Lentibulariaceae - - Pinguicula vulgaris (L.)

Grassette vulgaire

Cette espèce, qui renferme beaucoup de formes différentes, croît dans les prairies marécageuses, les rochers ou les pelouses humides dans presque toutes les contrées de la France et de la Suisse mais fait défaut dans la Région méditerranéenne et est extrêmement rare en Belgique. Ses élégantes fleurs violettes, d'un violet-pourpre ou lilas à gorge tachée de violet (très rarement rose ou d'un blanc rosé) surmontent solitaires une rosette de feuilles. Ce sont des plantes de 5 à 15 cm qui fleurissent depuis le mois d'avril ou de mai jusqu'au mois d'août, et parfois encore en septembre dans les montagnes.
Toutes ces plantes ont les caractères communs suivants. Les feuilles sont ovales ou ovales-allongées, parfois même très allongées. Le calice est plus ou moins glanduleux, à divisions bien plus courtes que la corolle, ovales ou ovales-oblongues. La corolle mesure de 10 à 20 millimètres de longueur (sans compter l'éperon) l'éperon a plus de 4 millimètres de longueur et est droit ou très peu arqué, beaucoup plus long que large et plus ou moins en pointe allongée. Les fruits sont ovoïdes ou ovoïdes-coniques.
Ce sont des plantes vivaces qui se perpétuent et se multiplient par des bourgeons nés sur la tige souterraine. Parmi les plantes du genre, cette espèce a été citée spécialement comme plante Carnivore, et on a supposé qu'elle se nourrissait en digérant les insectes qui se posent sur ses feuilles, desquelles on aurait extrait un suc peptonique a propriétés digestives. De nombreuses expériences ont démontré l'inanité de cette hypothèse. En ce qui concerne, en particulier, cette soi-disant substance peptonique, le suc pur des feuilles n'en contient jamais ; des substances ayant quelque rapport éloigné avec les peptones proviennent de Bactéries qui se trouvent quelquefois sur la plante. On a supposé aussi parfois que les insectes pouvaient être attirés par les fleurs, contenant du nectar, et que de là, ils pouvaient aller sur les feuilles de la plante, mais les nectaires de ces plantes ne produisent qu'une substance mucilagineuse et ne donnent pas de liquide sucré.
Le type principal se reconnaît à la corolle qui mesure de 10 à 15 millimètres de longueur (sans compter l'éperon), à l'éperon assez grêle, mince, non arqué, ne dépassant pas la moitié du reste de la corolle, laquelle est plus longue que large, violette, à lobes de la lèvre inférieure profondément séparés les uns des autres, plus longs que larges ; les feuilles sont ovales, non très allongées.

Noms vulgaires. En français : Grassette, Herbe-grasse, Langue-d'oie, Tue-brebis, Herbe-huileuse. En allemand : Blaues-Fettkraut, Schmeerkraut, Butterkraut, Bergsanickel. En flamand : Boterkruid, Smeerblad, Vetkruid, Vetblad, Bergsanikel. En italien : Erba-da-taglio porporina. En anglais : Bog-violet, Butter-root, Thickening-grass.

Usages et propriétés. Les feuilles fournissent une teinture jaune ; elles provoquent la coagulation du lait et les Lapons utilisent cette propriété pour faire cailler le lait de renne ; les paysans de quelques contrées, en Danemark par exemple, se sont servis comme pommade de la substance grasse des feuilles. L'espèce et les sous-espèces sont cultivées comme plantes ornementales pour décorer les endroits humides des parcs ou des jardins. La plante fraîche est vulnéraire, vomitive et purgative.

gedit 201*.htm Distribution. Dans certaines contrée, l'espèce préfère plutôt les terrains calcaires, mais, dans la plupart des cas, on peut la rencontrer sur les sols les plus divers ; peut s'élever, dans les Alpes jusqu'à 2.200 m d'altitude. France : presque toutes les contrées de la France sauf la Région méditerranéenne, mais de distribution très inégale ; par exemple : très commun dans les hautes Vosges, commun dans le Jura, assez commun dans les Alpes, commun dans les Pyrénées, rare dans les parties montagneuses avoisinant la Région méditerranéenne, assez commun aux Environs de Paris, assez rare en Normandie, dans l'Aveyron, la Lozère ; rare ou très rare dans l'Ouest, etc. Suisse : assez commun. Belgique : extrêmement rare ; signalé dans la Région campinienne.
Europe : presque toute l'Europe, surtout l'Europe centrale et septentrionale jusqu'en Islande. Hors d'Europe : Arménie, Tauride, Sibérie ; Amérique du Nord.

