Ce sont des arbrisseaux qui peuvent atteindre 1 à 4 mètres de hauteur, sur 30 à 60 cm de circonférence à la base. Ils ornent de leurs très nombreuses fleurs blanches, d'un blanc-rosé ou d'un rose très pâle, portées sur de multiples rameaux, les talus, les landes, les buissons, les bois ou les coteaux du Midi et de l'Ouest de la France. La plante fleurit de mars en mai pour le type principal, et de janvier en mars pour la sous-espèce.
Ces arbrisseaux ont les caractères communs suivants. Les rameaux sont velus et hérissés. Les feuilles, verticillées par 3 ou 4, sont très étroites, beaucoup plus longues que larges, creusées d'un sillon sur la face inférieure, sans poils et sans cils, longues de 4 à 6 millimètres. Le calice présente des divisions assez larges et mesure du sixième au tiers de la longueur de la corolle, laquelle compte de 3 à 4 millimètres de longueur, est en cloche ou en entonnoir et se termine par des divisions élargies, obtuses au sommet, ayant du quart à la moitié de la longueur totale de la corolle. Les étamines ne dépassent pas la corolle et leurs anthères, dont les deux loges sont séparées entre elles presque jusqu'à leur base ou au moins dans leur moitié supérieure, portent chacune deux appendices plus ou moins poilus insérés à la base de l'anthère. Les fruits sont sans poils.
Ce sont des arbrisseaux dont les fleurs sont groupées en grappes composées très rameuses et ne formant pas de longues inflorescences très étroites le long des rameaux. Ces arbrisseaux peuvent se multiplier par des bourgeons nés sur les tiges souterraines ou quelquefois par des bourgeons adventifs produits par les racines. (On a décrit des exemplaires à fleurs ça et là soudées entre elles et donnant en apparence des fleurs anormales à 12 sépales, 12 pétales, 16 étamines et 12 carpelles).
Le type principal se reconnaît à ses rameaux blanchâtres garnis de poils qui sont pour la plupart ramifiés, aux petits rameaux portant directement les fleurs, qui sont plus longs que la corolle et sont munis vers leur base de deux très petites bractées, au calice dont les divisions ont environ le tiers de la longueur totale de la corolle, à la forme de la corolle qui est en cloche ou un peu ovoïde.
Noms vulgaires. En anglais : Tree-Heath. En allemand : Baumheide. En flamand : Boomheide, Groote-Heide. En italien : Scopa-arborea, Scoponi-da-bosco, Stipa.
Usages et propriétés. Le bois de ces arbrisseaux est très lourd, dense, à grain fin, homogène, serré, de couleur rouge-cramoisi, susceptible d'acquérir un beau poli, très employé pour fabriquer les pipes et divers menus objets ; c'est un excellent combustible et le charbon de bois que l'on obtient avec ces arbrisseaux est l'un des meilleurs qui existe. Ces arbrisseaux sont très dangereux dans les incendies de forêts, car non seulement ils s'allument très rapidement, mais les morceaux enflammés qui s'en détachent et qui sont entraînés par le vent mettent facilement le feu à d'autres parties de la forêt ; aussi lorsque ces plantes sont abondantes on en fait souvent un débroussaillement spécial en vue d'écarter ce danger pour les incendies. Cultivé comme plante ornementale ; il en existe plusieurs variétés horticoles. Les fleurs sont visitées par les abeilles qui y recueillent un nectar abondant, à la fin de l'hiver ou au printemps, sur les nectaires situés à la base du pistil où le tissu nectarifère forme un anneau avec huit protubérances saillantes entre les filets des étamines. La plante a été employée contre la morsure des vipères.
Distribution. Préfère, en général, les terrains siliceux, mais peut croître parfois sur les terrains calcaires, par exemple entre Cuges et Aubagne dans les Bouches-du-Rhône et aussi dans quelques autres localités du Midi ; ne s'élève guère sur les montagnes au delà de 650 m d'altitude. France : le type principal peut se rencontrer dans tout le Midi, surtout dans la Région méditerranéenne, les Cévennes, les Corbières et les Pyrénées ; sa limite septentrionale est la vallée du Tarn (commun dans la zone littorale de la Provence et des Alpes-Maritimes, assez commun ou assez rare dans le Languedoc et le Roussillon, commun ou assez commun dans les Corbières et les Pyrénées, assez commun dans la Lozère, commun dans le Sud-Ouest de l'Aveyron, rare dans le Tarn et le Tarn-et-Garonne, etc.) ; la sous-espèce Erica lusitanica se trouve surtout dans le Sud-Ouest, au Sud de la Gironde et aussi dans le Finistère. Europe : Sud et Sud-Ouest de l'Europe. Hors d'Europe : Sud-Ouest dé l'Asie ; Nord de l'Afrique, Iles Madère et Canaries.
On a décrit 1 sous-espèce de cette espèce ; c'est la suivante:
E. lusitanica Rudolphi (B. du Portugal)
Rameaux d'un blanc-grisâtre, à poils tous simples ; petits rameaux, portant directement chacun une fleur, égalant environ la longueur de la corolle ou un peu plus courts, et munis de 2 très petites bractées situées vers leur milieu ; calice à divisions n'ayant que du quart au sixième de la longueur de la corolle, laquelle est ovale, en entonnoir et mesure environ 4 mm de longueur (et non 3 mm).