Asteraceae - - Composées

LIAISONS ENTRE LES GENRES DE COMPOSÉES-CORYMBIFÈRES.

On peut répartir les genres de Composées-Corymbifères en deux grands groupes, distingués entre eux par un caractère qui semble peu important, mais qui se trouve lié corrélativement à une série d'autres caractères dont l'ensemble rend cette séparation assez naturelle. Dans le premier de ces groupes, les anthères ne présentent à leur base aucun appendice ; dans le second, chaque anthère porte à sa base deux appendices étroits et plus ou moins allongés. Toutefois, les genres Buphthalmum et Calendula peuvent être considérés à cet égard comme intermédiaires, car les appendices de leurs anthères sont très courts, et d'autre part certaines espèces du premier groupe présentent à leur base deux petits renflements que l'on pourrait considérer comme des ébauches d'appendices.
Parmi les genres du premier groupe, le plus grand nombre est dépourvu de petites bractées, réduites à des écailles, et placées entre les fleurs. Dans neuf genres seulement de ce groupe on trouve ces petites bractées. Parmi les genres sans écailles entre les fleurs, il en est dont certaines espèces présentent cependant de petits filaments qui correspondent aux bractées, par exemple dans l'Erigeron crispus.
Cinq genres, parmi ceux qui ont un réceptacle sans écailles, ont comme caractères communs de présenter les deux branches du style de forme cylindrique ou demi-cylindrique, les fruits de forme cylindrique munis de côtes et surmontés d'une aigrette poilue. Les genres Eupatorium et Adenostyles ont les fleurs toutes en tube et stamino-pistillées, ce qui les rapproche de la seconde sous-famille des Composées, mais c'est là un cas limite car ces deux genres, par l'ensemble de leurs caractères, ne peuvent être séparés des genres Homogyne, Petasites et Tussilago (Voyez fig. 26) Ces derniers présentent, en dehors des fleurs tubuleuses et stamino-pistillées, des fleurs femelles à corolle très étroite pour le premier, brièvement en languettes pour le second, et en languettes très développées pour le troisième.
Huit autres genres se distinguent des précédents parce que les deux branches du style sont comprimées bien que parfois cylindriques dans leur partie supérieure, et par leurs fruits qui sont généralement comprimés ; toutefois les genres Solidago et Phagnalon ont des fruits cylindriques, ce qui forme un passage vers les cinq genres précédents.
Sept de ces derniers genres ont des fruits à aigrette tandis que le genre Bellis a des fruits sans aigrette, mais ce dernier ne peut être séparé du genre Bellidiastrum, dont il est voisin par la plupart de ses autres caractères. Tandis que les genres Solidago et Phagnalon ont, comme il est dit plus haut, des fruits cylindriques, les genres Linosyris, Erigeron, Stenactis, Aster et Bellidiastrum ont des fruits comprimés et, de plus, dépourvus de côtes (comme ceux du genre Phagnalon). Le genre Linosyris est remarquable par ses fleurs toutes en tube et stamino-pistillées ; le genre Phagnalan présente des fleurs pistillées du pourtour à corolle filiforme ; les genres Erigeron, Stenactis, Aster, Bellidiastrum, ont les fleurs du pourtour pistillées, à corolles en languettes étroites chez le Stenactis, élargies dans les deux autres genres. Et tandis que les Aster présentent un capitule dont le réceptacle offre des alvéoles plus ou moins bordées d'une membrane dentée, le réceptacle des Bellidiastrum n'en présente aucune trace.

Fig. 26. Liaisons entre les genres de Composées-Corymbifères. La surface de chaque cercle, correspondant à un genre, est proportionnelle au nombre des espèces que renferme ce genre dans notre Flore. Les traits pleins qui joignent les cercles les uns aux autres indiquent les liaisons importantes entre les genres et sont d'autant plus courts que ces liaisons sont plus grandes. Les traits interrompus indiquent les liaisons moins importantes. Les traits pointillés se rapportent à des liaisons encore plus lointaines.

