Les formes diverses que l'on peut grouper sous ce nom croissent, souvent en grand nombre, dans les prés, les bois et sur les rochers des zones subalpine et alpine des montagnes. Ce sont des plantes de 20 cm à 1 m de hauteur, au feuillage assez élégant, dont les capitules de fleurs jaunes se montrent depuis le mois de juillet jusqu'au mois de septembre.
Toutes ces formes ont les caractères communs suivants. Les feuilles sont sans poils glanduleux, mais à poils simples ou denticulés ; celles de la base sont flétries au moment de la floraison ; les feuilles supérieures embrassent la tige comme par deux oreilles qui ont ensemble 1 à 10 fois la largeur de la tige, ou même un peu plus. Ordinairement, les feuilles moyennes, ou tout au moins les feuilles inférieures, ont un contour plus ou moins en forme de violon. L'involucre est formé de bractées obtuses à leur sommet. Les fruits mûrs sont d'un gris blanchâtre, d'une teinte roussâtre, marron, gris-fauve ou grisâtre, jamais noirs ni noirâtres ; ils mesurent environ 4 millimètres de longueur (non compris l'aigrette). Les capitules sont disposés en corymbe ou en grappe au sommet des tiges fleuries, sur des rameaux qui sont plus ou moins glanduleux.
Ce sont des plantes vivaces, à tige souterraine portant des bourgeons qui perpétuent et multiplient la plante ; ces bourgeons ne s'épanouissent pas en automne, mais seulement au printemps suivant et produisent une rosette de feuilles d'où partira la tige fleurie, très feuillée, lorsque les feuilles de la rosette commenceront à se dessécher. (On a trouvé des exemplaires à feuilles çà et là rapprochées, comme verticillées ; d'autres présentent des tiges fasciées, c'est-à-dire soudées entre elles dans leur longueur.) Le type principal a les involucres presque cylindriques, de moins de 10 millimètres de largeur en général, les feuilles molles, assez nettement glauques et à nervures fortement en réseau sur la face inférieure, presque toutes, même les supérieures, à contour en forme de violon ; les fleurs ont des languettes à dents ciliées.
Distribution. Peut s'élever, dans les Alpes jusqu'à 2.200 mètres d'altitude. France : Vosges (très rare : Le Hohneck), Forez, Auvergne, Alpes, Pyrénées. Suisse : Jura suisse, Alpes.
Europe : Laponie, Finlande, Suède, Norvège, Grande-Bretagne, Europe centrale, Suisse, France, Pyrénées espagnoles. Hors d'Europe : Nord et Ouest de l'Asie ; Algérie.
On a décrit 1 sous-espèce, 1 race et 15 variétés de cette espèce ; on a décrit aussi 2 hybrides entre cette espèce et l'espèce Hieracium amplexicaule, et 3 hybrides avec l'espèce Hieracium albidum ; la sous-espèce et la race sont les suivantes :
H. lanceolatum Vill. (Épervière à feuilles lancéolées)
Feuilles fermes, à peine glauques, à nervures en réseau peu saillant sur la face inférieure ; feuilles supérieures et même moyennes à contour ovale, non eu forme de violon ; involucre ovoïde ou en demi-sphère, ordinairement de plus de 10 millimètres de longueur, arrondi ou comme coupé à sa base ; fleurs dont les languettes sont à dents ciliées ; fruits mûrs, souvent roussâtres ou d'un brun marron, rarement grisâtres. (Vosges, Auvergne, Forez, Alpes ; partie orientale de la chaîne des Pyrénées ; trouvé à Gèdre (Hautes-Pyrénées) ; Alpes de Suisse).
H. praeruptorum Godr. (É. des escarpements)
Fleurs à languettes dont les dents ne sont pas ciliées ; feuilles profondément dentées ou parfois même découpées, de grandeur régulièrement décroissante de bas en haut ; fruits mûrs d'un gris fauve (Vosges au Hohneck, Cantal au Lioran).