Ce végétal est très curieux à divers points de vue. Il est parasite sur les branches de beaucoup djarbres et d'arbustes, dans presque toute l'étendue de notre Flore. Les fleurs jaunâtres ou presque jaunes se montrent en mars et avril. Les fruits sont mûrs d'août en novembre. La longueur totale de la plante fleurie varie de 20 cm. à 1 mètre.
Les feuilles et les tiges sont d'un vert clair ou d'un vert jaunâtre, et par ce fait que la plante est verte et contient de la chlorophylle, ce végétal n'est pas un parasite complet. Il y a plus : pendant la saison d'hiver, depuis la fin de l'automne jusqu'au premier printemps, lorsque le Gui croît sur un arbre dont les feuilles sont tombées, il peut alors se nourrir par l'assimilation chlorophyllienne et céder une partie de ses substances nutritives à l'arbre qui le supporte. Les feuilles sont coriaces, épaisses, persistantes, entières, obtuses au sommet, bien plus longues que larges, plus ou moins longuement rétrécies vers leur base. Elles sont en général opposées ou parfois verticillées par 4 à 6 lorsque plus de deux rameaux partent du même point ; le limbe des feuilles est parcouru par 3 à 5 nervures principales peu marquées. Les groupes de fleurs terminent les rameaux ou sont insérés à l'aisselle des feuilles, entre les fourches formées par les ramifications successives. Les tissus nectarifères sont développés au sommet de l'ovaire dans les fleurs pistillées, et à l'endroit qui lui correspond dans les fleurs staminées.
Le fruit est globuleux, blanc, plus rarement jaunâtre, charnu et visqueux. Un pied de Gui n'a aucune orientation ; lorsqu'il se développe sur la face inférieure d'une branche, il se développe de haut en bas, sans aucune flexion pour redresser les tiges de bas en haut. La graine ne renferme pas de radicule, et il n'y a jamais de racines à cette plante.
Au moment de la germination à la surface d'une branche, la partie de l'axe qui se trouve au-dessous des 2 cotylédons se recourbe et sa base s'élargit ; or, c'est de cette partie basilaire renflée que naissent les premiers suçoirs qui vont s'implanter dans la tige de l'arbre. Pendant la deuxième et la troisième année, les suçoirs s'allongent très peu et la plante ne porte alors que les 2 cotylédons avec 2 ou 3 petites feuilles développées. On voit déjà, à ce moment, se produire un renflement dans la branche de l'arbre au niveau de l'insertion du Gui. Ce renflement, dû surtout à l'épaississement des couches du bois de la branche, pourra devenir plus tard très considérable. Les suçoirs glissent entre le bois et l'écorce, et se ramifient. Ils se développent, les années suivantes, en se disposant toujours de façon que les nouveaux suçoirs formés soient à l'extérieur des autres ; il en résulte que la couche de bois la plus intérieure dans laquelle on trouve des suçoirs indiquent l'âge du Gui ; si, par exemple, c'est dans la trentième couche de bois à partir de l'extérieur, c'est que le Gui a trente ans.
En décortiquant tout autour la base de la tige d'un Gui croissant sur un Pommier, en automne, on voit au bout d'un certain temps se former un renflement au-dessus de la partie décortiquée, c'est-à-dire du côté opposé à la branche de Pommier ; c'est donc que la nourriture élaborée par les feuilles du Gui se dirige vers la branche soit pour accroître les suçoirs, soit pour se rendre en partie dans les tissus de la branche d'arbre (Royer). Des expériences précises ont montré qu'en effet une partie des substances nutritives du Gui passe alors dans la branche de l'arbre qui le supporte (G. Bpnnjer). On a compté 118 espèces d'arbres et d'arbrisseaux sur lesquels le Gui peut être parasite et il est parfois accidentellement parasite sur lui-même. Le Gui est très rare sur !e Chêne.
La propagation du Gui d'un arbre à l'autre se fait surtout par les Oiseaux (les Grives par exemple) qui, se nourrissant de la partie charnue du fruit, se débarrassent de la graine en frottant leur bec contre une branche ; où elle reste adhérente et peut ensuite germer. (On a signalé un certain nombre d'anomalies de cette espèce : production d'une inflorescence à la place d'un rameau végétatif ; fleurs staminées à 3, 5, 6 ou 7 parties semblables ; fleurs staminées et pistillées sur le même pied, etc.).
Noms vulgaires. En français : Gui, Verquet, Bouchon, Blondeau, Vert-de-Pommier, Bois-de-la-Sainte-Croix- En allemand : Mistel, Affolter, Heiliges-Kreuzholz, Künst, Maren-Tacken, Mispel, Vogelleim, Wintergrün. En flamand : Vogellijm, Boomkruid, Duivelsnest, Marentak. En italien : Guastrice, Veschiaio, Visco, Vischiaia, Scoaggine. En anglais : Mistleloe, Mistle, Masslinn, Mislinbush, All-heal.
Usages et propriétés. Le Gui, et en particulier le Gui du Chêne (qui est très rare), était chez les Gaulois, et dans la plupart des races celtiques, l'objet d'une vénération religieuse. On le recueillait et le gardait pour se protéger contre les maléfices et les sortilèges ; on croyait aussi que l'eau dans laquelle on le faisait macérer guérissait de nombreuses maladies. Un reste de cette tradition subsiste en Angleterre où le « Gui de Noël» est J'objet d'un commerce considérable ; on expédie en Angleterre, avant Noël, de grandes quantités de Gui provenant de France. Les fruits visqueux servent à fabriquer de la glu, que l'on peut aussi extraire de toutes les parties vertes extérieures de la plante. On utilise le Gui pour nourrir les bestiaux quand le fourrage fait défaut et même en certaines contrées, comme le Perche, on s'en sert normalement pour nourrir les vaches et les brebis, ce qui a, dit-on, pour effet d'augmenter la quantité de leur lait. Les fleurs de Gui sont visitées par les abeilles qui recueillent le nectar sur les fleurs pistillées et sur les fleurs staminées. On a employé cette plante contre l'épilepsie et les convulsions. Les feuilles renferment de l'inosite ; les fruits contiennent en outre un glucoside, la viscite, un acide dit acide viscique et un corps basique ; les cendres de la plante donnent: 17 à 50 % de chaux, jusqu'à 14 % de magnésie, 1 à 8,8 % de silice et jusqu'à 22 % d'acide phosphorique.
Distribution. Ne se trouve guère à une altitude supérieure à 1.300 m sur les diverses montagnes. France : commun, en général ; mais rare dans les Corbières et sur le littoral méditerranéen. On ne l'a observé ni dans la partie occidentale du Finistère ni dans les Basses-Pyrénées. Suisse : commun. ; Belgique : commun dans la Région houillère ; assez rare, rare ailleurs ; manque dans certains cantons.
Europe ; presque toute l'Europe, sauf la zone arctique. Hors d'Europe : Asie ; Nord de l'Afrique (où il est très rare).
On a décrit une sous-espèce de cette espèce. C'est la suivante.
V. laxum Boiss. et Reut.(*) (Gui lâche). Nom valide : Viscum album subsp. austriacum
Feuilles étroites, jaunâtres, souvent un peu courbées en faux ; fruits plus ou moins jaunâtres ; ordinairement sur les branches de Pinus silvestris ou de Pinus Laricio, parfois aussi, mais très rarement, sur d'autres arbres tels que les Tilia silvestris, etc. (Alpes, Pyrénées).