Onze autres genres du premier grand groupe diffèrent des précédents par les branches du style qui sont en forme de pinceau à leur sommet, lequel est tantôt brusquement aplati ou un peu arrondi, comme dans les genres précédents, tantôt prolongé en cône au delà du faisceau de poils du pinceau. Parmi ces genres, quatre ont des fruits surmontés d'une aigrette : les genres Doronicum et Arnica, qui ne diffèrent guère entre eux que par la disposition des feuilles, ont un involucre dont les bractées sont égales ou presque égales et disposées sur deux à trois rangs. Les genres voisins Senecio et Ligularia ne s'en distinguent guère que par leur involucre qui présente un seul rang principal de bractées, mais avec, en dehors de celles-ci, quelques petites bractées accessoires pour le premier genre et deux bractées, allongées, pour le second. Les sept autres genres de ce groupe ont les fruits dépourvus d'aigrette de poils, laquelle est cependant parfois représentée par une couronne membraneuse qui en occupe la place. Parmi ces genres, les Leucanthemum et Chrysanthemum ont les fleurs du centre du capitule à tube plus ou moins comprimé, tandis qu'il est cylindrique chez les autres genres. Les Chrysanthemum sont très voisins des Leucanthemum auxquels on les a quelquefois réunis ; ils n'en diffèrent que par leurs fruits à trois angles.
Un autre groupe est formé de neuf genres, différant des précédents par le réceptacle du capitule qui est muni, entre les fleurs, de petites écailles représentant les bractées ; trois de ces genres se distinguent par leurs fruits dont l'aigrette est remplacée par une à cinq arêtes, et par leurs feuilles qui sont opposées, au moins celles de la base ; ce sont les genres Helianthus, Bidens et Kerneria qui différent entre eux surtout par la forme de leurs fruits. Dans le genre Kerneria, chaque fruit du capitule est porté sur un court pédoncule, comme dans le genre Plagius, cité plus haut. Dans le genre Helianthus, presque toutes les feuilles sont alternes comme elles le sont toutes dans les genres suivants. Ces derniers, au nombre de six, ont des fruits qui portent une aigrette de poils à leur sommet. Parmi eux, les Anthémis et les Cota présentent les fleurs du centre du capitule à tube cylindrique, tandis que ces fleurs ont un tube comprimé chez les quatre autres genres. Le genre Anthemis a de nombreux rapports avec le genre Matricaria de la série précédente, dont il se rapproche par le réceptacle s'allongeant en cône après la floraison, par la disposition des côtes sur les fruits chez plusieurs espèces des deux genres, etc. Le genre Cota s'en distingue par son réceptacle non on cône et par ses fruits comprimés qui portent dix à vingt côtes peu accentuées.
Les quatre autres genres du dernier groupe, et dont les fleurs du centre ont un tube comprimé, sont les genres Anacyclus, Diotis, Santolina et Achillea.
