Les plantes que l'on peut réunir sous ce nom ont des tiges fleuries de 8 à 30 cm., atteignant parfois jusqu'à 50 cm. Le type principal est très répandu dans les bois, les haies, les buissons et sur les coteaux, dans toute l'étendue de notre Flore. Les fleurs blanches, très rarement jaunâtres ou un peu teintées de rose, s'épanouissent d'avril en juin ou même en juillet, et reparaissent parfois en automne.
Toutes ces plantes ont les caractères communs suivants. Les feuilles dn la base, portées sur de longs pétioles, ont un limbe divisé complètement ou presque complètement en 3 folioles, dentées presque tout autour, à dent terminale plus courte que les autres, plus ou moins poilues-blanchâtres ou poilues-soyeuses en dessous, restant souvent un peu plissées dans le sens des nervures secondaires. L'ensemble du fruit formé par le réceptacle charnu de couleur rouge, rougeâtre, plus rarement blanchâtre, est de forme ovoïde, globuleux ou conique, et se détache tout entier à la maturité.
Ce sont des plantes vivaces, Les rameaux, nombreux et ordinairement allongés et rampants, retombent vers le haut et se terminent par une tige florifère ; à la base de cette tige, se trouve un petit bourgeon de remplacement qui fournira l'inflorescence de la saison suivante ; d'autres bourgeons produisent des tiges rampantes dites « coulants du Fraisier » ; ces tiges sont allongées sans feuilles ou portant seulement une petite feuille ou quelques écailles çà et là, produisant des racines adventives, au voisinage des feuilles. La plante, par ces divisions nombreuses, se propage et se multiplie, de telle sorte que, parfois, un grand nombre de plants de Fraisiers dont l'ensemble occupe une assez vaste surface, peuvent être tous originaires d'une seule graine initiale. (On a décrit de nombreuses anomalies de cette espèce : fasciation des tiges, c'est-à-dire tiges soudées ensemble dans leur longueur ; verdissement des fleurs ; sépales transformés en feuilles tandis que les divisions du calicule forment alors les stipules de ces feuilles ; réduction du nombre des carpelles ; petites fleurs naissant à l'aisselle des sépales ; fleurs soudées entre elles ; étamines transformées en pétales ; feuilles à 5 folioles au lieu de 3 ; fleurs à 4 sépales et 4 pétales ou à 6 sépales et 6 pétales ; fleurs de deux sortes, les unes staminées, les autres pistillées, etc.).
Le type principal se reconnaît au calicule et au calice qui sont très étalés ou renversés à la maturité, au réceptacle charnu qui est élargi à la partie inférieure et porte des carpelles jusqu'à sa base, aux pédoncules couverts de poils appliqués, aux folioles sans pétioles secondaires (sauf parfois la foliole terminale).
Noms vulgaires. En français : Fraisier, Fraisier-des-bois, Caperon. En allemand : Walderdbeere, Erdbeere, Knackbeere, Alpenbeere, Bresling. En flamand : Aardbezie, Maandbloeier, Boschaardbezie, Boschfraise, Frezeplant. En italien : Fragola, Fragola-salvatica, Fragola-di-montagna, Fragola-briciolina, Fra-gola-moraiola, Bondi. En anglais : Strawberry, Sheep-nose, Freiser.
Usages et propriétés. Les fruits, consommés frais, ont un parfum délicat et un excellent goût ; on en fait des confitures et ils sont usités en confiserie pour la fabrication de bonbons, pastilles, liqueurs, sorbets, glaces ; on les emploie aussi, pour préparer une boisson alcoolique. Les fleurs produisent du nectar, mais ce liquide sucré n'est pas souvent recueilli par les abeilles. Ce n'est guère que du XVIe siècle que date l'introduction des Fraisiers dans les jardins. On distingue parmi les nombreuses variétés de Fraisiers cultivés : les « Fraisiers-types » et les « Fraisiers-hybrides ». Les premières sont dérivées du Fraisier des bois, parmi lesquelles il faut citer la variété « semperflorens » ou « Fraisier-des-4-saisons » qui fleurit depuis le printemps jusqu'au milieu de l'automne, et qui a été introduite dans les cultures, en 1754, de plants provenant du Mont-Cenis. La variété « monophylla » obtenue brusquement dans les cultures, en 1761, à Versailles par Duchesne, est remarquable par ses feuilles réduites à une seule foliole. Les « Fraisiers hybrides » à gros fruits dépendent d'espèces américaines. L'une des variétés de Fraisiers cultivés à gros fruit les plus estimées est la variété « Héricart de Thury », vulgairement « Ricard ». On cultive à la fois comme ornementale et pour ses fruits comestibles la sous-espèce Fragaria elatior ou « Fraisier-Caperon » qui présente plusieurs variétés. On cultive quelquefois la sous-espèce Fragaria collina ou « Fraisier étoilé » pour ses fruits comestibles ou comme plante ornementale.
