Cette espèce, bien connue sous le simple nom d'« Arnica », se rencontre surtout dans les prairies et les bois des contrées montagneuses, mais peut aussi se trouver dans les plaines parmi les bruyères, les bois et les prairies. C'est une plante d'un vert pâle, de 20 à 70 cm., dont les capitules ont toutes leurs fleurs d'un jaune-orangé, plus rarement jaunes. Elle fleurit en juin et juillet dans les altitudes basses ou moyennes.
Les feuilles sont entières ou très vaguement dentées ; celles de la base forment une rosette ; celles situées plus haut sont ordinairement opposées ; il en existe une ou deux paires. Toutes ces feuilles sont assez fermes, assez épaisses, et parsemées de poils courts et de petits poils glanduleux : elles sont ovales et parcourues par une nervure principale qui se ramifie à droite et à gauche en nervures secondaires. Les capitules, mesurant chacun de 60 à 85 millimètres de largeur, sont solitaires ou groupés par 3 à 7 à l'extrémité de la tige fleurie. L'involucre est composé de bractées ovales-allongées et aiguës à leur sommet. Les fruits sont couverts de petits poils.
C'est une plante vivace, à tige fleurie dressée, et dont la tige souterraine assez courte est d'une odeur désagréable. (On rencontre quelquefois des exemplaires dont les feuilles, situées le long de la tige, sont alternes ; plus rarement les feuilles sont verticillées par 3 ; quelquefois, les graines renferment des plantules à 3 cotylédons).
Noms vulgaires. En français : Arnica, Tabac-des-Vosges, Tabac-des-Savoyards, Souci-des-Alpes, Plantain-des-Vosges, Plantain-des-Alpes, Quinquina-des-pauvres, Panacée-des-chutes, Bétoine-de-montagne, Herbe-à-éternuer, Herbe-aux-prêcheurs, Nard-de-Lobel, Doronic-des-Vosges, Doronic-d'Allemagne. En allemand : Arnica, Wohlverlech, Lucianskraut, Stichwurzel, Wolferlei, Arnick, Bergwegebreit, Frauenmilchkraut, Waldblume, Marienkraut. En alsacien : Fallkraut, Engelstrank. En flamand : Berg-Walkruid, St.-Luciaanskruid. En italien : Arnica, Betonica-di-monte. En anglais : Mountain-tobacco, Leopard's-bane, Arnica, Panacea.
Usages et propriétés. Les feuilles préparées et desséchées sont fumées et prisées comme du tabac dans certaines contrées de montagnes. Cultivé comme plante ornementale. Les fleurs sont très visitées par les abeilles qui y recueillent un nectar abondant. La plante constitue un remède populaire contre les contusions et les ecchymoses. Elle est vulnéraire, tonique, résolutive, antiseptique, un peu vomitive. On a employé les fleurs et les racines contre la paralysie, les fièvres, la dysenterie et les maladies d'intestin. L'arnicine, substance amère extraite des fleurs, est un médicament et un poison du cœur. Les capitules fournissent une infusion tonique et stimulante, « teinture d'Arnica », qui a été usitée contre les contusions et contre les blessures. L'usage de l'Arnica est parfois assez dangereux et l'efficacité de ses propriétés médicinales a été exagérée. Les fleurs renferment de l'arnicine, substance amère spéciale, une huile essentielle dite « essence de fleurs d'Arnica», une matière tinctoriale jaune, une substance grasse avec de l'acide palmitique, du glucose, de l'acide malique, de l'amidon, etc. Les parties souterraines de la plante contiennent de l'arnicine, une huile essentielle dite « essence de racines d'Arnica », de l'inuline, des acides gallique, formique, butyrique, etc.
Distribution. Préfère souvent les terrains siliceux ; ne dépasse guère 2.300 m, d'altitude ; ne se trouve guère au-dessous de 600 m. d'altitude dans les Alpes et les Cévennes ; peut descendre jusque dans la plaine dans la vallée du Rhin, aux environs de Paris, dans le Centre et dans les Landes. France : Vosges, très rare dans le Jura, Alpes, Plateau Central, Cévennes, Pyrénées ; Orléanais, Berry, Landes, rare dans la Côte-d'Or. Suisse : Alpes (où il descend parfois à d'assez basses altitudes) : rare dans le Jura. Belgique : assez commun dans la Région de l'Ardenne ; rare dans la Région jurassique ; très rare dans les Régions houillère et campinienne.
Europe : Toute l'Europe sauf la zone boréale et le Sud-Ouest de l'Europe.
On a décrit 4 variétés de cette espèce ; la plus intéressante est la suivante.
Variété angustifolia Duby (à feuilles étroites).
Feuilles de la base ovales et plus ou moins allongées, aiguës, terminées par une très petite pointe ; tige assez grêle ne portant qu'un ou deux capitules, lesquels n'ont guère que 6 à 7 cm. de largeur ; les feuilles situées le long de la tige sont souvent très petites et rougeâtres. (Çà et là dans les Landes).