Le genre Anacyclus est caractérisé par ses fruits à deux ailes membraneuses et d'ailleurs comprimés comme ceux des Cota ; il se rapproche un peu des Anthemis par son réceptacle brièvement conique. Le genre Diotis est surtout caractérisé par le tube de la corolle des fleurs du centre qui est prolongé à sa base en deux éperons obtus. Le genre Santolina a des fruits à quatre angles, ce qui indique une relation avec le genre Kerneria. Quant au genre Achillea, il n'a pas les caractères signalés pour les trois précédents, et ses capitules présentent des fleurs en tube qui ont les mêmes couleurs que les fleurs en languette.
Examinons maintenant le dernier groupe de genre de Corymbifères qui se distingue de tous les précédents par la présence à la base de chaque anthère de deux appendices filiformes. Trois de ces genres ont le réceptacle pourvu de petites bractées écailleuses dans toute l'étendue de ce réceptacle. Le Rudbeckia offre des fruits tous à quatre angles, surmontés d'une couronne membraneuse, tandis que les deux autres ont les fruits du pourtour à trois angles et ceux du centre en cône renverse. Les Astericus diffèrent surtout des Buphthalmum par les bractées extérieures de l'involucre, qui sont beaucoup plus grandes que les autres.
Les sept autres genres de ce dernier grand groupe ont le réceptacle sans écailles, ou n'ayant d'écailles que sur leur partie périphérique. Les genres Carpesium, Calendula, Evax et Micropus ont des fruits sans aigrette, ceux du Carpesium en forme de fuseau et terminés par une petite coupe, ceux du Calendula courbés en arc ou en cercle avec des pointes sur le dos.
Le Micropus est caractérisé par les bractées intérieures de l'involucre qui se courbent chacune en capuchon pour envelopper les fruits, et qui tombent avec ces derniers. Le genre Evax dont les bractées de l'involucre sont planes, offre un réceptacle conique n'ayant d'écailles que dans sa partie inférieure.
Les trois derniers genres ont des fruits à aigrette. Le genre Gnaphalium présente un involucre dont les folioles sont étalées après la floraison ; il est à remarquer que dans le Gnaphalium gallican les bractées moyennes de l'involucre entourent les fruits, ce qui forme un passage vers le Micropus. Dans les genres Helichrysum et Inula l'involucre n'est pas étalé en étoile à la maturité. Le premier de ces deux genres diffère du second en ce que les fleurs extérieures du capitule sont à la fois tubuleuses, pistillées et très étroites.
On peut encore signaler quelques relations lointaines entre divers genres de Corymbifères. Par exemple, certaines espèces de Senecio à fleurs toutes tubuleuses, comme le Senecio Cacaliaster, ont quelque rapport avec les Adenostyles et avaient été placées par Linné dans le même genre ; les Phagnalon se rapprochent un peu de plusieurs espèces d'Inula par leurs fruits cylindriques à aigrette simple, leur réceptacle aplati et sans écailles et leur involucre à plusieurs rangs de bractées ; le genre Bellis, qui a des fruits généralement sans aigrette, offre une aigrette écailleuse dans le Bellis silvestris, ce qui indique une liaison avec certains Erigeron, comme l'Erigeron uniflorus, qui ont, ainsi que les Bellis, les feuilles toutes à la base et un seul capitule.
Quant aux relations qui peuvent exister entre les trois sous-familles des Composées, il en sera question plus loin.

