Cette belle plante, décorative par son feuillage et ses ombelles en fleurs ou surtout en fruits, se rencontre dans les endroits herbeux et frais des pâturages, dans les montagnes, et plus rarement ailleurs à l'état naturalisé ou subspontané.
Sa taille est d'environ 40 à 70 cm., et ses fleurs, blanches, rosées ou rougeâtres, se montrent depuis le mois de juin jusqu'au mois d'août. Les feuilles inférieures sont 3 fois complètement divisées en folioles ovales ou ovales-allongées, dentées en scie tout autour, souvent divisées en lobes par des découpures plus ou moins profondes ; les feuilles supérieures sont portées sur une gaine renflée. Les ombelles, relativement grandes, se composent de 20 à 42 rayons assez grêles et inégaux ; l'involucre n'a pas de bractées développées, et les involucelles présentent des bractées qui tombent facilement. Les styles ont environ trois fois la longueur du disque saillant sur lequel ils sont insérés, et finissent par être très écartés, se mettant presque sur le prolongement l'un de l'autre. Le fruit a moins de 5 millimètres de longueur et est beaucoup plus court que le rayon de l'ombellule qui le porte ; il est entouré de 2 ailes plates qui s'arrondissent en se recourbant au sommet et à la base du fruit.
C'est une plante vivace, à feuilles d'un vert gai en dessus, plus pâles en dessous et un peu rudes au toucher sur les nervures. La tige est striée dans sa longueur et creuse en dedans. La racine principale disparaissant dès la seconde année, on ne trouve sous le sol, à la base de la tige fleurie de la plante adulte, qu'une tige souterraine à nœuds renflés portant chacun une écaille courte et membraneuse. A l'aisselle de ces écailles se trouvent les bourgeons qui formeront les rameaux de la tige souterraine, et, aux entre-nœuds, on aperçoit une couronne de racines adventives grêles et effilées. Ces ramifications de la tige souterraine produisent chacune un bourgeon terminal qui se développe au-dessus du sol en une très courte tige avec des feuilles, laquelle ne fleurit que la deuxième ou la troisième année. Lorsque la graine germe, on voit que les cotylédons sont courts et étroits : la première feuille qui apparaît au-dessus de ces cotylédons est divisée en trois lobes dentés au sommet, en coin à la base.
Noms vulgaires. En français : Impératoire, Benjoin-français, Ostrute, Autruche. En allemand : Meisterwurz, Kaiserwurz, Astrang, Ostrucie. En flamand : Meersterwortel, Meesterkruid. En italien : Imperatoria, Erba-rena, Elafobosco-erba-rena. En anglais : Mastervort, Pellitory-of-Spain.
Usages et propriétés. Cultivé dans les jardins comme espèce médicinale ou comme plante décorative. Les tiges souterraines sont aromatiques, acres et amères. Plante stomachique, sudorifique, fébrifuge, excitante et anticatarrhale. Médicament vétérinaire estimé des montagnards et désigné sous le nom de « maître-de-maléfices». La tige souterraine renferme de 0,2 à 1,4 % d'une huile essentielle, dite « huile-de-Benjoin-français », un carbure d'hydrogène, de l'impératorine (substance très voisine de la peucédanine), de l'osthrutine, de l'osthrutol, etc.
Distribution. Préfère souvent les terrains siliceux ; on l'a trouvée, dans les Alpes, jusqu'à 2.470 m. d'altitude. France : Vosges, Alpes, Forez, Auvergne, Cévennes (très rare dans l'Aveyron), Corbières, Pyrénées ; parfois subspontané ailleurs. Suisse : assez commun dans les Alpes de Suisse. Belgique : quelquefois subspontané ou naturalisé.
Europe : Espagne, France, Islande, Europe centrale, Italie, Russie.
On a décrit 2 variétés de cette espèce.