Caprifoliaceae - - Sambucus nigra (L.)

Sureau noir

C'est un arbrisseau, un arbuste ou un arbre qui mesure ordinairement 4 ou 5 mètres et qui peut atteindre parfois jusqu'à 10 mètres de haut. On le trouve dans les haies, les villages ou, moins souvent, dans les bois, dans presque toute l'étendue de notre Flore.
Ses grands corymbes de fleurs blanches se montrent en juin, et même en juillet aux altitudes assez grandes. Ses fruits sont mûrs en septembre et octobre. Ses tiges et les feuilles ont une odeur assez désagréable ; le bois des tiges exhale une odeur forte mais non fétide. Les feuilles opposées sont formées de 5 à 7 folioles portées sur des pétioles secondaires très nets ; ces folioles sont ovales et aiguës au sommet, dentées sur les bords. Les feuilles ont souvent à leur base de très petites stipules, parfois en forme de glandes nectarifères. Les fleurs blanches deviennent légèrement jaunâtres lorsqu'elles se dessèchent; elles sont groupées en corymbes dont la surface générale supérieure est plane, et qui sont formé par 5 branches principales, se ramifiant. Chaque fleur a une corolle dont les 5 divisions sont ovales-arrondies. Les anthères sont jaunes. A la maturité les fruits sont noirs, très rarement blanchâtres, jaunâtres ou verts. Lorsque le développement du végétal est assez grand, son tronc peut dépasser 30 centimètres de diamètre. L'écorce est d'un jaune brunâtre, et se gerce ou s'écaille assez rapidement. Les bourgeons sont ovales-aigus et recouverts à leur base par 2 à 4 écailles. La moelle des tiges est abondante et reste toujours blanche. La racine est ligneuse ; à la base de la tige se produisent des rejets vigoureux, allongés et droits. (On a décrit un grand nombre d'anomalies de cette espèce : feuilles disposées en spirale et élargies à leur base ; feuilles verticillées par 3 ou 4 ; folioles des feuilles soudées entre elles en une seule grande lame (variété monophylla) ; 3 folioles seulement soudées entre elles ; variations très grandes dans la forme des stipules ou des stipules secondaires (stipelles) placées à la base des folioles ; folioles à nervure médiane réduite et à nervures secondaires très développées ; feuilles très divisées (variété dissecta) ; bractées développées dans les inflorescences ; inflorescences entourées d'une sorte de membrane mince et divisée ; fleurs soudées entre elles ; fleurs à parties semblables disposées par 6, par 7 ou par 8 ; carpelles transformés en feuilles ; verdissement des fleurs).

Noms vulgaires. En français: Sureau, Sureau-noir, Suseau, Susier, Hautbois, Grand-Sureau. En allemand : Holunder, Schwarzer-Holunder, Flieder, Holder, Alhorn, Schibchen. En flamand : Vlier, Vlierboom, Holderboom, Flierenboom. En italien : Sambuco, Sambuco-nostrale, Zambucco, Zambuco-arboreo. En anglais : Elder, Elderberry. Alderne, Blackfruited, Hilder, Judas-tree, Pipe-tree, Devil's-wood.

Usages et propriétés. Les fleurs sont employées pour donner au vin un goût assez analogue à celui du vin muscat. Le bois est assez difficile à dessécher et peut facilement se déformer et se fendre. Lorsqu'il est complètement sec, ce bois peut être employé dans la tabletterie ou à fabriquer divers objets tels que des peignes, etc. ; ce bois sec sert aussi à faire divers instruments de chirurgie tels que les stéthoscopes, etc. La moelle est utilisée en horlogerie ou pour faire des coupes dans les plantes dans les manipulations de Botanique (on la remplace souvent par la moelle de l'Helianthus annuus).
Le bois se conserve longtemps dans la terre et dans l'eau sans altération ; aussi s'en sert-on pour faire des pieux et des échalas. Les tisserands emploient les jeunes tiges pour fabriquer des bobines sans bords. On faisait autrefois avec les tiges de sureau vidées de leur moelle un instrument pour souffler le feu, en bouchant le bâton de sureau avec un bouchon dans lequel on laissait une ouverture. Les enfants fabriquent des sarbacanes ou des flûtes avec les rameaux dont ils ont enlevé la moelle ; ils en font aussi des pétards. Les pommes de reinette acquièrent un goût de muscat agréable lorsqu'on les dispose, en les conservant, sur un lit de fleurs de sureau. C'est un arbuste ornemental ; il existe des variétés horticoles à feuilles très divisées, à feuilles panachées de blanc ou de jaune d'or.
Les fleurs produisent peu ou pas de nectar, et sont très rarement visitées par les abeilles pour y recueillir un liquide sucré. La partie interne de l'écorce est purgative, et a été employée contre l'hydropisie. Les fleurs sont récoltées pour servir de sudorifiques ; on s'en sert en inhalations contre le rhume de cerveau. L'écorce de la racine est cinétique. L'extrait purgatif des baies est appelé « rob de sureau ». Les fleurs, les fruits et l'écorce sont diurétiques. Les feuilles sont résolutives. Les cataplasmes de fleurs de sureau cuites dans de l'eau ou dans du lait sont utilisées contre les inflammations érysipélateuses. On fait aussi, avec les fleurs, une infusion analogue au thé ; blanchie avec du lait, et prise très chaude, cette infusion sert à rétablir la transpiration et est également employée contre les catarrhes. On trouve dans les feuilles un glucoside cyanogénétique spécial, la sambucinigrine, en même temps que de l'émulsine; de l'invertine, du dextrose, du saccharose, de l'aldéhyde benzoïque, de l'azotate de potassium (environ 1 %), etc. Les fleurs contiennent du malale de calcium, des acides valérianique et acétique, une huile essentielle spéciale dite « huile de sureau noir », du terpène et leurs cendres renferment du cuivre et du fer. Dans les fruits, il existe un autre glucoside, une autre huile essentielle, des acides malique et vinique, de la tyrosine, des pentosanes ; on n'y rencontre pas d'émulsine. Les graines, au contraire, renferment de l'émulsine ainsi qu'une huile grasse particulière.

Distribution. Ne s'élève guère à plus de 800 m. dans les Corbières, ni à plus de 1.000 m. dans les Alpes, les Pyrénées ou les diverses autres montagnes. France : commun en général, mais assez commun ou assez rare en Provence ; rare dans les Alpes-Maritimes et dans l'Hérault. Suisse : commun, en général. Belgique : assez commun dans la Région houillère ; assez rare dans les Régions jurassique et de l'Ardenne ; rare dans les Régions hesbayenne et campinienne ; très rare dans la Région littorale.
Europe : presque toute l'Europe jusque dans la partie moyenne de la presqu'île Scandinave. Hors d'Europe : Arménie, Caucase ; Algérie, Tunisie.

On a décrit 4 variétés de cette espèce. Les deux variétés les plus remarquables sont les suivantes :

Variété laciniata L. (laciniée).
Feuilles deux fois complètement divisées en lobes assez étroits et irrégulièrement découpés. (Çà et là, très rare ; cultivé dans les jardins).

Variété rotundifolia G. B. (à folioles arrondies).
Feuilles à foliole terminale plus large que longue, à folioles latérales ovales ou ovales-arrondias. (Très rare).

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