LIAISONS ENTRE LES DIFFÉRENTS GENRES DE CYNAROCÉPHALES.

Parmi les genres de Cynarocéphales compris dans notre Flore, il y en a 18 où les anthères sont dépourvues d'appendices à leur base et 10 autres genres chez lesquels les anthères sont pourvues à leur base de deux appendices filiformes. Dans le premier groupe on peut mettre à part le genre Echinops (fig. 27) dont les fleurs sont groupées en capitules composés, chaque capitule simple ne renfermant qu'une fleur seule et l'ensemble des capitules simples est groupé en une masse sphérique. Trois autres genres ont quelque rapport avec l'Echinops a cause des filets des étamines qui sont soudés entre eux au moins dans leur partie basilaire. Ce sont les genres Galactites, Tyrimnus et Silybum. Le premier se distingue des autres par son aigrette à poils longuement plumeux et par ses fruits presque cylindriques, les deux autres genres ont une aigrette à poils denticulés ou lisses et les fruits comprimés. Le Tyrimnus se sépare du Silybum par ses fruits à 4 angles. Le Silybum se rapproche du Galactites par l'épine qui termine les bractées de l'involucre. Chez les 14 autres genres du premier groupe, les étamines ont leurs filets libres entre eux jusqu'à leur base. Chez sept de ces quatorze genres l'aigrette est à poils soudés en anneau à la base et se détache du sommet du fruit jusqu'à la maturité. Les Carduncellus, Onopordon et Cynara ont des fruits à 4 angles. Chez les Carduncellus, les bractées de l'involucre ont au sommet un appendice membraneux, ce qui est un caractère commun avec le genre Centaurea qui est placé dans le groupe suivant. Les Onopordon et Cynara, qui ont des bractées sans appendice, se rapprochent l'un de l'autre par les longues épines à 3 angles qui terminent les bractées de l'involucre, ce qui indique une liaison vers les Galactites et Silybum. Chez l'Onopordon, le réceptacle du capitule est creusé d'alvéoles bordés, tandis que chez le Cynara le réceptacle est muni de bractées réduites à de petites fibrilles. Les quatre autres des sept genres ont des fruits comprimés et non à 4 angles. Le Notobasis a des bractées de l'involucre se terminant par une épine à 3 angles, caractère commun avec les Onopordon ; ces bractées sont entourées de feuilles profondément divisées, tandis que,dans le Picnomon,les bractées de l'involucre ont à leur sommet une épine ramifiée à droite et à gauche et sont entourées de feuilles dentées. Les Cirsium et les Carduus ne présentent pas ces caractères dans leur involucre. Dans le premier de ces deux genres l'aigrette est à poils longuement plumeux, tandis que dans les Carduus l'aigrette est à poils finement denticulés. Remarquons qu'il arrive accidentellement chez plusieurs espèces de Carduus, notamment chez le Carduus crispus, que les capitules réduits à quelques fleurs sont groupés en une masse sphérique comme chez les Echinops. Les sept derniers genres de ce grand groupe se distinguent des sept précédents par le fruit dont l'aigrette est à poils non soudés en anneau à la base et persiste au sommet du fruit. Les genres Crupina et Serratula se séparent des cinq autres par le fruit qui est inséré sur le capitule par sa partie basilaire, ce qui les rapproche des sept genres dont nous venons de