Les formes extrêmement nombreuses que l'on peut réunir sous ce nom général sont des plantes qui ont de 5 à 80 cm et qu'on rencontre, pour la plupart, dans les prés, les terrains incultes, les bois ou au bord des chemins dans presque toutes les contrées de notre Flore. Les capitules de fleurs purpurines, très rarement blanches, s'épanouissent depuis le mois de juin jusqu'au mois d'octobre.
Toutes ces plantes, si variées, ont les caractères communs suivants. Les feuilles supérieures et moyennes sont entières, dentées, sinuées ou peu profondément divisées en lobes ; jamais les feuilles ne sont profondément découpées en segments ; celles de la base seules sont quelquefois profondément divisées. L'involucre ne dépasse pas 2 centimètres de largeur lorsque le capitule s'épanouit. Les bractées de l'involucre sont terminées par un appendice de forme très variable, mais toujours cet appendice est plus large que la partie inférieure de la bractée et il est nettement distinct, ne se prolongeant pas à droite et à gauche sur le reste de la bractée. Les fruits sont sans aigrette ou sont parfois surmontés de cils très courts en forme de paillettes.
Ce sont des plantes vivaces, à tige florifère dressée, à tige souterraine ligneuse, courte, oblique ou même presque verticale. La plante se perpétue par des bourgeons qui naissent sur cette tige, souterraine et aussi par des bourgeons adventifs qui se produisent sur les racines. (On a décrit de nombreuses anomalies de cette espèce : capitule supplémentaire se produisant au milieu du capitule normal ; petits capitules supplémentaires autour du capitule normal ; verdissement des fleurs et parfois transformation en lames vertes de leurs diverses parties ; fleurs dont la corolle est à 6 dents et ayant 6 étamines ; fleurs dont la corolle est à 4 dents et ayant 4 étamines ; fleurs à 8 étamines ; bractées de l'involucre produisant Une seule fleur à leur aisselle ; fruit à aigrette assez bien constituée mais n'égalant que le dixième de la longueur du reste du fruit).
Le type principal se reconnaît à son involucre de 12 à 15 millimètres de largeur et au-dessous duquel se trouvent des feuilles supérieures qui l'égalent ou le dépassent, aux bractées de l'involucre qui sont surmontées d'un grand appendice à contour arrondi, irrégulièrement lacéré, beaucoup plus large et plus long que le reste de la bractée, de telle sorte qu'en regardant extérieurement l'involucre on ne voit que les appendices des bractées ; les feuilles moyennes et supérieures sont entières, ovales, sans pétiole ; les fleurs extérieures de chaque capitule sont plus grandes que les autres et rayonnantes ; les rameaux sont en général dressés, épais et assez courts.
Noms vulgaires. En français : Jacée, Barbeau, Tête-de-moineau, Ambrette-sauvage. En allemand : Wiesenflockenblume, Knopfblume, Schwarze-Flockenblume, Tausendgüldenkraut. En flamand : Knoopkruid, Droge-Santorie. En italien : Jacea-maggiore. En anglais : Common-centaury, Black-centaury, Knapweed.
Usages et propriétés. Parfois cultivé comme plante ornementale. La plante contient des principes amers salubres pour les animaux et elle est estimée comme fourrage en certaines contrées, en Champagne par exemple, bien que dans les prairies soignées on cherche à éliminer cette espèce à cause de la dureté de ses tiges ; toutefois les bêtes à cornes en sont friandes. Les fleurs peuvent être employées pour faire cailler le lait. L'espèce a été usitée contre le rachitisme et contre les fièvres intermittentes ; la tige souterraine et les racines sont stomachiques et diurétiques. La plante renferme une substance amère spéciale, la cnicine, de la carotine, une substance grasse, etc. ; une analyse des cendres a donné, pour 100 : 24 de potasse ; 22,4 de chaux ; 19 de silice ; 7,3 de soude ; 9 d'acide phosphorique ; 6 de magnésie ; 3,7 de chlore ; 1,4 d'acide sulfurique.
Distribution. Certaines formes peuvent s'élever jusqu'à plus de 2.000 m d'altitude. France, Suisse et Belgique : commun, en général.
