Asteraceae - - Hieracium sabaudum (L.)

Épervière de Savoie

On peut grouper sous ce nom général un nombre très considérable de formes croissant dans les bois taillis, les clairières, les landes, les bruyères, sur les rochers et les coteaux, et qui les unes ou les autres se rencontrent, souvent communément, dans presque toutes les contrées de notre Flore. Ce sont des plantes dont la taille peut varier de 20 cm à 1 mètre, et dont les capitules de fleurs jaunes s'épanouissent depuis le mois de juillet jusqu'au mois de septembre.
Toutes ces formes ont les caractères communs suivants. Les feuilles sont, en général, entières ou dentées, les inférieures détruites au moment de la floraison, les moyennes n'embrassant pas la tige par leur base ou l'embrassant à peine ; toutes sont sans poils plumeux et sans poils glanduleux sur leurs bords. Souvent, les feuilles inférieures sont plus ou moins longuement rétrécies vers leur base ou atténuées en pétiole, tandis que les feuilles moyennes sont sans pétiole. L'involucre a ses bractées toutes plus ou moins appliquées sur le reste du capitule, et les bractées externes ne sont pas recourbées en dehors dans leur partie supérieure, mais quelquefois plus ou moins étalées ; ces bractées sont revêtues extérieurement de poils étoilés, parfois mêlés à des poils simples ou glanduleux ; il en est de même des rameaux de l'inflorescence. La tige est plus ou moins rude ou couverte de poils raides, au moins dans sa partie inférieure. Les styles sont souvent bruns, brunâtres, d'une teinte livide, parfois jaunes. Les fruits mûrs, qui mesurent de 4 millimètres à 4 millimètres et demi de longueur (sans compter l'aigrette), sont presque toujours d'un brun-noirâtre, d'un pourpre foncé ou plus rarement d'un brun-rougeâtre.
Ce sont des plantes vivaces, qui se perpétuent par des bourgeons nés sur la tige souterraine ; ces bourgeons ne se développent pas en automne, mais seulement (presque toujours) au printemps suivant, et donnent souvent des rosettes de deux sortes : les unes produisent une tige florifère et les feuilles de la rosette se détruisent lors de la floraison ; les autres ont une tige courte, non florifère et les feuilles de la rosette persistent alors pendant plus longtemps. Sur les tiges florifères, les feuilles, qui se sont formées pendant une période sèche, sont très rapprochées entre elles, tandis que celles qui ont évolué pendant une période humide restent assez distantes les unes des autres. (On peut trouver des exemplaires à tiges fasciées, c'est-à-dire soudées entre elles dans leur longueur ; parfois les capitules des rameaux sont aussi soudés entre eux). Le type principal (Hieracium boréale Fries) se reconnaît à ses feuilles moyennes plus ou moins élargies à leur base, à ses feuilles inférieures souvent rapprochées en fausse rosette au-dessus de la base de la tige, et toutes longuement atténuées en pétiole à leur partie basilaire. L'involucre a les bractées externes plus étroites que les bractées internes et celles-ci sont obtuses ou presque obtuses à leur sommet ; les fruits mûrs sont d'un brun noirâtre.

Usages et propriétés. Plante vulnéraire et apéritive. La tige souterraine et les racines contiennent une assez forte proportion d'inuline.

Distribution. Ne s'élève guère au-dessus de 1.600 m d'altitude, sur les diverses montagnes, limité ordinairement entre 400 m et 1.400 m d'altitude dans les Cévennes ; se trouve dans le Jura, jusque dans la zone des sapins, mais non au-dessus. France : commun, en général, mais de distribution assez inégale ; par exemple : commun ou très commun dans l'Est et dans presque tout le bassin du Rhône ; assez commun dans l'Ouest, en Normandie, dans le Centre, dans le Sud-Est ; rare dans le Languedoc, etc. Suisse : commun, mais ne s'élève pas dans la zone alpine. Belgique : commun ou assez commun dans les Régions houillère, jurassique et de l'Ardenne ; assez commun ou assez rare dans les Régions hesbayenne et campinienne.
Europe : Presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Nord de l'Asie.

