Asteraceae - - Hieracium murorum (L.)

Épervière des murs

Les formes extrêmement nombreuses que l'on peut grouper sous ce nom général croissent dans les bois, les landes, les bruyères, sur les murs, les rochers, dans les prés ou les endroits rocailleux ; le type principal et quelques sous-espèces sont répandus dans toutes les contrées de notre Flore ; les autres se trouvent en diverses contrées, plus souvent dans les régions montagneuses. Ce sont des plantes dont la taille peut varier de 6 cm à 1 m de hauteur et dont les capitules de fleurs jaunes se montrent depuis le mois de mai (quelquefois depuis le mois d'avril) jusqu'en septembre.
Toutes ces plantes ont les caractères communs suivants. L'involucre a ses bractées irrégulièrement disposées, les extérieures plus courtes et inégales. Les feuilles inférieures, sans poils glanduleux et sans poils plumeux, sont pourvues d'un pétiole et, en général, ce pétiole est très net. Les feuilles situées le long de la tige, au-dessus de la rosette de feuilles qui persiste à la base de la tige fleurie, ou bien ne sont pas développées, ou bien, lorsqu'elles sont développées, n'embrassent pas la tige par leur base (très rarement à peine un peu embrassantes). Les poils des feuilles sont simples, denticulés. Les fleurs ont des languettes ordinairement sans poils (très rarement ciliées). Les fruits mûrs, noirs ou noirâtres (très rarement d'un brun rougeâtre), mesurent environ de 2 millimètres et demi à 4 millimètres de longueur (sans compter l'aigrette).
Ce sont des plantes vivaces qui se perpétuent par des bourgeons souterrains se développant à l'automne et produisant une rosette de feuilles entourant une tige qui sera la tige florifère de la saison suivante. Des échantillons du type principal ont été cultivés comparativement à Fontainebleau et sur la chaîne du Pic d'Arbizon, dans les Pyrénées, à 2.400 m d'altitude. Les exemplaires de cette dernière station ont produit des plantes beaucoup plus petites, à fleurs plus éclatantes, à feuilles plus épaisses, plus vertes, plus poilues, ayant un pétiole relativement moins long (G. Bonnier). (On a décrit de nombreuses anomalies de cette espèce : verdissement des fleurs ; torsion et soudure des tiges ; feuilles presque en verticille ; production de capitules secondaires autour ou au niveau du capitule normal ; deux feuilles de la rosette basilaire devenant beaucoup plus grandes que les autres et présentant de petites lames allongées, le long de la nervure principale, etc.). Le type principal se reconnaît aux feuilles de la base, bordées de poils mous, à limbe comme coupé à la base ou plus ou moins en cœur renversé, brusquement rétréci en un pétiole très net et allongé ; il y a ordinairement une seule feuille développée le long de la tige, au-dessus de la rosette de la base ; l'involucre est très poilu, recouvert surtout par de nombreux poils glanduleux ; la tige est rameuse au sommet, formant une inflorescence en corymbe dont les rameaux sont très glanduleux et plus ou moins flexueux ; l'involucre a ses folioles toutes aiguës au sommet.

Noms vulgaires. En français : Epervière-des-murailles, Pulmonaire-des-Français, Herbe-de-la-guerre, Herbe-aux-poumons, Herbe-à-l'épervier. En allemand : Mauerhabichtskraut, Milchurind-Kraut, Gelbes-Lungenkraut, Bruch-Kohl, Bruch-Lattich, Heidnisch-Wundkraut, Wundlattich. En flamand : Muur-havikskruid. En italien : Geracio-silvano. En anglais : French-lungwort, Golden-lungwort, Wall-hawkweed.

Usages et propriétés. Des variétés horticoles de cette espèce, et plus particulièrement celles à feuilles tachetées, sont cultivées pour décorer les vieux murs, les ruines et les rocailles. Les abeilles visitent les fleurs pour y récolter un nectar de très bonne qualité, mais presque exclusivement lorsque la plante croît à une assez grande altitude. La plante entière est adoucissante et vulnéraire, vermifuge, et a été employée contre les maladies de poitrine. Les parties souterraines renferment une assez forte proportion d'inuline.

Distribution. Peut s'élever jusque dans la zone alpine. France : commun, eu général, mais rare ou assez rare sur le littoral méditerranéen. Suisse : commun. Belgique : commun, mais assez commun seulement dans le Nord de la Belgique.
Europe : presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Asie ; Amérique arctique ; Labrador.