Europe : presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Caucase, Arménie, Ouest de la Sibérie ; Algérie, Tunisie ; naturalisé dans l'Amérique du Nord et en quelques contrées de l'Amérique du Sud.
On a décrit 6 sous-espèces, 12 races, 21 variétés et 6 sous-variétés de cette espèce ; on a décrit aussi 4 hybrides entre cette espèce et les espèces Centaurea melitensis et Centaurea Calcilrapa. Les 6 sous-espèces et quelques races ou variétés intéressantes sont les suivantes :
Variété tomentosa Aschers. (tomenteuse).
Feuilles toutes poilues-blanchâtres, les supérieures aiguës mais non vraiment en pointe au sommet. (Çà et là, assez commun).
C. ruscinonensis Boiss. (C. du Roussillon)
Plante à rameaux nombreux, à feuilles étroites, allongées, dont les dents sont très marquées ; involucre presque globuleux dont les bractées inférieures sont à appendice d'un fauve pâle, finement frangé, presque comme bordé de cils. (Çà et là).
C. amara L. (C. amère)
Rameaux allongés grêles, étalés ou dressés-étalés ; feuilles étroites ; involucre à bractées cachées par leurs appendices qui sont concaves, pâles, souvent d'une teinte presque blanche, rarement assez foncée. (Commun ou assez commun).
C. alba Lois. (C. à involucre blanc)
Involucre à bractées dont les appendices sont blancs ou blanchâtres ; feuilles souvent très dentées. (Çà et là).
C. duboisii Boreau (C. de Dubois).
Feuilles sans poils ou presque sans poils ; involucre à bractées assez foncées, assez finement frangées. (Assez commun).
C. nigra L. (C. noire)
Fleurs du pourtour du capitule sensiblement égales aux autres et non rayonnantes ; involucre à bractées complètement cachées par leurs appendices ; chaque appendice de bractée est brun ou noirâtre (rarement d'un fauve pâle), à franges régulières dont les cils ont 3 à 4 fois la longueur de la dimension transversale du reste de l'appendice ; feuilles dentées ou presque entières ; fruits tous ou presque tous surmontés de tout petits cils en forme de paillettes. (Commun ; en général préfère les terrains siliceux ; peu commun ou rare dans la Région méditerranéenne).
C. pratensis Thuill. (C.des prés)
Fleurs du pourtour du capitule rayonnantes ; bractées de l'involucre à appendices dont la partie centrale non frangée est ovale aiguë et dont la partie frangée est formée de cils assez réguliers qui égalent environ en longueur la dimension transversale du reste de l'appendice ou sont un peu plus grands ; fruits sans aigrette, en général. (Commun ou assez commun).
C. serotina Boreau (C. tardive)
Feuilles étroites ; rameaux grêles ; capitules ne dépassant pas, en général, 12 mm de largeur ; bractées de l'invo-lucre à appendices dont les cils ont en longueur une fois et demie à deux fois la dimension transversale du reste de l'appendice ; fleurit en août et septembre, parfois encore en octobre. (Çà et là).
C. microptilon Gren. (C. sans aigrette)
Involucre ne dépassant pas, en général, 12 mm de largeur ; bractées inférieures et moyennes de l'involucre à appendice étroit, longuement en pointe, renversé en dehors à son sommet, et dont les cils ont en longueur 2 à 3 fois la dimension transversale du reste de l'appendice ; fruits sans aigrette. (Commun ou assez commun ; rare ou manquant dans la Région méditerranéenne).
C. debeauxii G. G. (C. de Débeaux)
Bractées inférieures et moyennes de l'involucre à appendice étroit, longuement en pointe, étalé et non renversé en dehors à son sommet, et dont les cils ont en longueur 3 à 4 fois la dimension transversale du reste de l'appendice ; fruits à aigrette très courte. (Sud-Ouest de la France).
C. transalpina Schleich. (C. transalpine)
Capitules isolés ou groupés par 2 à 4 ; feuilles ovales ou ovales-allongées, un peu rudes ; involucre dont les bractées moyennes et inférieures ne sont pas cachées par leurs appendices, lesquels sont relativement petits, en forme de triangle, noirs, non renversés au dehors, à cils un peu plus longs que la dimension transversale du reste de l'appendice. (Zones montagneuses et alpines de la Savoie et des Alpes-Maritimes).