C'est une espèce répandue dans presque toutes les contrées de notre flore, où elle croît dans les endroits herbeux et ombragés et dans les bois humides. Sa taille varie de 20 à 50 cm, elle épanouit, de mai à juillet, ses petites fleurs blanches ou rougeâtres.
Les feuilles de la base ont un pétiole allongé et leur limbe est divisé en 3 à 5 segments, chacun à 2 ou 3 lobes, et disposés en éventail ; chez ces feuilles de la base, le contour général du limbe est un peu en forme de rein ; les feuilles inférieures ont aussi un long pétiole, mais leur contour général est pentagonal et leurs segments sont ordinairement plus divisés, à dents et à lobes aigus. Les feuilles supérieures sont relativement petites et presque sans pétiole. Les fleurs sont réunies en petits capitules, entourés chacun par un involucelle court à lanières aiguës. Ces capitules sont groupés en ombelle ou en corymbe (parfois même en grappe) suivant que les rameaux latéraux qui les portent sont simples ou multiples. Les bractées qui sont exactement au-dessous de ces rameaux sont divisées en 2 ou 3 lobes et forment un involucre lorsqu'elles sont attachées par plus de deux, au même niveau sur la tige. Le capitule central s'épanouit le premier, et dans chaque capitule, les fleurs stamino-pistillées (une à trois) qui sont en son milieu s'ouvrent avant les fleurs staminées plus nombreuses qui les entourent. Le calice est à 5 dents ovales-allongées et terminées en pointe. Les pétales, qui restent toujours assez rapprochés les uns des autres, sont échancrés au sommet avec une petite pointe recourbée en dedans. Le fruit, presque globuleux, est couvert d'aiguillons crochus redressés dans la direction de son sommet.
C'est une plante vivace, sans poils, à feuilles luisantes et d'un vert foncé, dont la tige dressée ne se ramifie que dans l'inflorescence. La racine principale disparait rapidement et est remplacée par des racines adventives produites par la tige souterraine. Cette dernière, oblique ou presque horizontale, reste toujours courte, car, à mesure qu'elle s'allonge un peu en avant et développe de nouvelles racines adventives, elle se détruit en arrière. Quelquefois, cette tige souterraine devient rameuse et lorsque les tissus des rameaux se désagrègent en leurs, points de jonction, chacun d'eux, rendu ainsi indépendant, forme un nouveau pied isolé, en produisant à sa base de nouvelles racines. L'extrémité antérieure de la tige souterraine se relève au-dessus du sol après la floraison et porte un bourgeon qui donne naissance à un certain nombre de feuilles basilaires persistant pendant l'hiver : c'est du milieu de ces feuilles que sort, au printemps, la tige florifère.
Noms vulgaires. En français : Sanicle, Herbe-de-Saint-Laurent, Herbe-aux-vaches, Herbe-au-charpentier, Herbe-du-Deffaut, Herbe-au-chêne. En allemand : Heilknecke, Heilkraut, St-Laurenzkraut, Sanickel, Schaniggl, Bruchkraut, Heil-aller-Schäden. En flamand : Heelkruid, Breukkruid, Sanikel. En italien : Sanicola. Sannicola-, Erba-fragolina, Diapensia. En anglais : Sanicle, Sanikel, Wood-march.
Usages et propriétés. Plante employée dans la médecine des campagnes comme stomachique, sudorifique, vulnéraire, astringente, détersive ; a été usitée contre la phtisie.
Distribution. Peut s'élever jusqu'à 1.500 m. d'altilude dans les Alpes, jusqu'à 1.400 m. d'altitude dans les Pyrénées ; ne dépasse pas ordinairement 1.300 m. d'altitude dans les Corbières. France : commun ou assez commun en général ; rare sur le littoral proprement dit de la Méditerranée ; peu commun en certaines contrées telles que la Sarthe, les Ardennes, etc. Suisse : commun en général. Belgique : assez commun ou assez rare, en général ; rare dans la Région campinienne ; manque dans la Région littorale.
Europe : toute l'Europe jusqu'à la zone arctique ; dans l'Europe méridionale, la plante devient presque subalpine. Hors d'Europe : Asie occidenlale, Inde, Nord de l'Afrique.