Les nombreuses formes sauvages et les très nombreuses variétés cultivées que l'on peut grouper sous ce nom général se trouvent répandues dans presque toute l'étendue de notre Flore. Ce sont des arbrisseaux de quelques mètres ou des arbres qui peuvent atteindre jusqu'à 10 ou 15 m. Les Poiriers sauvages se rencontrent surtout dans les bois, parfois dans les terrains vagues. Les fleurs sont blanches et se montrent en avril et mai ; les fruits, suivant les formes, mûrissent d'août à octobre.
Tous ces arbres, arbustes ou arbrisseaux ont les caractères communs suivants. Les feuilles ont un pétiole aussi long qus le limbe ou égalant au moins le tiers de la longueur du limbe. Le limbe est ovale ou presque arrondi, un peu aigu au sommet ou obtus, entier ou finement denté en scie sur les bords ; il n'est pas 2 à 3 fois plus long que large. Ces feuilles sont velues et comme couvertes d'un réseau de poils filamenteux dans leur jeunesse. A l'état adulte, elles sont, en général, sans poils, d'un vert-foncé et très luisant à la face supérieure, d'un vert plus clair en dessous. Les fleurs sont groupées par 6 à 12, en corymbes simples, et sont portées par des pédoncules assez longs. Les pétales sont sans poils, et à contour elliptique ; les anthères sont d'un pourpre violet ; les styles sont complètement libres entre eux jusqu'à leur base et sont un peu poilus dans leur partie inférieure. Les fruits sont déprimés à leur partie supérieure et atténués à la base ; à l'état sauvage, ils sont acerbes.
Ce sont des arbres, arbustes ou arbrisseaux, le plus souvent à cime pyramidale, qui sont épineux à l'état sauvage, mais non épineux, en général, lorsqu'ils sont cultivés. La longévité de cette espèce est très grande ; l'arbre peut acquérir un tronc de 2 à 3 mètres de pourtour, parfois même 4 à 5 m. On a cité, dans l'Eure, un Poirier dont le tronc creux peut contenir deux personnes ; en Amérique, on connaît des Poiriers de plus de 200 ans. L'écorce est d'abord lisse et verdâtre ou rougeâtre-ponctuée ; elle devient ensuite d'un brun foncé, se couvre de gerçures, et ne tombe que par petites écailles. L'enracinement de l'arbre se produit par plusieurs racines latérales, qui s'enfoncent profondément dans le sol. (On a décrit diverses anomalies de cette espèce : rameaux fasciés, c'est-à-dire soudés entre eux dans leur longueur ; feuilles divisées en lobes ; pétales en forme de sépales ; seconde fleur produite sur l'axe de la fleur normale soit latéralement soit au sommet de l'axe de la fleur ; fleurs doubles ; intermédiaires entre les sépales, les pétales et les étamines ; fruit doublé ; plantules à 3 cotylédons ; « fruits sans fleurs », c'est-à-dire formation de faux fruits sur des branches, ces fruits ne provenant pas de carpelles, mais d'une excroissance des branches, etc.).
Noms vulgaires. En français : Poirier. En allemand : Birn, Birnbaum, Beere. En flamand : Pereboon, Peireleire, Biereboom. En italien : Pero, Peruggine. En anglais : Apple, Pear, Service, Apple-tree.
