lobes sont obliquement en pointe, presque en forme de losange. (Région méditerranéenne).