On a décrit 3 sous-espèces, 5 races, 2 variétés et 2 sous-variétés de cette espèce ; ce sont les suivantes :

P. leptoceras Rchb. (G. à éperon court)
Eperon égalant environ le tiers du reste de la corolle ; calice à divisions de la lèvre supérieure arrondies et peu séparées les unes des autres, à lobes de la lèvre inférieure étroits, allongés, écartés l'un de l'autre, presque séparés entre eux jusqu'à la base du calice ; corolle d'un bleu violet, ayant à la gorge 1 ou 2 taches blanchâtres avec des poils jaunes, à peu près aussi large que longue (sans compter l'éperon), de 15 à 20 mm de longueur, à lobes tous notablement plus larges vers le haut qu'à leur base, les trois lobes de la lèvre inférieure rapprochés les uns des autres ; plante de 6 à 10 cm à feuilles ovales ou de contour elliptique, mesurant, en général, de 25 à 30 mm de longueur sur 12 à 16 mm de largeur. (Rare et disséminé : au-dessus de Gex, dans l'Ain ; Plateau-Central à Pierre-sur-Haute dans la Loire, aux sources de Mézenc dans la Haute-Loire ; Brizon dans la Haute-Savoie ; col du Frêne près de Chambéry ; Cirque de Gavarnie dans les Hautes-Pyrénées ; çà et là en Suisse.

P. grandiflora Lam. (G. à grandes fleurs)
Eperon effilé, souvent un peu arqué, obtus au sommet, égalant les deux tiers, rarement la moitié du reste de la corolle ; calice à divisions 2 à 3 fois plus longues que larges ; corolle d'un violet pourpré (rarement lilacée, rose ou rosée), à lobes presque égaux entre eux, comme coupés au sommet, presqu'aussi longue que large (sans compter l'éperon) ; feuilles ovales ; plante de 5 à 15 cm (Jura, Alpes, Massif de l'Aubrac dans l'Aveyron, Corbières Pyrénées ; Jura suisse méridional).

P. reuteri Genty (G. de Reuter)
Fleurs d'un lilas-rose, violacées à la gorge, d'un violet pourpre à la base des lobes de la corolle ; calice à divisions de la lèvre supérieure obtuses ; éperon d'un lilas mêlé d'une teinte vineuse, d'abord arqué et pendant, puis incliné. (Chaîne jurassique : col de la Faucille, Lavatey, Montagne d'Allemagne, Pyrénées ; Jura suisse méridional).

P. juratensis Bernard (G. du Jura)
Corolle rosée ou d'un lilas cendré, rayée de violet et de bleu, à lobes courts et un peu ondulés sur les bords ; éperon grêle, aigu et droit ; calice à divisions de la lèvre supérieure à peu près aussi larges que longues. (Chaîne du Reculet et Crêt-de-la-Neige, dans le Jura ; Alpes (Brezon, La Fillière, Pinet, Goncelin).

P. arveti Genty (G. d'Arvet-Touvet)
Corolle violette panachée de blanc, de 15 à 18 mm de longueur (sans compter l'éperon), très ventrue, à tube très court, à éperon grêle, droit, égal environ à la moitié du reste de la corolle. (Massif du Mont-Viso, dans les Hautes-Alpes).

Sous-variété albescens Rouy (blanchâtre).
Corolle d'un blanc teinté de rose. (Rare ; dans les hautes montagnes) .

Sous-variété rosea Mutel (rose).
Corolle d'un beau rose, ayant à la gorge de nombreux poils glanduleux et roses. (Rare ; dans les hautes montagnes).

P. longifolia Ramond (G. à feuilles longues)
Corolle violette ou liliacée, tachée de blanc à la gorge avec des poils jaunâtres, comme comprimée, un peu plus longue que large, à lobes de la lèvre inférieure plus longs que larges, nettement séparés les uns des autres, à éperon un peu arqué, étroit, aigu, presque aussi long que le reste de la corolle ; feuilles ovales-allongées, parfois très allongées. (Hautes-Pyrénées, vallée supérieure de l'Aiguette dans l'Aude).

P. reichenbachiana Schindler (G. de Reichenbach).
Lèvre inférieure du calice à divisions divergentes, étroites et séparées entre elles presque jusqu'à la base du calice ; corolle à lobes arrondis ; fleurs de moins de 18 mm de longueur (sans compter l'éperon). (Causses des Cévennes ; vallée de la Roja, dans les Alpes maritimes).

Variété brevifolia Genty (à feuilles courtes).
Feuilles ovales ou à contour elliptique, atténuées en pétiole à leur base ; fleurs comme celles de la race P. Reichenbachiana. (Le Causse noir, dans l'Aveyron ; La-Tour-d 'Auvergne, dans le Puy-de-Dôme).

Variété Sixtina Rouy (d'après Briquet) (de Sixt).
Fleurs d'un violet foncé sauf l'éperon qui est plus pâle en dessous et la lèvre inférieure qui est blanche violacée seulement sur les bords antérieurs ; les autres caractères sont semblables à ceux du type principal. (Rare).

P. alpicola Rouy (G. des endroits alpins)
Corolle de même forme que celle du type principal, mais de 15 à 22 mm de longueur (sans compter l'éperon) ; feuilles à contour elliptique (et non triangulaire). (Assez commun ou assez rare dans les montagnes, surtout dans la zone subalpine).

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