Ce beau sous-arbrisseau, de 30 à 80 cm de hauteur, connu sous les noms de « Rosage » ou de « Laurier-rose des Alpes », se trouve le plus souvent en masse vers les limites de la flore subalpine et de la flore alpine où il constitue une zone spéciale désignée sous le nom de « zone des Rhododendrons » ; cette zone est visible de loin sur les montagnes, au-dessus de la zone des sapins, et paraît d'une manière éclatante depuis le mois de juin jusqu'au commencement du mois d'août lorsque ces sous-arbrisseaux se couvrent de leurs nombreuses fleurs rouges (très rarement blanches). Cette espèce croît sur les rochers, dans les rocailles, les pâturages et parfois dans les forêts.
Les feuilles sont coriaces, persistantes, à court pétiole, sans poils et non ciliées, à limbe ovale-allongé, entier, aigu dans sa partie supérieure ; elles sont luisantes et vertes sur la face supérieure, d'abord blanchâtres sur la face inférieure qui devient ensuite écailleuse et prend une teinte couleur de rouille. Les fleurs sont dispersées par 4 à 8 en grappes courtes ayant presque l'aspect d'ombelles simples. Le calice est relativement très petit, à divisions courtes, élargies, obtuses, peu marquées, sans poils. La corolle, un peu en forme d'entonnoir, présente 5 divisions ayant à peu près la moitié de sa longueur totale ; ces divisions sont ovales, étalées en dehors et ont leur partie la plus large un peu au-dessus de leur milieu ; elles sont sans poils et sans petits cils sur les bords. Le tube de la corolle est velu en dedans ; toute la corolle est parsemée de très petits tubercules glanduleux, et porte en dehors des taches couleur de rouille. Les fruits sont ovoïdes-allongés.
C'est un sous-arbrisseau à tiges tortueuses et rameuses dès la base, formant buisson, et dont les bourgeons souterrains peuvent produire de nouvelles tiges. Une étude physiologique et anatomique des pieds de cette espèce croissant dans la vallée de Chamonix, depuis 1.075 m d'altitude (vallée) jusqu'à 2.560 m d'altitude où se trouvent encore des exemplaires rabougris et ne fleurissant pas, ont montré que l'optimum de structure et par suite des fonctions des feuilles se trouve à l'altitude de La Tapiaz (1.880 m.) ; là, les feuilles des Rhododendrons sont le mieux disposées pour l'assimilation. (G. Bonnier). (On a décrit des exemplaires anormaux présentant diverses déformations des fleurs).
Noms vulgaires. En français : Rosage, Laurier-rose des Alpes, Rose-des-Alpes, Romarin-sauvage, Résenin (Valais), Rosa-lai (Vaud), Arzelai (Haute-Engadine), Giup (Tessin). En allemand : Röslein, Rost-Alpenrose, Rosheide. En anglais : Alpine-Rose. En flamand : Alpenroos, Bruinbladige-Roozelaar. En italien : Leandro-salvatico, Rosa-delle-Alpi.
Usages et propriétés. Les tiges sont employées comme combustible dans les montagnes ; les bergers s'en servent pour faire du feu dans leurs cabanes. Cultivé comme plante ornementale. Les abeilles trouvent dans les fleurs un nectar abondant et de bonne qualité qui est produit par dix petites masses nectarifères distinctes situées tout autour de la base de l'ovaire. L'infusion des feuilles ou mieux l'extrait par l'huile a servi contre les maladies de peau, contre les maladies des reins et les douleurs rhumatismales, mais ce remède est d'un emploi assez dangereux. Les feuilles renferment de l'arbutine, de l'éricoline, do l'acide rhodotannique, des acides formique et citrique, de la cire et 0,123 pour cent d'une huile essentielle spéciale qui se trouve aussi dans les fleurs. Vénéneux.
Distribution. En France, cette espèce, qui est seule du genre, peut croître sur tous les terrains ; dans les Alpes centrales où elle existe en concurrence avec le Rhododendron hirsutum, ce dernier se trouve plutôt sur les terrains calcaires tandis que le Rhododendron ferrugineum préfère alors les terrains siliceux ; dans la région des Alpes orientales, où le Rhododendron ferrugineum fait défaut, le Rhododendron hirsutum, seule espèce du genre en ces contrées, peut se développer sur tous les terrains ; c'est là un exemple typique de l'influence que peut avoir la concurrence vitale entre espèces voisines sur leur distribution par rapport à la nature des terrains. En France et en Suisse, la zone spéciale où le Bhododendron ferrugineum se plaît de préférence et en masse est ordinairement limitée entre 1.450 m et 2.450 m d'altitude, mais d'une part, on peut rencontrer la plante à de plus grandes altitudes (jusqu'à 3.000 m dans les Alpes), et, d'autre part, elle peut descendre à des altitudes plus basses, par exemple : jusqu'à 1.200 m au-dessous de La Faucille du côté de Gex ; jusqu'à 1.075 m dans la vallée de Chamonix ; jusqu'à 850 m dans la vallée d'Aure (Pyrénées) ; jusqu'à 640 m au Roc de Chère, au-dessus de Valloire, près du Lac d'Annecy ; jusqu'à 400 m., en Suisse, lorsque des terres ont été entraînées par des avalanches. France : Jura, Alpes (rare dans la Drôme et les Alpes de Provence), Corbières, Pyrénées. Suisse : Jura suisse, Alpes.
Europe : Pyrénées espagnoles et françaises, France, Suisse, Italie, Europe centrale.