Cette plante, bien connue sous le nom d' « Absinthe », croît dans la plupart des contrées de notre Flore, soit à l'état spontané, soit à l'état naturalisé, dans les endroits incultes, pierreux, sur les rochers, les talus, souvent dans les régions montagneuses. C'est une plante de 40 à 60 cm, à odeur forte, aromatique et de saveur amère, dont les capitules de fleurs jaunes, surtout visibles par leurs involucres d'un vert-blanchâtre, s'épanouissent depuis le mois de juillet jusqu'au mois de septembre.
Les feuilles, d'aspect soyeux, sont verdâtres en dessus et blanchâtres en dessous. Les feuilles moyennes sont deux fois divisées en lobes ovales-allongés et ont un pétiole qui ne présente pas deux lobes à la base. Les capitules, globuleux, de 3 à 4 millimètres de largeur, sont nombreux et disposés en grappes composées et feuillées au sommet de la tige et des rameaux ; au moment de la floraison, ces capitules sont plus ou moins penchés. L'involucre n'a pas ses bractées bordées de brun, mais entièrement blanchâtres. Le réceptacle commun est couvert de longs poils blancs. Les fruits sont lisses à leur surface.
C'est une plante vivace, à odeur très forte, à tige florifère entièrement herbacée, à tige souterraine ligneuse, dure, produisant des rameaux courts, et qui portent de nombreuses feuilles. La plante se perpétue et se multiplie par les divisions de sa tige souterraine.
Noms vulgaires. En français : Absinthe, Aluine, Alvine, Herbe-sainte, Armoise-amère, Absinthe-suisse. En allemand : Wermuth, Wermut, Absinth, Bitterer-Beifuss, Alsamkraut, Grabekraut, Elss. En flamand : Alsem, Absinth. En italien : Assenzo, Assenzio, Assenzio-ordinario, Assenzio-domestico, Assenzio-romano. En anglais : Wormwood, Absinth, Absinthium, Roy's-love, Mingwort, Oldwoman.
Usages et propriétés. Cultivé dans les jardins depuis l'époque romaine pour ses propriétés médicales. On utilise cette espèce pour fabriquer la liqueur connue sous le nom d'« Absinthe » dans laquelle on introduit d'autres éléments dont les essences nuisibles viennent s'ajouter à l'essence d'Absinthe qui est elle-même très mauvaise pour la santé lorsqu'on prend l'habitude d'en consommer. Cette liqueur était déjà fabriquée en 1570. A la longue, l'usage de la liqueur d'Absinthe produit une variété de l'alcoolisme désignée sous le nom d'« absinthéisme ». La plante, employée comme remède, est vulnéraire, tonique, fébrifuge, stomachique ; elle a été usitée contre la goutte, les rhumatismes et l'hydropisie. Les feuilles renferment un glucoside amer, l'absinthiine, et un autre glucoside, 1'anabsinthiine ; elles contiennent environ 2,7 % d'azotate de potasse, des acides acétique, palmitique ; une huile essentielle « essence d'Absinthe », du tanacetone, un alcool, de l'acide malique et de l'acide tannique : ces derniers acides disparaissent dans la plante vers le commencement de juin. Dans les fleurs, on trouve de l'absinthiine et de l'acide malique.
Distribution. Peut s'élever jusqu'à 2.000 m. d'altitude dans les Alpes ; jusqu'à 1.600 m. dans les Pyrénées ; ne dépasse guère 800 m. d'altitude dans les Corbières. France : çà et là spontané ou naturalisé, mais de distribution très inégale ; par exemple : assez commun dans les Alpes et dans le Plateau central ; peu commun dans l'Ouest ; assez rare en Alsace, en Lorraine et dans l'Aveyron ; subspontané ou naturalisé dans la Haute-Vienne, la Basse-Corrèze et sur le littoral méditerranéen ; rare dans le Sud-Ouest, dans la partie haute de la Corrèze, l'Eure, les Environs de Paris, la Dordogne, etc. Suisse : Vaud, Valais, Saint-Gall, Tessin, Grisons et çà et là subspontané. Belgique : rare, dans les Régions houillère, hesbayenne, de l'Ardenne et littorale.
Europe : Europe centrale, méridionale et occidentale. Hors d'Europe : Asie centrale et occidentale ; Sibérie ; Nord de l'Afrique ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.