parler ; de plus ces deux genres se relient aux Cirsium et aux Carduus par la forme de leur involucre. Le Crupina se distingue du Serratula par ses fruits couverts de petits poils appliqués, et sans côtes. Chez les cinq derniers genres de ce groupe, les fruits sont insérés latéralement. Le Kentrophyllum et le Cnicus ont les bractées extérieures de l'involucre semblables aux feuilles ordinaires ; le Kentrophyllum se distingue du Cnicus par ses fruits rugueux vers le haut et vaguement à quatre angles, tandis que dans ce dernier genre, les fruits sont à côtes fines, rapprochées et régulières. Les trois derniers genres de ce groupe, Centaurea, Rhaponticum et Microlonchus, n'ont pas un involucre à bractées extérieures semblables aux feuilles ordinaires et présentent des fruits comprimés. Le genre Centaurea, qui est de beaucoup le plus important, se distingue par ses fruits lisses et sans côtes ; tandis que les fruits du genre Rhaponticum présentent une petite côte sur chaque face et que ceux des Microlonchus ont des côtes fines tout autour, caractère qui les rapproche un peu des Crupina. L'autre grand groupe de Cynarocéphales, qui comprend 10 genres dans notre Flore, est caractérisé par les étamines dont les anthères sont pourvues, à leur base, de deux appendices filiformes.

Fig. 27. liaisons entre les genres de Composées Cynarocéphales. La surface de chaque cercle, correspondant à un genre, est proportionnelle au nombre des espèces que renferme ce genre dans notre Flore. Les traits pleins qui joignent les cercles les uns aux autres indiquent les liaisons importantes entre les genres, et sont d'autant plus courts que ces liaisons sont plus grandes. Les traits interrompus indiquent des relations moins importantes. Les traits pointillés se rapportent à des liaisons plus lointaines.

On peut placer à part le genre Xeranthemum où les étamines ont leurs filets non soudés à la corolle et entièrement libres entre eux jusqu'à leur base. Les Berardia, Lappa et Leuzea se distinguent par leurs fruits comprimés. Chez le Berardia l'aigrette est persistante ; elle se détache au contraire, à la maturité, dans les deux autres genres ; mais tandis que chez les Lappa les bractées de l'involucre se terminent par une pointe courbée en crochet au sommet, chez les Leuzea ces bractées sont terminées par un appendice scarieux, ce qui rappelle les Centaurea. Les 7 autres genres du groupe ont des fruits non comprimés, soit en pyramide renversée, à 4 angles, comme les Jurinea, soit presque globuleux comme les Chamaepeuce. soit encore presque cylindriques comme chez les 5 derniers genres. Les bractées de l'involucre des Carlina et des Atractylis sont membraneuses (comme chez les Xeranthemum) et, dans ces deux genres, le fruit est couvert de petits poils appliqués (comme chez les Crupina). Les Carlina diffèrent des Atractylis par les bractées extérieures de l'involucre, qui sont rayonnantes.
Restent les genres Saussurea et Staehelina dont les bractées extérieures de l'involucre ne ressemblent pas aux feuilles ordinaires ; le premier se distingue du second par l'aigrette qui est double, l'externe persistante et à poils denticulés, l'interne tombant à la maturité et à poils plumeux soudés en anneau à leur base.

