C'est une plante de 80 cm à 1 m. 50 qui se rencontre dans les marais et les cours d'eau en beaucoup de contrées de notre Flore. Ses fleurs blanches s'épanouissent de juillet à septembre.
Les feuilles sont d'un vert gai à leur face supérieure et plus pâles à leur face inférieure. Celles qui sont vers la base de la plante ont 9 à 17 folioles, ovales-allongés, sans pétioles secondaires, opposées par paires avec une foliole terminale ; les feuilles moyennes n'ont que 7 à 11 folioles ; les feuilles supérieures 3 à 7 folioles très allongées ; toutes les folioles sont régulièrement dentées en scie sur les bords et ne sont ni découpées ni séparées en lobes ; elles sont portées sur un pétiole commun creux en dedans. Les ombelles présentent 20 à 35 rayons, presque égaux entre eux ; l'involucre a des bractées fortement et inégalement dentées ou plus ou moins découpées sur les bords. Le fruit est presque globuleux, à côtes saillantes, mais non tranchantes.
C'est une plante vivace, sans poils, à tige épaisse, fortement sillonnée en long, creuse en dedans, rameuse dans sa partie supérieure. Au printemps, les feuilles inférieures ont des folioles étroites ; les feuilles qui se forment avant l'automne ont, au contraire, de larges folioles. Les racines adventives, issues de la tige souterraine, sont de deux sortes : les unes s'allongent beaucoup, sont cylindriques et restent grêles : les autres sont bien plus courtes, de 4 à 6 centimètres environ, en majeure partie épaissies et se terminant par un filament mince. La racine principale disparaît assez rapidement, et la plante se perpétue et se multiplie par deux sortes de bourgeons nés sur les tiges souterraines ou plongées dans l'eau : les premiers de ces bourgeons produisent des rameaux rampants, allongés sur Je sol ou flottant dans l'eau, dont l'extrémité finit par pénétrer dans le sol, y former des racines adventives pour produire ensuite une tige aérienne, en s'isolant de la plante mère ; des bourgeons d'une autre forme naissent sur les bases des tiges, dans le cours de l'été ; ils forment en automne une rosette de feuilles, au-dessous de laquelle se produisent des racines adventives et donnent des tiges fleuries à la saison suivante. La plante se développe assez souvent dans l'eau, sans fleurir.
Noms vulgaires. En français : Ache-d'eau, Ache-aquatique, Grande-Berle, Encens-d'eau. En allemand : Breiter-Merk, Bauerneppich, Brunnsnpeterlein, Grosse-Wasserpastinake, Frosch-Eppich. En italien : Sedanina-d'acqua, Erba-cannella. En anglais : Water-parsnip, Broad-leaved-water-parsnep, Broad-leaved-parsnep.
Usages et propriétés. Souvent nuisible aux bestiaux. Peut servir à garnir le bord des pièces d'eau ou des lacs, dans les jardins paysagers. Plante apéritive et antiscorbutique ; la racine est quelquefois employée par les fraudeurs pour falsifier la Valériane. Assez vénéneux.
Distribution. Ne s'élève pas, en général, à plus de 700 m. d'altitude sur les diverses montagnes. France : çà et là ; en général assez commun ou assez rare, mais de distribution fort inégale. Par exemple : très rare en Sologne, manque dans le Perche et la Beauce, manque dans le Plateau central, sauf dans le marais de la Cassourgue (Lozère) ; rare dans le Jura ; très rare en Lorraine ; commun en Alsace ; peu commun dans la Région méditerranéenne où, le plus souvent, il ne fleurit pas. Suisse : contrées occidentales de la Suisse. Belgique : assez commun dans la Région campinienne, assez rare ou rare ailleurs.
Europe : presque toute l'Europe jusqu'à la Suède méridionale.
On a décrit 5 variétés de cette espèce. La plus remarquable est la suivante :
Variété Riometi G. B. (de Riomet).
Plante élancée ; feuilles assez appliquées contre la tige ; folioles des feuilles inférieures allongées, largement crénelées ou dentées sur les bords ; fruits rougeâtres à la maturité, à côtes ondulées. (Rare : quelques fossés et marais du Nord de la France tels que les marais de l'Epée, près de Valenciennes, etc.).