Cette grande plante, odorante et de saveur très amère, de 70 cm. à 1,25 m de hauteur, est très répandue dans la plupart des contrées de notre Flore où elle croît dans les endroits incultes, au bord des chemins, souvent en grande quantité. Ses capitules de fleurs jaunâtres ou rougeâtres sont surtout visibles par leurs involucres d'un blanc cotonneux. La plante fleurit depuis la fin de juillet jusqu'en octobre.
Les feuilles ont leurs divisions principales de plus de 4 millimètres de largeur, et sont une ou deux fois divisées en lobes aigus au sommet, avec 2 lobes à la base de la feuille. Le limbe est blanc-cotonneux en dessous, vert (ou très rarement d'un blanc cendré) en dessus. Les capitules nombreux sont groupés en grappes allongées au sommet des tiges et sur les rameaux. L'involucre est de forme ovoïde et composé de nombreuses bractées couvertes de poils blancs cotonneux et avec une bande verte sur le dos. Les corolles, les fruits et le réceptacle commun sont dépourvus de poils.
C'est une plante vivace, à tiges florifères dressées, herbacées, souvent rougeâtres, striées en long. La tige souterraine est ligneuse et produit des bourgeons ; il peut aussi quelquefois se former des bourgeons adventifs sur les racines, mais assez rarement. (On a décrit des exemplaires anormaux où les fleurs sont remplacées par de petits bourgeons). Le type principal se reconnaît à ses feuilles moyennes dont les segments ont des dents inégales et aiguës, et ne sont pas très longuement aigus ; aux corolles dont le tube est glanduleux ; aux bractées de l'involucre qui restent toujours velues, même sur les capitules fructifères ; à la tige souterraine qui est courte, épaisse, sans rejets allongés.
Noms vulgaires. En français : Armoise, Armoise-ordinaire, Herbe-de-la-saint-Jean, Artémise, Ceinture-de-la-saint-Jean, Herbe-de-feu, Remise. En allemand : Beifuss, St-Johanniskraut, Schlossmalten, Peipos, Weisser-Beifuss. En flamand : Bijvoet. En italien Artemisia, Assenzio-delle-siepi, Assenzio-salvatico, Amarella, Erba-bianca, Erba-medicinale, Canapaccia. En anglais : Mugwort, Worm-wood, Sailor's-tobacco.
Usages et propriétés. Cultivé comme plante ornementale ; il existe une variété horticole à feuilles panachées de vert et de blanc ; une autre variété est à feuillage doré. La plante est employée à l'extérieur comme vulnéraire et détersive, à l'intérieur comme tonique, apéritive, stomachique, stimulante, antispasmodique et anti-hystérique. C'est avec la moelle des tiges d'une espèce très voisine (Artemisia Moxa Bess.) que les Chinois et les Japonais préparent le « moxa » qu'ils font brûler sur les parties du corps affectées de goutte ou de rhumatisme. La plante renferme 0,2 % d'une huile essentielle spéciale. Les parties souterraines contiennent de l'inuline, une matière colorante, de la résine, et 0,1 % d'une huile essentielle.
Distribution. Peut s'élever jusqu'à 1.800 m. d'altitude dans les Alpes. France : commun ou assez commun en général, mais de distribution inégale ; par exemple : peu commun dans l'Eure ; assez commun dans la zone montagneuse de Provence, mais seulement naturalisé ou subspontané sur le littoral ; rare dans le Languedoc, le Gard, le littoral des Pyrénées-Orientales, les Landes et les Basses-Pyrénées, etc., Suisse : commun. Belgique : commun en général, mais assez rare dans la Région campinienne.
Europe : Europe occidentale, centrale, septentrionale ; plus rare dans l'Europe méridionale. Hors d'Europe : Sibérie, Ouest et Centre de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; Amérique boréale ; naturalisé aux États-Unis.
On a décrit, 1 sous-espèce et 5 variétés de cette espèce. La sous-espèce est la suivante :
A. verlotiorum Lamotte (A. des frères Verlot)
Feuilles moyennes dont les lobes ne sont pas dentés et sont très longuement aigus ; corolles à tube non glanduleux ; bractées de l'involucre qui finissent par perdre leurs poils lorsqu'elles sont très âgées ; tige souterraine portant des rameaux très allongés ; fleurs rougeâtres. (Çà et là).