Les diverses formes que l'on peut réunir sous ce nom général sont des plantes aquatiques, flottantes ou submergées, qui croissent, souvent en grande abondance, dans l'eau des cours d'eau, des mares, des étangs et des lacs de presque toute l'étendue de notre Flore.
Les tiges sont de longueur très variable, et cette longueur est en relation avec la profondeur de l'eau ; toutefois, si l'eau est trop profonde, les plantes ne peuvent atteindre la surface de l'eau, et ne fleurissent pas, car la longueur de leurs tiges ne peut guère dépasser 6 mètres. Ses petites fleurs, rosées, blanches, jaunâtres ou verdâtres, se développent depuis le mois de juin jusqu'au mois de septembre. Les feuilles sont en général verticillées, parfois alternes, divisées en fines lanières. Vers le sommet des tiges ou des rameaux, ces feuilles se réduisent de plus en plus et souvent ne forment plus que des écailles, à l'aisselle desquelles sont insérées les fleurs. Celles-ci sont de deux sortes . les fleurs staminées, situées vers le sommet des inflorescences, sont d'aspect rosé ou jaunâtre ; les fleurs pistillées, situées vers le bas des inflorescences, sont d'aspect rosé, blanchâtre ou verdâtre.
En général, la plante est submergée ou flottante, sauf les parties supérieures des tiges ou des rameaux qui développent les inflorescences dans l'air, au-dessus du niveau de l'eau. Les fruits sont presque globuleux et, à la maturité, se divisent en quatre parties, ne s'ouvrant pas, et se détachant chacune avec la graine qu'elles renferment. Souvent, dans les eaux à courant rapide, la plante prend une forme spéciale et ne fleurit pas, la force du courant s'opposant à la formation des inflorescences dressées. Ce sont des plantes vivaces pouvant se multiplier par un fragment détaché qui s'enracine. Parfois, il se produit sur le côté des tiges des bourgeons particuliers qui constituent des sortes de boutures naturelles. Ces bourgeons ont de 12 à 15 millimètres de longueur ; ils sont de forme ovoïde et situés à l'extrémité d'un rameau grêle ; ils sont constitués par le sommet très raccourci des rameaux portant une masse de petites feuilles serrées les unes contre les autres ; en automne, ces bourgeons se détachent ou sont entraînés encore adhérents aux tiges qui les portent, tombent au fond des eaux, produisent des racines adventives et s'enfoncent dans le sol, de telle sorte que chacune de ces petites boutures peut produire un nouveau pied. (On a trouvé diverses anomalies chez ces plantes : fleurs à 3 sépales, 3 pétales, 6 étamines; fleurs à 5 sépales, 5 pétales, 10 étamines; fleurs staminées dont les étamines n'ont pas d'anthères développées : inflorescence dont les fleurs sont remplacées par des faisceaux de feuilles.)
Le type principal se reconnaît à son inflorescence très allongée, portant des feuilles vertes jusqu'au sommet, mais de plus en plus petites, à ses fleurs toutes verticillées et dépassées par les feuilles, enfin à ses fleurs rosées, les fleurs pistillées souvent verdâtres.
Noms vulgaires. En français : Millefeuille-aquatique, Volant-d'eau, Myriophylle, Myriofle. En allemand : Tausendblatt, Teich-fenchel, Feder-ball, Wasserfenchel. En flamand : Duizenblad, Vederkruid. En italien : Millefillo, Millefoglio-d'acqua, Millefoglio-de-laghi, Roscola. En anglais : Water-milfoil, Meakin, Feather-pondweed.
Usages et propriétés. Plante nuisible dans les pièces d'eau et les rivières, car elle est envahissante et peut arrêter le cours des eaux.
Distribution. Les diverses formes de cette espèce constituent souvent, dans les lacs ou les étangs, une zone spéciale où elles sont dominantes, et qui est concentrique à celle du Nuphar luteum : ne s'élève guère à plus de 1.050 m. dans les lacs ou les cours d'eau des montagnes. France : commun en général ; assez commun seulement en certaines contrées telles que le Jura et l'Ouest de la France. Suisse : commun. Belgique : assez commun en général, mais rare dans la Région houillère.
Europe : Toute l'Europe. Hors d'Europe : Asie; Afrique septentrionale et Cap de Bonne-Espérance; Groenland, Amérique du Nord, Amérique du Sud.
On a décrit 2 sous-espèces, 1 race et 4 variétés de cette espèce. Les 2 sous-espèces sont les suivantes :
M. alterniflorum D C. (M. à fleurs alternes).
Inflorescence à fleurs assez peu nombreuses, alternes, les supérieures sans feuilles (divisées en lanières) à leur base, à l'aisselle de bractées plus courtes que les fleurs ; fleurs jaunâtres, au moins celles de la partie supérieure de l'inflorescence. (Çà et là assez commun, assez rare ou rare en France (manque dans la Région méditerranéenne) ; Belgique).
M. spicatum L. (M. en épi).
Inflorescence droite, à fleurs nombreuses, verticillées, les inférieures accompagnées de feuilles vertes et divisées en lanières, les supérieures n'ayant que les bractées ; fleurs roses, au moins celles de la partie supérieure de l'inflorescence. (Commun ou assez commun, en général, en France, Suisse et Belgique).