Remarque :
L'Index Synonymique de la Flore de France de Michel Kerguélen, mis en ligne par l'INRA, nomme cette espèce comme ceci :
Succisa pratensis Moench
C'est une plante de taille très variable, de 5 cm. à 1 m. 25, qui est répandue dans les prés et les bois dans presque toute l'étendue de notre Flore, surtout dans les endroits humides où elle croît parfois en assez, grande abondance. Les fleurs bleuâtres, bleues ou un peu lilacées, rarement roses ou blanches, s'épanouissent depuis le mois de juillet jusqu'en octobre, et la plante refleurit encore quelquefois dans les hivers doux.
Les feuilles sont toutes simples, entières ou dentées, rarement à limbe un peu découpé ; les inférieures atténuées en pétiole. Les fleurs des capitules sont toutes semblables et sensiblement de mêmes dimensions groupées en demi-sphères, entourées d'un involucre dont les bractées sont disposées sur deux à trois rangs et sont bien moins longues que l'ensemble des fleurs. L'involucelle, qui entoure étroitement le calice proprement dit, est très velu et se termine par 4 dents vertes ovales et aiguës. Le calice porte 5 arêtes noirâtres qui ont presque 2 à 3 fois la longueur de l'involucelle. La corolle présente 4 divisions dressées et presque égales entre elles.
C'est une plante vivace, à tige souterraine courte, qui se perpétue par des bourgeons nés sur cette tige souterraine. Des rejets des mêmes pieds ont été cultivés sur le même sol, d'une part en plaine (à Pierrefonds), d'autre part à 2.400 m. d'altilude dans les Alpes et dans les Pyrénées. Les exemplaires de haute altitude ont présenté une taille de 5 à 8 cm. ; ils n'avaient plus qu'un seul capitule, rarement 3, étaient à feuilles plus épaisses, à fleurs d'une teinte plus foncée et d'un éclat plus vif. Plusieurs de ces exemplaires cultivés à 2.400 m. avaient acquis les caractères de diverses variétés classées par Jordan comme espèces (G. Bonnier). (On a décrit diverses anomalies de cette espèce ; capitules supplémentaires développés à l'aisselle des bractées de l'involucre ; verdissement des fleurs à la suite de la présence d'Acariens du genre Phytoptus ; corolle à 5 divisions et fleurs à 5 étamines : fleurs à étamines plus ou moins complètement transformées en pétales, etc.).
Noms vulgaires. En français : Mors-du-diable, Herbe-de-Saint-Joseph, Succise, Scabieuse-des-bois, Tête-de-loup, Herbe-du-diable, Charbon. En allemand : Teufelsabbiss, St-Peterskraut, Gottvergessen, Verbeten, Teufels-Scabiose. En flamand : Duivels-beet, Kolverknien. En italien : Morso-del-Diavolo, Vedovella-salva-tica, Succisa, Morsus-diaboli. En anglais : Devil's bit, Gentleman's-buttons, Stinking-Nancy, Blue-Ball, Off-bitten, Hog-a-back, Wooly-hardhead.
Usages et propriétés. Plante consommée volontiers par tous les bestiaux. Cultivé comme plante ornementale. Fleurs assez souvent visitées par les abeilles qui y récoltent le nectar produit à la base du style. Plante amère, dépurative, sudorifique et vulnéraire ; autrefois réputée contre la gale.
Distribution. Peut s'élever à de grandes altitudes sur les montagnes ; ne dépasse guère cependant 2.000 m. d'altitude. France : très commun en général ; assez commun seulement sur le littoral méditerranéen. Suisse : très commun. Belgique : commun dans les Régions jurassique, houillère et de l'Ardenne ; assez commun dans la Région hesbayenne ; assez rare dans les Régions campinienne et littorale.
Europe. : toute l'Europe jusqu'en Islande. Hors d'Europe : Caucase, Sibérie ; Nord de l'Afrique ; Ile Madère.
On a décrit 25 races et d'autres variétés encore de cette espèce. Toutes ces formes ne diffèrent entre elles que par des caractères insignifiants et variables, comme le prouvent les cultures expérimentales.