LIAISONS ENTRE LES GENRES DE COMPOSEES-LIGULIFLORES.
On peut répartir les genres de Composées-Liguliflores en trois grands groupes. Il y en a dix dont les fruits sont dépourvus d'une aigrette de fines soies, douze chez lesquels les fruits sont surmontés d'une aigrette de soies plumeuses, et seize où l'aigrette est formée de soies non plumeuses.
Dans le premier groupe, il faut mettre à part le genre Scolymus dont les capitules sont entourés de bractées épineuses et dont le réceptacle est muni d'écailles qui enveloppent les fruits pourvus d'une aigrette coroniforme. Les autres genres du groupe ont, pour la plupart, un involucre à bractées principales disposées sur un seul rang et, parmi eux, les genres Aposeris, Lampsana et Rhagadiolus possèdent tous trois des fruits absolument nus au sommet ; ceux du Rhagadiolus sont étroits, allongés, les extérieurs étalés en étoile alors qu'ils sont ovales et aplatis dans les deux premiers. Le Lampsana, dont l'involucre de huit à dix bractées principales le rapproche du genre Aposeris, s'en distingue par ses fruits finement striés. Le genre Arnoseris a, comme les précédents, un involucre de bractées principales disposées sur un seul rang, mais son fruit est entouré au sommet par un petit rebord membraneux. Parmi les cinq derniers genres de ce grand groupe, le Cichorium et le Catananche se séparent nettement des autres par les bractées de leur involucre placées sur deux ou plusieurs rangs, caractère commun avec le genre Tolpis. Le Cichorium a des fruits couronnés par de nombreuses petites écailles comme les fruits du pourtour dans le genre Tolpis et le Catananche s'en distingue par ses fruits surmontés d'une couronne de longues écailles lancéolées. Les genres Tolpis, Hedypnois et Hyoseris ont une, véritable aigrette d'arêtes ou de soies raides. Les deux derniers se distinguent des Tolpis par les bractées de leur involucre qui sont nombreuses et disposées sur un rang, ce qui crée une relation avec l'Arnoseris. Le genre Hyoseris se sépare des autres par ses fruits de deux formes, ceux du centre aplatis, ailés et surmontés d'une aigrette assez longue, ceux du pourtour à peu près cylindriques et surmontés d'une aigrette très courte. Dans le genre Hedypnois, les fruits du centre ont seuls, comme dans les Tolpis, une aigrette, ceux du pourtour sont terminés par une petite coupe denticulée. Enfin, le genre Tolpis a, par son aigrette de soies filiformes, quelques rapports avec le genre Crépis placé dans le troisième groupe.
Parmi les douze genres du deuxième grand groupe, deux seulement Hypochaeris et Seriola ont un réceptacle muni de petites paillettes placées entre les fleurs, les autres genres en sont dépourvus ; il en est cependant qui présentent comme de petits filaments, par exemple le genre Urospermum. Dans le genre Hypochaeris, l'involucre est formé de bractées inégales disposées sur plusieurs rangs alors qu'elles sont égales et sur une seule rangée dans le genre Seriola. Trois genres, parmi ceux qui ont un réceptacle sans écailles, possèdent des fruits surmontés d'un bec plus ou moins long qui porte l'aigrette. Ce sont les genres Helminthia, Thrincia et Urospermum. L'Helminthia est caractérisé par ses fruits aplatis, striés transversalement et par son réceptacle présentant des poils comme dans le genre Urospermum ; ce dernier possède des fruits couverts de tubercules, terminés par un long bec creux élargi vers le bas et un involucre de huit bractées qui sont soudées par leur base ; ce caractère crée une relation avec le genre Tragopogon, dont il va être question plus loin. Le genre Thrincia a, comme le genre Seriola, deux sortes de fruits et seuls ceux du centre ont un bec surmonté d'une aigrette, ceux du pourtour sont couronnés d'un rebord membraneux déchiqueté. Il se relie aux genres Apargia et Leontodon qui, avec le genre Picris, se distinguent des précédents par leurs fruits plus ou moins atténués au sommet et dépourvus de bec. Les fruits de l'Apargia sont lisses tandis que ceux des espèces de Leontodon sont plus ou moins rugueux et que ceux des Picris présentent des côtes longitudinales ; de plus, ils sont rugueux en travers, ce qui indique une liaison avec le genre Helminthia. Dans les Picris, les poils de l'aigrette sont soudés en anneau à leur base alors qu'ils sont libres dans l'Apargia et les Leontodon. Les caractères de l'involucre ainsi que la forme du fruit créent quelque rapprochement entre le genre Leontodon et le genre Crépis cité plus loin. Les Scorzonera et le Podospermum ont des fruits marqués de côtes ou de stries longitudinales, dépourvus de bec, et surmontés d'une aigrette de poils plumeux dont les barbelures sont entrecroisées ; ce caractère les distingue des genres précédents et les rapproche des genres Tragopogon et Geropogon. Le Podospermum diffère des Scorzonera par ses fleurs et ses fruits portés par un pédoncule qui forme, à la maturité des fruits, un pied renflé et creux.
Les genres Tragopogon et Geropogon ont un fruit à long bec ; le Geropogon se sépare des Tragopogon par ses fruits de deux sortes, ceux du centre à aigrette de poils plumeux, ceux du pourtour dont l'aigrette est formée de poils non plumeux comme dans les genres du troisième groupe.
Le troisième grand groupe de Liguliflores qui comprend seize genres est caractérisé par les fruits qui sont pourvus d'une aigrette dont tous les poils sont lisses ou plus ou moins denticulés, jamais plumeux. Les genres Chondrilla et Willemetia possèdent tous deux des fruits munis à leur sommet d'un bec fin terminé par une aigrette de poils denticulés et entouré à sa base par de petites écailles. Le genre Chondrilla se distingue par les cinq dents épineuses qui se trouvent au-dessus des écailles et qui manquent dans le genre Willemetia.

