Les formes nombreuses que l'on peut réunir sous ce nom sont des plantes de 10 à 80 cm qui croissent dans les sables des rivières, sur les rochers, les coteaux, au bord de la mer, dans presque toute l'étendue de notre Flore. Les capitules de fleurs jaunes, visibles surtout par leur aspect luisant, se développent depuis le mois d'août jusqu'au mois d'octobre.
Les feuilles sont vertes ou d'un vert brunâtre, divisées en lanières étroites ; les feuilles moyennes sont deux fois divisées ; les supérieures sans pétiole, les inférieures avec un pétiole de plus en plus long à mesure qu'on s'approche de la base de la tige. Les tiges sont ligneuses sur une assez grande longueur, au moins dans leur partie inférieure. Les capitules sont ovoïdes (plus rarement presque globuleux), portés chacun sur un petit rameau très court, nombreux, disposés en une inflorescence rameuse et entremêlée de feuilles. Les fleurs de la partie centrale du capitule sont les unes stamino-pistillées, les autres stériles. Les étamines ont les anthères prolongées en pointe à leur sommet. Les corolles, les fruits et le réceptacle commun sont sans poils.
Ce sont des plantes vivaces, sans poils ou velues mais perdant souvent leurs poils avec l'âge, à tiges florifères couchées à leur partie inférieure puis redressées, se perpétuant et se multipliant par des bourgeons nés sur les tiges souterraines.
Noms vulgaires. En français : Aurone-des-champs, Aurone-sauvage, Armoise-rouge. En allemand : Feldbeifuss, Feldstabwurz, Ambrosienkraut, Roter-Beifuss, Wilde-Stabwurz. En flamand : Wilde-Averuit. En italien : Abrotano-di-campo, Ambrosia. En anglais : Field-wormwood.
Usages et propriétés. Les propriétés médicales de cette espèce sont très analogues à celles de l'espèce Artemisia vulgaris.
Distribution. Peut croître sur tous les terrains, bien qu'il préfère les terrains siliceux en certaines contrées. Peut se rencontrer dans les montagnes, jusqu'à 1.750 m. d'altitude ; le type principal ne descend pas au-dessous de 600 m. d'altitude dans les montagnes du Languedoc et se trouve rarement sur le reste du littoral méditerranéen ; ailleurs, l'espèce type peut se rencontrer aux basses altitudes. France : commun ou assez commun en général, mais de distribution inégale ; par exemple : assez commun dans les Alpes, assez rare dans le Tarn (alluvions du Tarn et de l'Agout), commun dans l'Aveyron (vallées du Tarn et du Lot) mais rare ailleurs dans ce département, rare dans la Sarthe mais abondant en quelques localités, commun dans le Puy-de-Dôme mais rare dans le Cantal et la Haute-Lozère, manque dans le Jura sauf le Jura méridional, rare dans l'Eure, etc. Suisse : assez commun en général ; manque dans plusieurs contrées. Belgique : rare, entre Sougné et Aywaille et près de Stenval, dans la Région houillère.
Europe : presque toute l'Europe sauf la zone arctique. Hors d'Europe : Sibérie, Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique.
On a décrit 2 races et 27 variétés de cette espèce. Les 2 races et quelques variétés remarquables sont les suivantes :
Variété tenuifolia G. B. (à feuilles ténues)
Plante grisâtre, un peu soyeuse ; feuilles florales plus longues que les capitules ; feuilles moyennes et inférieures à lobes allongés et serrés les uns contre les autres. (Savoie).
A. lloydii Rouy (A. de Lloyd)
Feuilles charnues, la plupart courbées ; bractées entières, charnues, obtuses ; capitules presque globuleux, de plus de 2 mm. de largeur ; tiges non fleuries et jeunes pousses très velues. (Sables littoraux de l'Océan Atlantique depuis la baie d'Audierne jusqu'à Hendaye).
A. glutinosa J. Gay (A. glutineuse)
Tiges ligneuses seulement dans leur partie inférieure ; rameaux plus ou moins visqueux ; feuilles sans poils, luisantes ; capitules ovoïdes-coniques, de moins de 2 mm. de largeur. (Sables du littoral de la Méditerranée ; signalé dans les Pyrénées centrales).
Variété alpicola Rouy (des Alpes)
Inflorescence compacte, à peine ramifiée ; feuilles d'un vert gai, plus ou moins poilues ; capitules jaunâtres ; plante de 10 à 30 cm. (Hautes-Alpes).
Variété argyrea Jordan et Fourreau (argentée).
Inflorescence allongée, étroite, à capitules serrés, placés sur des rameaux écartés et peu nombreux ; feuilles soyeuses-blanchâtres. (Hautes-Alpes).
Variété delphinensis Jordan et Fourreau (du Dauphiné).
Inflorescence très développée ; feuilles d'un beau vert, à lanières allongées et qui ne sont pas écartées les unes des autres ; feuilles des rejets non florifères devenant sans poils ou presque sans poils lorsqu'elles sont développées. (Dauphiné : environs du Bourg-d'Oisans et de La Grave).
Variété stenoclada Jordan et Fourreau (à rameaux étroits).
Inflorescence pyramidale, très grande, à rameaux principaux grêles et étalés, à rameaux secondaires plus ou moins allongés ; feuilles d'un vert foncé ; tiges violacées et plus ou moins entrecroisées les unes dans les autres. (Environs de Paris, Centre et Sud-Est de la France ; çà et là ailleurs ; Suisse).