Remarque :
L'Index Synonymique de la Flore de France de Michel Kerguélen, mis en ligne par l'INRA, nomme cette espèce comme ceci :
Lactuca serriola L.
Le type principal et une des sous-espèces se rencontrent dans presque toutes les contrées de notre Flore sur les talus, dans les endroits incultes ou pierreux, au bord des chemins et sur les berges des cours d'eau ; une autre sous-espèce est la « Laitue cultivée » que l'on trouve parfois à l'état subspontané, au voisinage, des cultures.
Toutes ces plantes ont les caractères communs suivants. Leur taille varie de 50 cm à 1 m 25 de hauteur. Les petits capitules de fleurs jaunes peuvent s'épanouir depuis le mois de juin jusqu'au mois d'août. Les feuilles inférieures sont souvent profondément divisées, les autres sont fréquemment simples, plus ou moins ondulées ou parfois découpées, à bords dentées ; il n'y a jamais, de feuilles allongées et entières, sauf quelquefois les petites bractées situées dans la partie tout à fait supérieure des tiges. Au-dessous des capitules, se trouvent de petites bractées, ovales qui ressemblent aux bractées inférieures de l'involucre proprement dit ; l'involucre des capitules fleuris mesure environ de 8 à 13 millimètres de longueur sur 3 à 4 millimètres de largeur. Les fruits mûrs ont un bec fin dont la longueur est à peu près la même que celle du reste du fruit. Le latex est tellement abondant, dans le haut des tiges fleuries, qu'il suffit de la moindre pression pour voir les bractées de l'involucre et les petites bractées qui sont au-dessous se parsemer subitement de petites gouttelettes de lait blanc. Lorsque ces plantes germent, on voit se développer une plantule dont les deux cotylédons ovales, à peine échancrés au sommet et pourvus d'un court pétiole, sont couverts de poils ainsi que la tigelle.
Ce sont des plantes annuelles ou bisannuelles, à racine principale développée. Le type principal se reconnaît à ses fruits mûrs qui sont grisâtres et hérissés de petits poils au sommet de leur partie élargie, aux feuilles qui sont, pour la plupart, déviées obliquement à leur base et qui portent de petits cils épineux qui se trouvent sur les bords et sur la nervure principale des feuilles et aussi aux feuilles de la partie inférieure de la tige fleurie (et souvent aussi de la partie moyenne) qui sont profondément divisées.
Noms vulgaires.
1° pour le type principal : En français : Laitue-sauvage, Escarole, Scarole. En allemand : Stachellattich, Skariol, Wilder-Lattich, Wildersalat. En flamand : Wilde-Latuw, Latuwsalat, Fransche-Latuw. En italien : Scariola, Lattuga-salvatica, Lattona, Accinghero. En anglais : Prickly-lettuce, Jagged-lettuce, Corn-salad.
2° pour la sous-espèce Lactuca virosa. En français : Laitue-vireuse, Laitue-fétide, Laitue-sauvage, Laitue-puante. En allemand : Giftlattich, Giftiger-Salat, Wilder-Salat, Sticksalat, Sausalat, Leber-distel. En alsacien : Wilder-Laitich. En flamand : Giftige-Latuw, Stinkende-salade. En italien : Lattuga-velenosa, Cavalaccio. En anglais : Strong-scented-lettuce, Sleepwort, Acrid-lettuce, Horse-thistle, Broad-lettuce, Green-endive.
Usages et propriétés.
1° Pour le type principal : Les jeunes plants peuvent être consommés en salade ; les propriétés médicales sont analogues à celles de la sous-espèce Lactuca sativa.
2° Pour la sous-espèce Lactuca virosa : on cultive spécialement la variété Lactucarii, en Angleterre et en France (notamment près de Clermont-Ferrand), pour la fabrication du lactucarium préparé avec le suc laiteux de la plante desséché. Le « lactucarium » ou « opium de laitue » est une substance hypnotique, légèrement vénéneuse, qui est employée contre l'asthme, la pleurésie, etc. Le suc frais de la plante est usité contre les maladies des yeux. La plante entière est apéritive et un peu narcotique. La racine renferme de i'inuline. La plante entière contient jusqu'à 0,02 % d'un alcaloïde vénéneux qui n'est autre que la hyoscyamine, alcaloïde des Jusquiames (Hyoscyamus) ; on y trouve en outre de la lactucine, de la lactucinine, du lactucol, de la lactucopicrine, de la mannite, de l'asparagine, de l'acide citrique, de l'acide malique, etc. Un peu vénéneux.
3° Pour la sous-espèce Lactuca sativa : cultivée comme plante alimentaire ; se consomme en salade ou cuite mélangée à d'autres légumes tels que les petits pois.
D'une manière générale :
1° les laitues romaines ou « chicons » proviennent de la variété romana qui présente des feuilles allongées, fermes, dressées, à nervures larges et droites, et qui sont rapprochées en un cône plus ou moins serré. Ces laitues sont consommées en salade. On en distingue d'assez nombreuses sortes ; ce sont, parmi les laitues de printemps : « verte maraîchère », « grise maraîchère », « blonde maraîchère », « Gigogne» ; parmi les laitues d'été : « Alphange », « asperge », « ballon » ; parmi les laitues d'hiver : « rouge », « verte d'hiver ».