On a décrit 11 sous-espèces, 22 races et 136 variétés de cette espèce ; on a décrit aussi 26 hybrides entre cette espèce et diverses espèces ou sous-espèces d'Hieracium ; les 11 sous-espèces ainsi qu'un certain nombre de races ou de variétés intéressantes sont les suivantes :

H. nemorense Jord. (É. des bois)
Feuilles minces et d'un vert-pâle, à long pétiole assez grêle ; il y a 1 ou 2 feuilles, le long de la tige, au-dessus de la rosette de la base ; ces feuilles sont à limbe très aigu au sommet et à pétiole plus court que ceux des feuilles de la base les plus développées ; toutes les feuilles sont lâchement dentées ; les rameaux de l'inflorescence sont couverts de poils glanduleux fins. (Montagnes ; rare ou assez rare dans les plaines).

H. cinerascens Jord. (É. cendrée)
Feuilles cendrées et un peu glauques, souvent tachetées de brun, à limbe ovale, poilues sur les bords, sur les deux faces et sur les pétioles, à poils raides, en forme de soies ; il n'y a pas de feuille développée le long de la tige ou il n'y en a qu'une seule ; rameaux de l'inflorescence farineux et glanduleux ; plante fleurissant en avril et mai. (Çà et là, surtout dans la moitié méridionale de la France).

H. arnicoides G. G. (É. Faux-Arnica)
Feuilles inférieures à limbe largement ovale ou presque arrondi, à pétiole relativement très court, portant des petits poils sur les deux faces ; il y a 0, 1, 2 ou 3 feuilles développées le long de la tige ; capitules disposés en corymbe irrégulier, à rameaux inégaux ; involucre à bractées externes sensiblement moins aiguës au sommet que les bractées internes. (Pyrénées ; environs de Toulouse).

H. caesium Fries (É. bleuâtre)
Plante glauque ou même d'aspect bleuâtre ; tige de moins de 30 cm. de longueur, sans poils dans sa partie inférieure ; rameaux de l'inflorescence (ou partie supérieure de la tige) couverts de poils étoilés-farineux, avec des poils glanduleux peu nombreux ou sans poils glanduleux ; il n'y a pas de feuilles développées le long de la tige ou il n'y en a qu'une seule ; feuilles inférieures à limbe ovale ou ovale-allongé, denté ou même découpé dans sa partie inférieure, plus ou moins farineuses en dessous, à pétiole velu ; involucre sans poils glanduleux, à nombreux petits poils étoilés mêlés à des poils blancs floconneux. (Alpes de France et de Suisse).

H. subcaesium Fries (É. presque bleuâtre).
Feuilles plus ou moins glauques et non farineuses en dessous, à poils mous ; involucre peu poilu. (Alpes).

H. atratum Fries (É. noirâtre)
Involucre noirâtre, hérissé et glanduleux, à bractées externes moins aiguës que les internes ; fleurs à languettes ciliées ; plante plus ou moins glauque, à feuilles de la base dentées, à limbe assez allongé ; poilu sur les deux faces et à pétiole velu ; il n'y a pas de feuille développée le long de la tige ou il y en a une seule, parfois avec quelques bractées dans la partie supérieure de la tige ; cette dernière est poilue et un peu cotonneuse dans le haut. (Alpes).

H. epimedium Fries (É. Épimédium)
Involucre noirâtre, à bractées assez larges et obtuses au sommet, couvertes de poils glanduleux mêlés de quelques poils simples ; les feuilles situées le long de la tige sont au nombre de 1 à 3 et embrassent légèrement la tige par leur base ; les feuilles de la base sont poilues surtout sur les bords et sur la face inférieure ; elles sont peu à peu atténuées en pétiole ; leur limbe est entier ou régulièrement denté. (Vallée de Beaufort et environs de Pralognan, en Savoie).

H. bifidum Kitaibel (É. bifide)
Tige presque toujours divisée en deux dès la base ; involucre à bractées dressées vers le haut et dépassant le reste du capitule lorsque les fleurs sont encore en bouton ; ces bractées sont vertes, à poils étoilés-farineux mêlés de poils simples, quelquefois aussi de poils glanduleux peu nombreux ; feuilles ovales-allongées, s'atténuant en pétiole à la base ; il y a 1 ou 2 feuilles étroites, développées le long de la tige, parfois il n'y en a aucune ; les feuilles sont toutes vertes en dessus et plus ou moins glauques ou même bleuâtres en dessous, lâchement poilues, à poils plus ou moins raides, sur la face inférieure, à poils mous sur les pétioles ; fruits mûrs d'un brun rougeâtre ; styles jaunes. (Çà et là dans le Centre et la partie méridionale de la France).

Variété taraxacifolium Arvet-Touvet (à feuilles de Pissenlit).
Feuilles les pins intérieures de la rosette à limbe terminé en pointe aiguë, profondément découpé en segments. (Çà et là).