Les fraises sont apéritives, diurétiques et astringentes ; on les a employées contre la gravelle et contre la goutte (cure de fraises). Les racines et les feuilles sont astringentes ; bouillies dans l'eau, elles donnent une boisson diurétique. Les feuilles servent quelquefois, dans les campagnes, à préparer une sorte de thé. Les fruits renferment 3 à 4,5 pour cent de sucres, 1,33 à 1,65 d'acides libres, 87 à 88 d'eau, et donnent 0,6 à 0,7 de cendres. Ils renferment du saccharose, du dextrose et du lévulose, des pentosanes, des matières pectiques, de l'acide malique, de l'acide citrique et de l'acide salicylique ; on y trouve en outre une huile grasse. La racine contient des glucosides caractéristiques : fragarine et fragarianine.
Distribution. Ne s'élève pas ordinairement à plus de 1.600 m. d'altitude sur les montagnes ; cependant monte jusqu'à 1.950 m. sur la chaîne du Mont-Blanc ; a pu être cultivé à 2.400 m. d'altitude, et alors ses feuilles deviennent plus petites, plus épaisses et plus velues (G. Bonnier). France : commun presque partout ; mais rare dans la Région méditerranéenne. Alsace-Lorraine : commun. Suisse : commun ou assez commun ; rare dans les polders.
Europe : Toute l'Europe. Hors d'Europe : Asie, Nord de l'Afrique ; Amérique du Nord ; Amérique du Sud.
On a décrit 2 sous-espèces et 4 variétés de cette espèce, sans compter les nombreuses variétés horticoles. On a décrit aussi 2 hybrides, l'un entre le type principal et la sous-espèce F. elatior, l'autre entre le type principal et la sous-espèce F. collina. Les 2 sous-espèces et les variétés les plus intéressantes sont les suivantes :
Variété roseiflora Rouy et Camus (à fleurs rosées).
Fleurs rosées ; fruits globuleux, un peu concaves vers le haut. (Rare : çà et là, en France ; Alsace).
F. elatior Ehrh. (F. élevé).
Calicule et calice étalés ou renversés à la maturité ; réceptacle charnu, rétréci dans sa partie inférieure ; et dépourvu de carpelles vers sa base ; pédoncules couverts de poils étalés ; folioles ayant toutes trois un pétiole secondaire. (Nord-Ouest, Nord et Est de la France ; rare dans le Centre de la France ; Alsace-Lorraine ; Suisse ; rare en Belgique. Cultivé).
F. collina Ehrh. (F. des collines).
Calicule et calice appliqués sur le réceptacle mûr qui est rétréci à sa partie inférieure et dépourvu de carpelles vers sa base ; pédoncules très grêles, couverts de poils appliqués ou très rarement étalés ; folioles à pétioles secondaires peu dépeloppés sauf parfois la foliole terminale qui est alors portée sur un pétiole secondaire assez allongé. (Préfère les terrains calcaires ; çà et là dans presque toute la France, sauf dans la Région méditerranéenne ; Alsace-Lorraine ; Suisse ; Belgique dans la Région houillère où il est assez rare. Cultivé).
Variété Hagenbachiana F. Schultz (d'Hagenbach).
Folioles portées sur des pétioles secondaires plus ou moins longs qui ont de 4 à 9 mm. de longueur, le pétiole de la foliole terminale pouvant atteindre assez souvent jusqu'à 12 et même 15 mm. ; réceptacle mûr assez adhérent au calice ; les rameaux rampants séparant deux touffes enracinées portent ordinairement une petite feuille réduite à une écaille. (Çà et là dans le Centre de la France, les environs de Paris, l'Est de la France ; Alsace-Lorraine ; Suisse).
Variété cerino-alba Rouy et Camus (blanc-jaunâtre).
Pétales d'un blanc jaunâtre ; fruit arrondi, concave vers le haut ; réceptacle mûr se détachant assez facilement du calice ; la plupart des rameaux rampants ne portent pas une petite feuille réduite à une écaille (environs de Lyon).
Remarque. Le Fragaria indica Andr. est subspontané aux environs de Poschiavo (Tessin) et se trouve quelquefois aux alentours des jardins. On le reconnaît à ses pétales jaunes, aux divisions du calicule larges et divisées en 3 à 5 dents, à son fruit non comestible. C'est une espèce d'Asie.