Fig. 28. Liaisons entre les genres de Composées-Liguliflores.
La surface de chaque cercle, correspondant à un genre, est proportionnelle au nombre des espèces que renferme ce genre dans notre Flore. Les trails pleins qui joignent les cercles les uns aux autres indiquent les liaisons importantes entre les genres, et sont d'autant plus courts que ces liaisons sont plus grandes. Les traits interrompus indiquent des relations moins importantes. Les traits pointillés se rapportent à des liaisons plus lointaines.

Le genre Taraxacum se rapproche des précédents par ses fruits qui portent aussi de petites écailles et vers le haut de très petites épines, mais celles-ci n'entourent pas la base du bec qui porte l'aigrette. Le genre Taraxacum a été réuni autrefois au genre Leontodon, cité plus haut. Cinq autres genres possèdent des fruits comprimés et marqués de stries ou de côtes longitudinales. Les genres Lactuca et Phaenopus ont, comme le genre Chondrilla, un involucre étroit et cylindrique, à bractées intérieures beaucoup plus grandes que les extérieures ; ils sont caractérisés par leurs fruits rétrécis en un bec effilé qui porte l'aigrette. Le Phaenopus se distingue des Lactuca par son involucre constitué uniquement par cinq bractées principales et aussi par ses capitules qui ne renferment que cinq fleurs. Les genres Prenanthes, Sonchus et Mulgedium ont des fruits qui sont comme coupés en travers au sommet et dépourvus de bec ; cependant ceux du Mulgedium plumieri sont atténués vers le haut en un bec extrêmement court. D'autre part, le genre Prenanthes se relie au genre Phaenopus par ses capitules de cinq fleurs. Les trois genres Pterotheca, Zacintha et Picridium ont un involucre de nombreuses bractées imbriquées dont les extérieures sont généralement plus courtes, caractère commun avec les genres Sonchus et Mulgedium et aussi avec le genre Barkhausia qui se trouve placé dans le groupe suivant. Le Pterotheca et le Zacintha ont deux sortes de fruits, ceux du centre sont tous cylindriques, mais ceux du pourtour diffèrent : ils sont plus gros et bordés de deux ailes membraneuses dans le Pterotheca alors que ceux du Zacintha sont bossus vers l'extérieur et portent l'aigrette latéralement. Les poils des aigrettes des fruits du Pterotheca sont soudés en anneau à leur base comme dans le genre Picridium et dans le genre Picris placé dans le deuxième groupe ; le fruit à quatre angles du Picridium est rétréci dans sa partie supérieure en un court prolongement, ce qui montre quelque rapport avec le genre Mulgedium. Parmi les derniers genres du troisième groupe, deux, les genres Barkhausia et Crépis sont très voisins l'un de l'autre par l'ensemble de leurs caractères, mais dans le premier les fruits sont prolongés en un bec fin alors que dans le deuxième ils sont plus ou moins insensiblement rétrécis vers le sommet. Le genre Soyeria se relie au genre Crépis par ses involucres de bractées inégales dont les extérieures sont généralement plus courtes que les intérieures et au genre Hieracium par son réceptacle creusé d'alvéoles ; il s'en sépare par ses fruits comme coupés en travers au sommet et à la base. Les genres Hieracium et Andryala ont des fruits comme coupés en travers à leur sommet mais qui vont en s'atténuant vers leur base. Les Andryala se distinguent des Hieracium par leur réceptacle couvert de longues paillettes et par leurs fruits à dix côtes prolongées en dix petites dents entourant l'aigrette ; celle-ci est formée de poils cinq à six fois longs comme les fruits et, en outre, presque plumeux comme dans les genres du deuxième grand groupe.

RELATIONS ENTRE LES TROIS SOUS-FAMILLES DES COMPOSÉES.
Les Corymbifères et les Cynarocéphales se relient étroitement entre elles par leurs capitules qui renferment tous des fleurs en tube. Elles ont été souvent réunies et considérées commes les deux subdivisions d'une même sous-famille, les Tubuliflores : on trouve, en effet, tous les passages entre elles. C'est ainsi que dans le Senecio vulgaris, par exemple, les fleurs sont généralement toutes en tube (on peut parfois observer quelques fleurs en languettes qui sont d'ailleurs peu développées), alors que la plupart des espèces de ce genre possèdent, sur la périphérie des capitules, des fleurs en languette très nette qui ont fait ranger le genre Senecio dans les Corymbifères.
La sous-famille des Liguliflores ou Chicoracées est au contraire très homogène. Toutes les plantes qu'elle renferme ont des fleurs à corolles en forme de languette généralement terminée par cinq dents ; cependant, dans certaines espèces du genre Hieracium, comme le H. alpinum et le H. umbellatum, on a souvent décrit des exemplaires avec fleurs en tubes, ce qui montre une relation avec les deux autres sous-familles.

AFFINITÉS DES COMPOSÉES AVEC LES AUTRES FAMILLES.
Aux Composées se rattachent d'abord les Ambrosiacées qui, nous le verrons, ont été parfois rangées dans cette famille, puis les Dipsacées qui s'en rapprochent beaucoup par leurs fleurs groupées en capitules et par leurs fruits en akène. Les Valérianées se relient aux Composées par leur graine sans albumen et par leur fruit qui est aussi en forme d'akène.
Enfin, nous verrons plus loin que les Composées offrent aussi quelques affinités avec les Lobéliacées et les Campanulacées.

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