Les nombreuses formes que l'on peut réunir sous ce nom sont des plantes dont la taille varie de 4 à 40 cm., et dont les capitules à fleurs en languette roses, pourprées, d'un rose-lilas ou violacées, rarement blanchâtres, se montrent en juillet et août dans les pâturages ou sur les rochers des montagnes.
Toutes ces plantes ont pour caractères communs de présenter des capitules de plus de 7 millimètres de longueur et dont les fleurs en languette sont étalées vers l'extérieur du capitule ; ces fleurs en languette dépassent beaucoup les fleurs en tube et ont environ 2 fois la longueur de ces dernières ou même plus. Les feuilles sont allongées, entières, les supérieures sans pétiole, les inférieures atténuées en pétiole. L'involucre des capitules a une forme générale de demi-sphère, et est constitué par de nombreuses bractées étroites, inégales, appliquées les unes sur les autres.
Ce sont des plantes vivaces, à tiges florifères dressées portant des capitules solitaires ou groupés par 2 à 5, rarement par 6 à 9, très rarement par 10 à 15. La plante se perpétue et se multiplie par des bourgeons qui naissent sur la tige souterraine. (On a trouvé quelquefois des échantillons ayant exceptionnellement des fleurs en tube à 4 pétales et à 4 étamines).
Le type principal se reconnaît aux caractères suivants : la plante est velue mais non glanduleuse ; l'involucre est hérissé de poils mais non fortement laineux ; les feuilles sont obtuses au sommet, mais terminées par une toute petite pointe ; les capitules sont solitaires ou groupés par 2 à 6. Chaque capitule contient dans sa partie interne de nombreuses fleurs en tubes sans étamines, seulement pistillées.
Usages et propriétés. Ces plantes ne sont que très rarement visitées par les abeilles. Le type principal et les diverses formes sont des plantes vulnéraires.
Distribution. Cette espèce peut s'élever jusqu'à 2.900 m. d'altitude en général ; certaines formes ont été observées jusqu'à 3.100 m. d'altilude ; on en a même trouvé, au col de Saint-Théodule, près du Mont-Cervin à 3.333 m. d'altitude. France : Jura, Bugey, Auvergne, Plateau Central, Alpes, Corbières, Pyrénées. Suisse : Jura, Alpes.
Europe : presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Sibérie ; Sud-Ouest de l'Asie ; Groenland, Amérique boréale.
On a décrit 2 sous-espèces, 5 races et 14 variétés de cette espèce. Les 2 sous-espèces et les principales races sont les suivantes :
E. glabratus Hoppe et Hornsch. (E. glabre)
Feuilles sans poils ou n'ayant que quelques poils très peu nombreux ; involucre d'aspect vert, sans poils ou peu poilu ; fleur en languette d'un rose lilas-pâle ou blanches. (Jura, Alpes, Pyrénées orientales).
E. neglectus A. Kerner (E. négligé)
Feuilles sans poils ou presque sans poils ; involucre rougeâtre ou d'un pourpre-noirâtre, velu, à poils hérissés ; fleurs en languette d'un rose lilacé. (Rare : Haute-Savoie, Savoie, Hautes-Alpes).
E. uniflorus L. (E. à un seul capitule)
Feuilles poilues et ayant de longs cils blancs sur les bords, celles de la base n'étant pas terminées par une très petite pointe ; involucre couvert de longs poils blancs, laineux ; fleurs en languette de couleur rosée ou blanche. (Alpes).
E. frigidus Boiss. (E. des régions froides)
Fleurs en languette non très étroite, d'un violet plus ou moins éclatant ; fruits dont l'aigrette est deux fois plus longue que le reste du fruit ; involucre à bractées d'un pourpre foncé au sommet et très fortement laineuses. (Pyrénées de l'Ariège et Pyrénées orientales).
E. villarsii Bell. (E. de Villars)
Plante glanduleuse dans sa partie supérieure, de 20 à 40 cm. de hauteur, en général ; involucre très velu-glanduleux ; capitules solitaires ou souvent par 2 à 5, rarement par 6 à 9 : fleurs en languetle roses ou lilacées. (Alpes).
E. schleicheri Gremli (E. de Schleicher)
Tiges de 10 à 20 cm., plus ou moins étalées ; fleurs en languette d'un rose pâle ou presque blanches ; capitules rarement solitaires, groupés le plus souvent par 2 à 15. (Alpes de Suisse, de Savoie et du Dauphiné).