H. stelligerum Frölich (É. étoilée)
Plante de 6 à 20 cm, blanchâtre, à poils étoilés nombreux, sans poils simples et sans poils glanduleux ; feuilles couvertes sur les deux faces d'un revêtement blanc-cendré formé par des poils fins, cotonneux, étoiles et serrés, à limbe très fortement denté ou découpé vers la base, s'atténuant plus ou moins brusquement en pétiole ; il n'y a pas de feuilles développées le long de la tige, ou il s'en trouve une ou deux ; rameaux de l'inflorescence et involucres cotonneux ; styles jaunes ; fruits mûrs d'un brun-rougeâtre foncé. (Parties montagneuses de l'Hérault et du Gard).

H. divisum Jord. (É. divisée)
Plante d'un vert pâle et plus ou moins glauque ; involucre à bractées aiguës, dressées vers le haut, les extérieures presque étalées, toutes couvertes de poils étoilés farineux et de poils simples, mais portant peu ou pas de poils glanduleux ; tige souvent divisée vers le milieu de la partie fleurie, ou plus bas, parfois dès la base ; feuilles inférieures à limbe allongé, les unes aiguës, les autres obtuses, toutes insensiblement atténuées en pétiole ; au-dessus, se trouvent 2 à 5 feuilles développées le long de la tige, les supérieures très étroites ; fruits mûrs d'un rouge brun. (Çà et là, dans la plupart des contrées de notre Flore).

H. silvaticum Lara. (É. des forêts)
Cette sous-espèce importante comprend elle-même un très grand nombre de formes ; elle est répandue dans presque toutes les parties de notre Flore, dans les plaines, dans les montagnes et jusque dans la zone alpine. On la reconnaît aux caractères suivants. Feuilles situées à la base de la tige peu nombreuses ; les feuilles situées le long de la tige sont au moins au nombre de 2, mais presque toujours en assez grand nombre, les inférieures ayant un pétiole assez long, les moyennes à pétiole très court ou sans pétiole, les supérieures réduites à des bractées ; toutes ces feuilles sont vertes, non glauques, parfois tachetées de brun ; l'inflorescence est peu serrée, à rameaux couverts de poils étoilés-farineux et ordinairement aussi de poils glanduleux ; l'involucre est farineux et glanduleux, à bractées obtuses ou peu aiguës au sommet, même les bractées internes ; les styles sont le plus souvent d'une teinte livide ; les fruits mûrs sont noirâtres. (Commun en France, Suisse et Belgique, mais rare dans la Région méditerranéenne).

H. irriguum Fries (É. des endroits humides).
Feuilles relativement très grandes, celles de la base mesurant, le plus souvent, de 15 à 25 cm de longueur, lâchement dentées et à dents terminées chacune par une petite pointe ; 3 à 4 feuilles, le long de la tige, au-dessus de celles de la base, ovales-aiguës et allongées ; feuilles minces et comme translucides ; involucre noirâtre, très glanduleux ; styles d'une teinte livide. (Bord des ruisseaux, marais tourbeux, prairies humides : Alpes, Pyrénées).

H. diaphanum Fries (É. diaphane).
Feuilles comme membraneuses et translucides, d'un vert un peu glauque, denticulées vers le milieu du limbe, à pétiole assez court ; il n 'y a ordinairement que 2 feuilles développées le long de la tige, au-dessus de la base, rarement 3 ; involucre d'un vert plus ou moins noirâtre, à poils glanduleux nombreux ; styles jaunes. (Alpes, Pyrénées).

H. umbrosum Jord. (É. des endroits ombreux).
Plante de 40 à 80 cm, à tige creuse en dedans, à poils rudes, et, dans sa partie supérieure, à poils glanduleux. Feuilles de la base peu nombreuses, d'un vert pâle, ciliées, à limbe ovale, à pétiole assez élargi ; le long de la tige, au-dessus des feuilles de la base, se trouvent 2 à 4 feuilles qui vont en diminuant de grandeur, de bas en haut ; involucre couvert de longs poils glanduleux noirâtres ; fruits mûrs d'un brun rougeâtre foncé, de 3 millimètres de longueur (sans compter l'aigrette) ; styles d'une teinte livide. (Hautes-Alpes, aux environs de Gap et d'Embrun, dans les forêts).

H. fastigiatum Fries (É. fastigiée).
Feuilles ovales-allongées, d'un beau vert, celles de la base peu à peu atténuées en pétiole ; involucre à poils glanduleux fins. (Forêts des Alpes, de l'Auvergne, du Forez, des Corbières, des Pyrénées).

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