2° Les laitues pommées proviennent de la variété capitata qui présente des feuilles ovales ou arrondies, sans poils, vertes souvent tachées de roux ou raussâtres, d'abord étalées en rosette puis se rapprochant par le haut en se recourbant, formant une sorte de pomme plus ou moins serrée ; ce sont parmi les laitues de printemps : « crêpe », « tennisball », « à bord rouge », « gotte » ; parmi les laitues d'été et d'automne : « palatine », « grosse blonde paresseuse », « blonde géante », « blonde de Versailles », « bossin », « Batavia », « Genezzaro », « grosse brune têtue » ; parmi les laitues d'hiver : « Passion », « brune d'hiver », « rouge d'hiver » ; les « laitues à couper » sont des sortes de laitues pommées que l'on coupe très jeunes avant que la pomme soit formée ; ce sont par exemple : « frisée d'Amérique », « Californie », « blonde à couper» ; les pommes des laitues pommées, soit celles qui se forment naturellement, soit celles dont on fait blanchir le cœur par ligature, constituent, étant cuites, d'excellents légumes comparables aux Chicorées.
3° Les « laitues épinard » qui proviennent de la variété laciniata caractérisée par les feuilles extrêmement divisées, et qui constituent aussi un bon légume. Quelquefois, les laitues sont cultivées en grand pour l'alimentation des volailles ou des porcs. Les laitues ont une saveur amère et aqueuse et sont rafraîchissantes ; le suc est sédatif et les laitues cultivées contiennent une très petite quantité d' « opium de Laitue ». Les graines sont calmantes, rafraîchissantes, anti-putrides, et sont employées contre la phtisie, la pleurésie, l'asthme : elles font partie des « quatre petites semences froides ».
Distribution. Ne s'élève guère à plus de 1.000 m d'altitude sur les diverses montagnes. France ; le type principal est commun ou assez commun dans presque toutes les contrées de la France ; il est peu commun en Normandie, rare ou assez rare dans le Nord de la France. La sous-espèce Lactuca virosa est commune ou assez commune dans le Midi et l'Ouest, assez rare dans la partie moyenne et septentrionale du Bassin du Rhône ; rare en Normandie, très rare dans le Nord de la France, dans la Beauce et la Sologne ; çà et là ailleurs. La sous-espèce Lactuca sativa est cultivée et se trouve à l'état subspontané autour des habitations, parfois assez communément, comme dans l'Aveyron par exemple. Suisse : le type principal est commun ou assez commun dans la plupart des contrées de la Suisse ; manque dans les cantons de Glaris, d'Appenzel1, de Saint-Gall, d'Uri, de Schwytz, d'Unterwald, de Lucerne et de Zoug. La sous-espèce Lactuca virosa est rare ; on la rencontre çà et là dans le Jura suisse, le Valais et le canton de Vaud. La sous-espèce Lactuca sativa est parfois subspontanée. Belgique : le type principal est assez rare ou rare dans la Région houillère, rare dans la Région hesbayenne, très rare dans la Région campinienne. La sous-espèce Lactuca virosa est rare dans les Régions houillère et hesbayenne. La sous-espèce Lactuca sativa est cultivée et quelquefois subspontanée.
Europe : presque toute l'Europe, sauf la zone arctique. Hors d'Europe : Sibérie, Ouest et contrées centrales de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; naturalisée dans l'Amérique du Nord où il est souvent très abondant.
On a décrit 2 sous-espèce et 4 variétés de cette espèce ; les 2 sous-espèces et les variétés les plus remarquables sont les suivantes :
L. virosa L. (L.vireuse)
Feuilles étalées, non déviées obliquement à leur base, ordinairement ondulées ou denticulées irrégulièrement, rarement profondément divisées, à nervure médiane portant de petits cils épineux ; fruits mûrs d'un noir un peu pourpré, à bords épaissis, sans poils ou à poils peu nombreux au sommet de la partie ovale du fruit ; fleurs d'un jaune pâle dont les ligules extérieures sont souvent violacées en-dessous. (Presque toute la France, plus commun dans le Midi et dans l'Ouest rare en Suisse et en Belgique).
Variété Lactucarii Rouy (à Lactucarium)
Tige portant souvent des taches livides ; feuilles moyennes et inférieures relativement grandes, profondément divisées en larges segments aigus, ayant des dents un peu épineuses et à cils très épineux sur la nervure principale ; plante robuste à inflorescence assez dense. (Cultivé en grand près de Clermont-Ferrand pour l'extraction du « Lactucarium »).
Variété flavida G. G. (à fleurs d'un beau jaune)
Involucre assez peu contracté vers le haut ; feuilles peu ou pas profondément divisées ; fleurs du pourtour d'un beau jaune et dépassant longuement l'involucre ; plante d'un vert glauque. (Çà et là dans l'Est, le Sud-Ouest et le Midi de la France ; assez rare en Dauphiné ; très rare ailleurs).
L. sativa L. (L. cultivée)
Feuilles sans poils et sans aucun cil épineux ou autre, les moyennes et les supérieures ondulées, molles (parfois profondément divisées) embrassant la tige par leur base ; rameaux de l'inflorescence plus ou moins dressés et assez rapprochés les uns des autres et naissant à l'aisselle de bractées arrondies dans leur partie inférieure ; fruits bruns ou d'un brun-grisâtre, poilus au sommet de la partie ovale, à bec blanchâtre. (On a décrit de nombreuses anomalies de cette plante : tiges pu même fleurs soudées ensemble dans leur longueur ; feuilles agrandies et en forme de cornet ; petits lobes en cornet sur les nervures des feuilles ; capitule secondaire au milieu du capitule normal, etc.) (Plante originaire de Sibérie, cultivée et parfois subspontanée).