On a décrit 3 sous-espèces, 6 races et 74 variétés de cette espèce ; on a décrit aussi 2 hybrides entre cette espèce et l'espèce Hieracium prenanthoides, ainsi qu'un hybride entre le type principal et la sous-espèce Hieracium rigidum ; les 3 sous-espèces et les races ou variétés les plus remarquables sont les suivantes :

H. dumosum Jord. (É. des buissons)
Feuilles plus nombreuses et plus rapprochées les unes des autres vers le milieu de la tige, à dents étalées ou dirigées vers le haut de la feuille, longuement atténuées à leur base ; rameaux de l'inflorescence très farineux par la présence de nombreux poils étoilés, sans poils glanduleux, souvent couverts de longs poils blancs ; involucre à bractées revêtues extérieurement de nombreux poils blancs, sans poils glanduleux ou à poils glanduleux assez peu nombreux ; tige robuste, élancée, très poilue dans sa partie inférieure. (Assez commun en général).

H. obliquum Jord. (É. oblique)
Tige dressée plus ou moins obliquement et se terminant par une grappe un peu en forme de corymbe dont les capitules ont une tendance à se diriger d'un même côté ; feuilles d'un vert très foncé, rudes au toucher et très poilues, à dents nombreuses et peu profondes ; styles noirâtres ou d'une teinte livide ; fruits d'un pourpre noir ; un bourgeon, développé sur la tige souterraine, produit une rosette de feuilles après la floraison, et non au printemps suivant. (Çà et là, assez commun ou assez rare).

H. virgultorum Jord. (É. des broussailles)
Feuilles ovales-allongées, plus ou moins poilues ; rameaux de l'inflorescence farineux par la présence de très nombreux poils étoilés, ordinairement sans poils blancs allongés ; involucre à poils presque tous glanduleux. Cette race présente des formes très variables ; ou en a décrit 28. (Çà et là, commun ou assez commun).

H. vagum Jord. (É. errante)
Involucre à bractées sans poils ou presque sans poils ; rameaux de l'inflorescence peu ou pas farineux ; feuilles nombreuses, plus rapprochées les unes des autres vers le milieu de la tige, à dents inégales et étalées, les moyennes ayant leur base peu ou pas rétrécie. (Peu commun : Sud-Ouest, Environs de Paris, Champagne, Auvergne, Dauphiné, Lyonnais, etc.).

H. rigidum Hartmann (É. rigide)
Involucre à bractées toutes obtuses, les extérieures plus ou moins étalées dans leur partie supérieure, mais non renversées ; l'involucre n'est pas contracté au sommet après la floraison ; feuilles inférieures à pétiole court ou même sans pétiole et à peu près de même forme que les feuilles moyennes. (Çà et là).

Variété gothicum Arvet-Touvet (de Gothie)
Involucre noirâtre ou d'un vert sombre, à bractées internes sans poils et non glanduleuses, à bractées externes peu étalées, glanduleuses ; feuilles relativement courtes, les inférieures ovales et terminéees par une petite pointe, les moyennes ovales et plus ou moins aiguës, entières ou peu dentées ; tige assez grêle, rude au toucher sur toute sa longueur, terminée par quelques capitules seulement ou même, assez souvent, par un seul capitule. (Lorraine, Vosges, Alpes de la Savoie, du Dauphiné et de Suisse).

H. tridentatum Fries (É. tridentée)
Involucre plus ou moins contracté au sommet après la floraison, à bractées toutes dressées ou appliquées, les intérieures presque aiguës, les extérieures obtuses ; feuilles ordinairement dentées à dents peu nombreuses, quelquefois à 3 dents de chaque côté ; feuilles inférieures à pétiole assez allongé ; feuilles moyennes sans pétiole ou à très court pétiole. (Çà et là, assez commun ou assez rare).

H. corymbosum Fries (É. en corymbe)
Feuilles un peu glauques en dessous et offrant sur la face inférieure un réseau de nervures saillantes, les inférieures arrondies à la base, les moyennes embrassant un peu la tige ; capitules disposés en un corymbe assez régulier et dont les rameaux sont rapprochés les uns des autres à leur base ; involucre de forme ovoïde, à bractées internes obtuses et à bractées externes presque aiguës ; corolles à languette dont les dents sont sans cils ; styles d'une teinte livide ; fruits mûrs d'un brun rougeâtre ou noirâtre. (Montagnes).

H. inuloides Tausch (É. Fausse-Inule).
Involucre noirâtre, comme coupé à la base, devenant un peu en forme de demi-sphère après la floraison ; feuilles moyennes et surtout supérieures embrassant la tige par leur base. (Montagnes).

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