Remarque :
L'Index Synonymique de la Flore de France de Michel Kerguélen, mis en ligne par l'INRA, nomme cette espèce comme ceci :
Dipsacus fullonum L.
Cette plante robuste, de 60 cm. à 1 m. 50 de hauteur, est remarquable par ses grands capitules ovoïdes et piquants qui décorent de leurs fleurs lilacées ou d'un lilas-rose, parfois blanches, les talus, les bords des chemins, les fossés, les endroits incultes, dans presque toute l'étendue de notre Flore. Ses fleurs se montrent depuis le mois de juillet jusqu'au mois de septembre.
Cette espèce est curieuse par l'insertion, sur la tige, de ses feuilles moyennes et supérieures qui se réunissent entre elles à la base et dont l'ensemble parait traversé par la tige. Les deux bases ainsi soudées des feuilles opposées forment une sorte de cuvette dans laquelle l'eau demeure assez longtemps après la pluie ; d'où le nom vulgaire de « Cabaret-des-oiseaux » donné à la plante. Ces feuilles sont sans poils à proprement parler ; elles sont munies d'aiguillons sur la nervure principale, à leur face inférieure, et sur les bords ; parfois ces aiguillons sont remplacés par des cils raides. Les bractées de l'involucre, étroites et très allongées, sont courbées et redressées et portent des aiguillons sur la nervure principale de leur face extérieure. La floraison d'un capitule commence dans sa région moyenne, puis, de là, s'avance en même temps vers la base et vers le haut ; une seconde zone d'épanouissement se manifeste ensuite tout à fait à la base du capitule, et se porte à la rencontre de la partie descendante de la zone d'épanouissement située plus haut. Les capitules les plus volumineux ont environ 5 à 9 centimètres de longueur sur environ 4 centimètres de largeur, mais il y a une variété à plus petits capitules. Les bractées, placées entre les fleurs, sont un peu arquées et dépassent beaucoup les fleurs ; plusieurs des bractées de l'involucre sont ordinairement plus longues que le capitule.
C'est une plante bisannuelle, à, tiges sillonnées dans leur longueur, ordinairement non creuses en dedans. Ces tiges desséchées, dressées, persistent longtemps pendant l'hiver. (On a décrit de nombreuses anomalies de cette espèce. L'une des plus curieuses est la torsion régulière de la tige qui porte alors des rameaux fleuris disposés en spirale. Hugo de Vries a cultivé cette monstruosité qui s'est maintenue pendant les générations successives avec, en outre, ce caractère particulier de présenter ordinairement dans les graines des plantules à 3 cotylédons, au lieu des 2 cotylédons normaux. Ou trouve aussi des échantillons à feuilles verticillées, à feuilles transformées en cornet, à feuilles réunies entre elles par des lames aplaties qui se prolongent parfois le long des entrenœuds. Certains exemplaires ont les fleurs verdies, ou des fleurs avortées avec développement exagéré des bractées placées entre les fleurs, ce qui rend le capitule déformé et chevelu ; etc.).
Noms vulgaires. En français : Cabaret-dcs-oiseaux, Baignoire de-Vénus, Cardère-sauvage, Cuvette-de-Vénus, Fontaine-des-oiseaux, Lavoir-de-Vénus, Bonnetier-sauvage, Cardère-das-bois, Laitue-aux-ânes, Peignerolle, Grande-verge-à-pasteur. En allemand : Wilde-Karde, Kardendistel, Schuttkarde, Venusbad, Unserer-lieben-Frauen-waschbecken, Walddistel, Wilde-Distel, Wolfsdistel. En flamand : Wilde-Kaardebol, Kaarde-Distel. En italien : Cardo-salvatico, Cardo-di-Venere, Scardaccione, Erba-messella, Verga-di-pastore. En anglais: Card-teasel, Card-thistle, Venus'bath, Wild-teasel, Huttonweed, Adam's flannel.
Usages et propriétés. Parfois cultivé comme plante ornementale. Les fleurs sont visitées par les abeilles qui y récoltent un nectar de bonne qualité, produit à la base du style. La racine est apéritive et a été usitée contre la phtisie ; on avait employé autrefois, contre les maladies des yeux, l'eau stagnante ayant séjourné pendant quelques jours dans les cuvettes formées par les bases réunies des feuilles opposées. La racine renferme de l'inuline qui s'y accumule surtout comme matière de réserve après la première année de-végétation. On a trouvé dans les cendres de la plante, pour 100 du poids total de cendres : 26 de potasse, 23 de chaux, 16,6 de soude, 13 de chlore, 8 d'acide phosphorique, 6 de magnésie, 6 de silice, 1,9 d'acide sulfurique, 0,3 de sesquioxyde de fer.
Distribution. Ne s'élève guère au-dessus de 800 m. sur les diverses montagnes. France : commun en général ; assez rare en Provence et dans les Alpes-Maritimes ; manque sur le grès en Lorraine, commun sur le calcaire ; très rare dans la partie haute de la Corrèze. Suisse : commun. Belgique: commun ou assez commun en général ; naturalisé seulement dans la Région de l'Ardenne en quelques contrées de cette Région ; rare dans la Région campinienne et dans la Région littorale (à l'exception des polders où il est assez commun).
Europe : presque toute l'Europe sauf l'Europe boréale ; peu commun dans l'Europe méridionale. Hors d'Europe : Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique, Iles Canaries ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.
On a décrit 1 race et 1 variété de cette espèce. Ce sont les suivantes.
D. laciniatus L. (C. laciniée)
Feuilles pour la plupart profondément divisées en segments inégaux disposés sur deux rangs opposés ; bords des feuilles sans aiguillons mais à cils raides ; fleurs blanches. (Çà et là, assez rare en France et en Suisse ; très rarement, et accidentel, en Belgique).
Variété microcephalus Rouy (à petits capitules)
Capitules presque globuleux dont les plus grands ne dépassent pas 5 cm. de longueur; feuilles entières ou un peu sinuées sur les bords, comme dans le type principal. (Çà et là, rare).