Remarque :
L'Index Synonymique de la Flore de France de Michel Kerguélen, mis en ligne par l'INRA, nomme cette espèce comme ceci :
Epilobium angustifolium subsp. angustifolium L.
C'est une des plantes alpestres les plus décoratives : ses belles et longues grappes dressées de fleurs d'un rose pourpré (très rarement blanches) terminant de longues tiges feuillées, se dressent au milieu des rochers, au bord des eaux ou à la lisière des bois, souvent nombreuses les unes à côté des autres et ornant le paysage par l'ensemble de leurs corolles. La taille de la plante est d'environ 50 cm. à 1 m. 50. On la rencontre surtout dans la zone subalpine des montagnes, mais elle s'élève un peu dans la zone alpine où ses tiges deviennent moins hautes, et, assez souvent, surtout dans la moitié septentrionale de notre Flore, on peut la trouver aux basses altitudes, dans les clairières des bois ou sur les coteaux sauvages. Ses fleurs s'ouvrent de juin à septembre et la floraison se prolonge longtemps, de bas en haut, sur une même grappe.
On reconnaît cette espèce aux caractères suivants : Les feuilles sont toutes alternes, entières, ovales-allongées (très rarement étroites), en pointe au sommet, dressées et ornées de nervures en réseau, se rattachant à des nervures latérales partant d'une nervure médiane saillante et très développée. Les fleurs sont disposées en grappe simple et très allongée, de façon que, vers le milieu de la floraison, on voit des fleurs assez nombreuses épanouies, surmontant d'autres fleurs passées, et surmontées elles-mêmes par une série de fleurs en boutons de plus en plus petits et terminés chacun par une petite pointe, ce qui rend la grappe effilée à son sommet. Les fleurs les plus inférieures de la grappe sont placées à l'aisselle des feuilles ; au-dessus, les feuilles deviennent de plus en plus petites et forment insensiblement des bractées à l'aisselle desquelles s'insèrent les fleurs moyennes et supérieures de la grappe. Chaque fleur mesure, lorsqu'elle est épanouie, de 15 à 20 millimètres de largeur. Ces fleurs sont un peu irrégulières et l'on peut remarquer que leurs divers organes sont disposés symétriquement par rapport à un plan qui passerait par l'axe de la fleur et par le pédoncule. Les pétales sont brusquement rétrécis dans leur partie inférieure, entiers au sommet ou rarement un peu échancrés. Les étamines, légèrement inégales, et le style sont penchés en avant de la fleur. Le style dépasse un peu les étamines. Les 4 stigmates sont recourbés en dehors du style lorsque la fleur est épanouie. Les fruits sont couverts de poils courts, et ont un aspect blanchâtre. Lorsqu'ils sont complètement ouverts et ont laissé échapper leurs nombreuses graines à aigrette blanche, on peut remarquer que les valves de ces fruits sont un peu hygrométriques, se recourbant par la sécheresse et se redressant par l'humidité.
C'est une plante vivace, à tiges et à feuilles sans poils, dont la racine principale persiste et ne se détruit qu'à la longue, et d'abord d'une manière partielle par l'altération de ses tissus les plus mous ; d'ailleurs, il se produit des bourgeons adventifs sur cette racine et sur les racines latérales qu'elle forme, de telle sorte que la plante se perpétue et se multiplie par de nombreux rejets ; l'espèce envahit ainsi bien souvent un assez grand espace de terrain à partir d'un pied initial provenant de germination. (On observe quelquefois des exemplaires à tiges fasciées, c'est-à-dire soudées ensemble dans leur longueur, d'autres à fleurs verdies, d'autres encore présentant, entre les feuilles, un allongement anormal des entre-nœuds.)
Noms vulgaires. En français : Laurier-de-Saint-Antoine, Osier-de-Saint-Antoine, Fausse-Lysimachie, Antoinette. En allemand : Waldweidenröschen, Antoni-Kraut. En flamand : Wilgenroosje, Basterdwederik, S.-Antoniuslelie. En italien : Erba-di-S.-Antonio, Antoniana, Behen-rosso, Camedrio. En anglais : Rose-bay, Wild-phlox, Blood-vine.
Usages et propriétés. Cultivé comme plante ornementale pour orner les massifs ou les rochers, mais a le défaut d'être assez envahissant. Très mellifère, et recherché avidement par les abeilles qui vont y récolter le nectar produit par des tissus spéciaux développés au sommet de l'ovaire, entre les étamines et le style. Les feuilles servent à faire une infusion qui forme une boisson un peu analogue au thé. C'est une plante émolliente, résolutive et astringente.
Distribution. Peut s'élever jusqu'à environ 1.800 m. d'altitude dans les hautes montagnes ; son maximum de fréquence y est situé entre 1.400 m. et 1.500 m. d'altitude. Dans les montagnes qui bordent la Région méditerranéenne il ne descend guère au-dessous de 800 m. Dans le Plateau central, on ne le trouve guère plus bas que l'altitude de 1.400 m., mais dans d'autres contrées du Centre de la France et dans celles plus septentrionales, on peut rencontrer cette espèce aux basses altitudes ; en général abondant à la même localité, ses rejets formant comme des colonies de l'espèce. France : montagnes et ça et là dans une grande partie de la France ; se trouve à des altitudes de plus en plus basses à mesure que l'on parcourt les régions plus septentrionales ; rare dans la Région méditerranéenne et dans l'Ouest. Suisse : commun. Belgique : commun dans la Région de l'Ardenne ; assez rare dans la Région campinienne ; assez commun dans les autres Régions, sauf dans la Région littorale ; extrêmement rare dans les polders.
Europe : presque toute l'Europe y compris l'Islande et la Laponie ; dans l'Europe méridionale, l'espèce est subalpine. Hors d'Europe : presque toute l'Asie y compris le Japon ; îles Canaries et Madère ; Amérique septentrionale et Groenland.
On a décrit 1 variété de cette espèce.