Cette curieuse petite plante, dont la taille peut varier de 3 à 15 cm, se rencontre sur les rochers humides, dans les prairies marécageuses et au bord des torrents dans les hautes montagnes, où elle épanouit depuis le mois de juin jusqu'au mois d'août ses petites fleurs isolées, blanches tachées de jaune ou de pourpre, rarement à corolle lilacée, purpurine ou violette.
Les feuilles, qui ont en général moins de 2 cm de longueur, sont à contour elliptique et se recourbent plus ou moins par les bords du côté de la face supérieure. Les tiges florifères sont grêles. Le calice porte des poils glanduleux très petits, peu nombreux ou, beaucoup plus rarement, est sans poils ; ses divisions sont ovales, obtuses à leur sommet. La corolle ne mesure que 6 à 10 millimètres de longueur, présente deux lèvres très inégales et, dans son ensemble, est à peu près aussi large que longue ; le tube de la corolle est velu en dedans à sa partie supérieure ; l'éperon est gros et court, plus ou moins recourbé, et n'atteint que 2 à 3 millimètres de longueur ; il est comme comprimé et plus ou moins échaneré à son extrémité ; sa largeur à la base égale ou même dépasse sa longueur, laquelle est à peu près le quart de la longueur totale de la corolle. Les fruits sont ovoïdes.
C'est une plante vivace, dont la rosette de feuilles produit ordinairement 1 à 3 tiges fleuries, quelquefois plus ; la plante se perpétue et se multiplie par des bourgeons nés sur la tige souterraine. Le type principal est une plante de 3 à 6 cm, qui se reconnaît à l'éperon très peu courbé, à sa corolle de 6 à 8 millimètres, blanche avec une seule tache jaune sur la gorge.
Noms vulgaires. En anglais : Mountain-Butter-wort, White-flowered-Butter-wort. En allemand : Schmalztaschen, Weisses-Fettkraut. En italien : Erba-da-taglio alpina.
Usages et propriétés. Cultivé comme plante ornementale pour décorer les rocailles humides.
Distribution. Peut s'élever jusqu'à 2.200 m d'altitude ; descend souvent le long des torrents à d'assez basses altitudes et même parfois dans les plaines marécageuses de la Suisse. France : Jura (La Dôle, Le Reculet, Montagne-d'Allemagne), assez rare dans les Alpes et les Pyrénées. Suisse: Jura suisse, Alpes.
On a décrit 4 variétés de cette espèce ; ce sont les suivantes :
Variété bimaculata Wahlbg. (à 2 taches).
Calice à lèvre supérieure dont la division du milieu est plus petite et plus obtuse que les deux autres ; corolle de 8 à 10 mm, blanche, portant à sa gorge 2 ou 3 taches jaunes ou pourprées se réunissant à leur base, parfois une seule tache ; lobes de la lèvre supérieure de la corolle arrondis, ceux de la lèvre inférieure étant comme coupés à leur sommet. (Alpes).
Variété villosa Cariot et St-Lager (velue).
Tiges florifères velues ; fleurs rougeâtres. (Jura, Alpes, Pyrénées).
Variété Lemaniana Beauverd (du Léman).
Corolle lilacée, à lobe du milieu de la lèvre inférieure de forme ovale presque arrondie ; lobes de la lèvre supérieure ovales ; plante souvent à tiges florifères nombreuses partant de la rosette de feuilles. (Au pied du Mont Vouant, dans la Haute-Savoie).
Variété Gavei Rouy (de Gave)
Corolle d'un violet améthyste à gorge tachée de jaune ; calice et tige florifère sans poils ; feuilles portant de très petits poils sur leur face supérieure ; éperon jaunâtre ; lobes de la corolle comme coupés en travers à leur sommet. (Saint-Jean de Tholome, dans la Haute-Savoie).