Les formes que l'on peut réunir sous ce nom, et surtout le type principal, sont très communes dans les champs, les endroits incultes, les vieux murs, les vergers, les jardins, les talus et les terrains vagues dans toute l'étendue de notre Flore. Ce sont des plantes dont la taille peut varier de 4 à 60 cm., et qui fleurissent pendant toute l'année, au moins le type principal. Leurs capitules sont plus longs que larges et contiennent de petites fleurs jaunes en tube, entourées ou, non par des fleurs en languette soit courtes ou étroites, soit plus ou moins roulées en dehors.
Les principales caractéristiques de cette espèce sont, la présence de 8 à 10 petites bractées très courtes disposées exactement à la base de chaque capitule ainsi que la couleur brune ou grise des fruits. Les feuilles sont plus, ou moins profondément divisées en lobes situés à droite et à gauche ; les feuilles supérieures sont sans pétiole et entourent la tige par leur base ; les feuilles inférieures ont un pétiole ; toutes ces feuilles sont un peu épaisses. L'ensemble des capitules forme une grappe feuillée ; l'involucre est plus ou moins cylindrique et est composé d'une rangée de grandes bractées qui ont 3 à 5 fois la longueur des petites bractées situées à leur base.
Ce sont des plantes annuelles (plus rarement bisannuelles) à racine principale développée. Des graines de la sous-espèce Senecio viscosus, semées près du lac d'Orédon, dans les Pyrénées, à 1.900 m. d'altitude, ont donné des feuillus plus épaisses et d'un vert plus foncé que dans la plaine : un certain nombre de ces échantillons sont devenus bisannuels (G. Bonnier). (On a décrit de nombreuses anomalies de cette espèce : petits capitules supplémentaires soit à la périphérie soit au centre du capitule normal ; fleurs verdies et modifiées ; capitules en forme de cloche (et non cylindriques) ; fleurs du pourtour à languettes développées ; fruits devenant très grands, plus longs que l'involucre et en même temps stériles ; ovule anormal développé en une petite foliole : bourgeon se produisant à l'aisselle de l'ovaire : plantules à cotylédons extrêmement grands).
Le type principal se reconnaît aux petites bractées du bas de l'involucre qui sont le plus souvent nettement tachées de noir dans leur partie supérieure et qui mesurent environ le cinquième de la longueur des bractées de l'involucre situées au-dessus d'elles ; aux feuilles non enroulées sur les bords lorsqu'elles sont développées, à lobes assez sensiblement égaux entre eux, enfin aux fruits qui sont couverts de petits poils appliqués.
Noms vulgaires. En français : Séneçon-des-oiseaux, Herbe-au-charpentier, Petit-Séneçon, Toute-venue, Grand-mouron, Séneçon. En allemand : Grindhraut, Speikraut, Kreuzkraut, Baldgries, Greiskraut, Vogel-Futterkreuzkraut. En alsacien : Kreutzelkraut. En flamand : Kruiskruid, Vogelkruid, Sensecioen. En italien : Senecione, Cilicione, Erba-Calderugio, Erba-spellicciosa. Fior-d'ogni-mese, Pic-de-d'uccellino. En anglais : Groundsel, Sinsion, Senshon, Grunistule, Chickenweed, Grinning-swallow.
Usages et propriétés. Les petits oiseaux élevés en cage sont très friands de ses fruits. La plante entière est émolliente, rafraîchissante, et a été usitée contre l'épilepsie, la goutte et les rhumatismes. Cette espèce renferme un alcaloïde, la sénecionine, et de l'inuline. Les cendres contiennent pour 100 : 31 de potasse ; 18 de chaux ; 14 de soude ; 9 de magnésie ; 8,5 d'acide phosphorique ; 4,5 de chlore ; 4,3 de silice.
Distribution. Peut s'élever parfois dans les cultures des hautes montagnes ; la sous-espèce S. viscosus se trouve encore à des altitudes supérieures, parfois à plus de 2.000 m. d'altitude. France, Suisse et Belgique : très commun.
Europe : Toute l'Europe sauf la partie la plus septentrionale de la zone arctique. Hors d'Europe : Nord et Centre de l'Asie : Nord de l'Afrique ; naturalisé en Amérique et dans plusieurs autres contrées tempérées du globe.
On a décrit 1 sous-espèce, 1 race et 3 sous-variétés de cette espèce ce sont les suivantes :
Sous-variété radiatus Loret et Barrandon (radié)
Caractères du type principal, mais fleurs du pourtour en languettes plus ou moins courtes. (Çà et là).
Sous-variété crassifolius Rouy (à feuilles épaisses).
Feuilles très épaissies, presque charnues. On a démontré expérimentalement que ce caractère résulte de l'absorption relativement grande de sel marin par la plante. (Sables maritimes).
Sous-variété giganteus Cariot et Saint-Lager (géante).
Feuilles très profondément divisées ; plante souvent de taille relativement grande. (Signalé à Mionnay dans l'Ain).
S. motelayi Rouy (S. de Motelay)
Plante grêle, de 4 à 12 cm. ; capitules allongés, n'ayant que 4 à 5 mm. de largeur, à fleurs assez peu nombreuses ; tiges très étroites peu rameuses. (Cité dans les landes de la Gironde, à Biganos).
S. viscosus L. (S. visqueux)
Petites bractées du bas de l'involucre ordinairement vertes, très rarement un peu noirâtres vers le haut égalant environ le tiers de la longueur des bractées de l'involucre situées au-dessus d'elles ; feuilles plus ou moins enroulées sur les bords, à lobes inégaux ; fruits sans poils ou presque sans poils. (Çà et là, souvent assez commun : dans le Midi de la France, il ne se trouve guère que dans les parties montagneuses).