Usages et propriétés. Le Poirier sauvage est considéré comme l'origine des Poiriers cultivés : ; on a trouvé quelques débris de poires dans les cités lacustres de Suisse et d'Italie. Cultivé pour ses fruits ; il en existe d'innombrables variétés horticoles. Cet arbre est assez difficile au sujet du terrain, si l'on veut qu'il donne de bons fruits ; il lui faut un sous-sol perméable et peu de calcaire ; il prospère bien dans les terrains d'alluvion ou de remblai. Le Poirier se greffe sur le Poirier sauvage, sur Aubépine ou mieux encore sur Cognassier, Ce dernier greffage ne réussit pas avec toutes les variétés de Poiriers, aussi est-on obligé, en plusieurs cas, de faire un « surgreffage », c'est-à-dire déplacer sur le Cognassier une variété de Poirier qui s'y greffe facilement, puis de greffer sur cette variété greffée la variété désirée. Le Poirier se taille de diverses façons : en cordons, en palmettes, en espalier, en contre-espalier, en pyramide, en vase, etc. ; dans tous les cas, cette taille a pour but de faire produire à l'arbre le plus de bourgeons à fruits possible, sans nuire à sa végétation. Parmi les variétés de Poiriers, on distingue les « poires à couteau », c'est-à-dire que l'on consomme directement à l'état cru, les « poires à cuire » et les « poires à cidre ». Parmi les variétés de poires à couteau, on distingue encore : 1° les poires d'été, telles que les « Beurré Giffard », « Doyenné de juillet », « William », etc. ; 2°les poires d'automne, telles que les « Beurré gris », « Beurré Hardy » « Beurré d'Amarilis », «Louise-Bonne d'Avranches », «Duchesse d'Angoulême », etc. ; 3° les poires d'hiver, telles que : « Passe-Colmar», « Beurré d'Alembert », « Doyenné d'hiver », « Passe-Crassane », « Bon-Chrétien », etc. Parmi les poires à cuire, on peut citer les « Martin sec », « Messire-Jean », « Curé », « Catillac », etc. Les poires à cidre sont ainsi désignées parce qu'elles servent particulièrement à fabriquer le « cidre de poires » ou « poiré » ; cette boisson fermentée, lorsqu'elle est claire et limpide, ressemble beaucoup au vin blanc et est employée par les falsificateurs qui la mêlent à divers crus. Le poiré se conserve moins longtemps que le cidre de pommes, tourne facilement à l'aigre en présence de l'air, cause souvent des maux d'estomac, lorsqu'on en fait sa boisson habituelle. Les poires ne se consomment pas seulement à l'état frais ; on prépare des poires séchées et des « poires tapées », lesquelles peuvent être conservées longtemps dans un endroit sec ; on confectionne aussi, avec les poires, des confitures, des marmelades et des compotes. Les fleurs sont mellifères dans une certaine mesure ; mais, souvent, les abeilles ne visitent les fleurs des Poiriers que pour y récolter du pollen. Le bois du Poirier est d'un brun-rougeâtre, très homogène, très compact, pouvant être découpé en tout sens et susceptible d'acquérir un beau poli ; il est recherché pour la gravure, la sculpture, l'ébénisterie, la fabrication des équerres, règles, etc. : mais il résiste assez mal aux alternances de sécheresse et d'humidité. C'est un excellent bois de chauffage, et il fournit du charbon de bois de très bonne qualité, L'écorce, tonique et astringente, a été employée comme fébrifuge. Les fruits renferment 6 à 13 pour 100 de sucres, surtout du lévulose, du dextrose et un peu de saccharose. Ils contiennent aussi de l'acide citrique, un peu d'acide malique, des matières pectiques de la pentosane et de la sorbite. Les graines contiennent de l'amygdaline et une huile grasse.
Distribution. Ne s'élève guère à plus de 1.600 m. d'altitude sur les diverses montagnes. France : çà et là, assez commun à l'état sauvage, sauf dans la Région méditerranéenne ; cultivé presque partout. Suisse : commun à l'état sauvage ; cultivé. Belgique : assez rare, à l'état sauvage dans les Régions jurassique, de l'Ardenne, et très rare dans les Régions hesbayenne et campinienne ; cultivé.
Europe : Toute l'Europe, sauf dans les contrées septentrionales. Hors d'Europe : Ouest de l'Asie ; cultivé dans les contrées tempérées ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.
On a subdivisé cette espèce en 2 races qui comprennent environ 20 variétés trouvées à l'état sauvage, sans compter les très nombreuses variétés horticoles. Les 2 races et la variété la plus intéressante sont les suivantes :
P. piraster Bor (P. Piraster).
Feuilles devenant sans poils lorsqu'elles sont complètement adultes ; pédoncules devenant presque sans poils ; bourgeons sans poils ; fruits relativement très petits et, le plus souvent, arrondis à la base. (Çà et là).
P. piraster variété Desvauxii Rouy et Camus (de Desvaux). Synonyme : Pirus cordata Desv.
Arbuste ou arbrisseau ; fruits globuleux, à peine charnus, de moins de 2 cm. de diamètre ; feuilles pour la plupart ovales-arrondies et en cœur renversé à leur base (Terrains vagues, dans l'Ouest de la France).
P. achras Bor. (P. Achras).
Feuilles ayant encore des poils lorsqu'elles sont adultes ; pédoncules restant, toujours plus ou moins velus ; bourgeons à écailles extérieures portant des poils : fruit globuleux ou en forme de toupie. (Çà et là).